vendredi 20 avril 2007 par Le Front

La justice ivoirienne joue sa crédibilité Le sort du député de Tanda, Kobena Kouassi Adjoumani, poursuivi pour ?'offense au chef de l'Etat'' se joue, aujourd'hui vendredi, au tribunal de première instance d'Abidjan- Plateau. L'affaire, qui dure depuis plus d'une année, est instruite en correctionnel. Et, sauf report, le verdict sera rendu. Ce jour même.


Le procès intenté, il y a un an par Laurent Gbagbo contre l'un de ses anciens ministres, connaîtra-t-il son dénouement aujourd'hui, vendredi ? Si l'on exclut toute possibilité pour le tribunal, présidé par le juge Allou, de siéger pour diverses raisons, il ne fait point de doute que les deux parties au conflit soient situées sur leur sort.
D'un côté, il y a Laurent Gbagbo le plaignant, qui, il y a seulement deux audiences, avait fait dire par ses avocats qu'il se ?'constituait partie civile''. En cas de culpabilité de l'honorable Adjoumani, avait précisé la défense du chef de l'Etat, ?'Adjoumani devra payer la somme de 1 Fcfa symbolique''. En somme, pour l'honneur de Laurent Gbagbo et, surtout pour donner la leçon au député de Tanda, auteur de propos jugés ?'offensants'' au président de la République.
De l'autre côté, le député de Tanda, dont l'immunité n'a pas été levée par l'Assemblée nationale. Il comparaît pour délit d'offense au chef de l'Etat''. Mais, comme l'a souligné avec ironie un avocat du président de la République, ?'A moins que le ciel ne nous tombe dessus, Adjoumani n'échappera pas à la condamnation. Déjà, à la 15è audience, le parquet avait requis une peine de prison ?'de 3 mois avec sursis, assortie d'une amende de 1 million de Fcfa''. Mais depuis lors, beaucoup d'eau a coulé sous le pont. Entre deux audiences, les collègues de l'infortuné député ont tenté d'activer leurs réseaux pour obtenir du bureau de l'Assemblée une prise de position en faveur d'Adjoumani. Au nom du devoir de solidarité. Après deux réunions infructueuses, les élus du Pdci qui faisaient une sorte de

Un élu dans le box

lobbying, ont dû renoncer. De fait, le président de l'Assemblée nationale, le Pr. Koulibaly Mamadou, répondant à une requête des élus Pdci, avait ruiné les espoirs de ceux-ci.
Non seulement votre démarche est maladroite, avait-il en substance répondu ; encore, tranchait-il vous ne vous en tirerez pas à bon compte sur le dos de l'assemblée .
Au mieux, le Pr. Koulibaly, sentant le Pdci sur la défensive, conseillait la voie de la négociation pour ?'suspendre le procès et non l'éteindre''.
Fatalistes, les élus du Pdci ont depuis remis le sort de leur collègue dans les mains de Dieu.
Aujourd'hui, vendredi donc, se joue le destin d'un député de la nation qui, s'il était condamné, verrait son casier judiciaire sali. Pour les partisans du chef de l'Etat, ce serait alors un adversaire politique de moins. En effet, à Tanda, sa région, Adjoumani dispute l'électorat avec un certain nombre de cadres du Fpi, la formation politique de Laurent Gbagbo.
Pour les partisans du député Adjoumani, ce mobile est, seul, suffisant pour donner à cette affaire toute la connotation de ?'procès politique''.
Entre les deux positions, il y a la justice ivoirienne qui joue, pour sûr, une fois encore, sa crédibilité.
Premier paradoxe : l'affaire est jugée par un tribunal de droit commun. Or, dans le box, il y a un élu du peuple.
Deuxième paradoxe : le tribunal, jusqu'à hier, n'avait pas formulé de requête en direction du bureau de l'Assemblée nationale aux fins d'obtenir la levée de l'immunité de l'élu. Toute chose qui, aux yeux de certains, atteste de la connivence du judiciaire et du législatif dans cette affaire. Ou, tout le moins, de l'assujettissement de l'un à l'autre. Ce qui est une entorse au principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs en démocratie.
Le juge Allou, créera-t-il la surprise en acquittant le prévenu ?



D. S

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