mercredi 23 mai 2007 par Nord-Sud

Le président Bédié a lancé samedi à Daoukro, son village natal, une offensive politique qui risque de faire mouche. Présidentielle, candidature unique, N'Zuéba râtisse large.


Daoukro n'a pas été un rendez-vous fortuit, du saupoudrage pour amuser une galerie politique.

La dernière rencontre du Pdci dans cette ville a été pour le président de ce parti un coup médiatique et politique fort, capable de réorienter la lutte des héritiers d'Houphouët Boigny. Henri Konan Bédié a décidé d'occuper le terrain et d'attaquer sabre au clair. Vice-présidents, délégués départementaux, communaux, députés, maires, présidents de conseils généraux étaient samedi dans l'ancienne boucle du Cacao pour réaffirmer le leadership du président Henri Konan Bédié et lui témoigner leur soutien sans faille à la conquête du pouvoir. Ce conclave avec les instances du vieux parti, au-delà du symbole de vitalité qu'il représente, a servi à passer deux messages forts:

la position de Bédié sur la candidature unique et son ancrage au sein du Parti démocratique de Côte d'Ivoire. Dans le viseur de cet ancien de la Feanf (Fédération des étudiants d'Afrique noire en France) la présidentielle.




Membre du Rhdp, le Pdci sait que toute alliance est par nature une compétition ouverte. Parmi les candidats potentiels de la course au pouvoir, figure le porte-drapeau du Rdr, lui aussi membre de ce regroupement politique. En effet, Alassane Ouattara représente un adversaire sérieux qu'il faudra vaincre en famille avant de se lancer pour la compétition nationale, plus impitoyable. Mais comment se positionner face à trois concurrents tout aussi ambitieux et aussi bien préparés que Ouattara, Anaky et Mabri ?

A Daoukro, Bédié a concocté un plan d'attaque cohérent et subtil. Il a rejeté l'idée d'une candidature unique au sein du Rhdp tout en admettant que beaucoup de militants pensent que ce serait une solution qui faciliterait la victoire de notre groupe. Pourtant avant ce conclave, à moult occasions, il a montré sa préférence pour la candidature unique. Sans doute, le Pdci croyait-il que cette idée généreuse prospérerait et, qu'en définitive, Bédié serait ce candidat unique. Mais si le débat a eu lieu au sein des partis ( Anaky Kobena du Mfa y est très favorable), le Rhdp n'en a pas fait l'une des pierres angulaires de sa stratégie de conquête du palais du Plateau. Cette question a été étouffée par les ambitions personnelles. En rejetant au grand jour la candidature unique, il devance les autres héritiers du père fondateur qui ont joué cette note de façon prudente. La position officielle du Rdr a toujours été nuancée, attendant le moment venu pour en débattre. Leur gêne est un atout pour Bédié qui semble leur dire : Je suis candidat. Si vous voulez de la candidature unique, ce sera moi ou rien.

A 73 ans, l'ancien chef de l'Etat, doyen d'âge du quatuor du Rhdp, ne laisse aucun choix à ses adversaires que d'entériner sa candidature au cas où les houphouétistes décidaient de se choisir un seul champion face à Laurent Gbagbo. La déclaration de Bédié fait donc peser une hypothèque sur ce dossier dont il faut craindre qu'il soit mis aux oubliettes au profit des candidatures multiples.

Au sein du Pdci, il affûte ses armes. Le président Bédié parachève sa mainmise sur l'appareil et ses hommes. Le Pdci n'a qu'un candidat (pour la présidentielle) et c'est ma modeste personne, lâche t-il en marge de cette rencontre à Daoukro. Le message aux ténias, aux responsables en marge de la discipline du parti est clair. L'allusion percute la ligne de front tenue par Charles Konan Banny. Après son passage à la primature, l'ancien chef du gouvernement a décidé de faire de la politique. Sympathisant du Pdci, il pourrait chasser sur les terres de Bédié malgré le rapprochement intervenu lors des derniers mois de sa gouvernance. Le président du Pdci, outre les rénovateurs, est titillé par le Pdci - Nouvelle vision dont le mentor serait un certain Emile Constant Bombet. L'ancien ministre de l'Intérieur, en rupture de ban avec la direction, est soupçonné de vouloir tenter une Opa sur le Pdci après le rejet de sa candidature à la présidentielle de 2000.




Assoumane Bamba

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