Du 5 au 13 juillet prochain aura lieu au palais de la culture à Treichville l'hommage à titre costume d'Amédée Pierre, le Dopé national. Cette initiative de Awalet arts et culture dirigée par Mme Hortense Zagbayou épouse Békouan vise à sauvegarder et à promouvoir le patrimoine culturel. La cérémonie est placée sous le haut patronage du chef de l'Etat Laurent Gbagbo, sous le parrainage de Laurent Dona Fologo et sous la présidence de Zadi Zaourou. L'artiste c'est celui dont les ?uvres traversent le temps et l'espace et représentent un pont entre le passé et le présent, et qui permettent à l'homme d'engager l'avenir avec lucidité. Vu sous cet angle, Amédée Pierre est un artiste. Ah ! Ce noble mot a perdu de sa valeur. Par la faute des medias ivoiriens qui croient que le terme artiste serait synonyme de musicien ou plus précisément de chanteur. Alors dans ce cas de figure, dire que Amédée Pierre est artiste c'est le comparer aux DJ et bien d'autres chanteurs médiocres fabriqués dans les studios d'enregistrement qui servent aux mélomanes de la cacophonie et du bruit tonitruant.
Amédée Pierre et le temps. Qui n'a pas été bercé par Missio- Missio et fredonné Soklokpeu dans les années 60 à 80 voire aujourd'hui ? Qui de cette période n'a pas connu le Désert, le bar dancing où se produisait chaque week-end l'Ivoiro Star Band d'Amédée Pierre? La musique de cet artiste a traversé le temps. C'est dans cette perspective que Awalet arts et culture de Mme Hortense Zagbayou épouse Békouan a instauré dans le cadre de son programme annuel la célébration d'une gloire, Amédée Pierre, ce monument de la culture ivoirienne considéré à juste titre comme le père de la musique moderne en Côte d'Ivoire. Selon Hortense Zagbayou, la musique ivoirienne a connu depuis ses débuts jusqu'à aujourd'hui de grands noms, tels que Séka Athanase, Mamadou Doumbia, qui ont marqué son histoire. En effet, chaque époque a vu l'émergence de musiciens, de chanteurs devenus de véritables idoles grâce à leur talent et à la force de leur travail. Mais les artistes bien qu'adulés au cours de leur carrière sont oubliés lorsqu'ils ne sont plus sous les feux des projecteurs comme s'ils n'avaient pas été les célébrités d'hier. Du refus de la théorie de la dimension posthume de la grenouille. Sauvegarder, promouvoir le patrimoine culturel par la constitution d'un fonds muséal, la recherche et la documentation, soutenir la création artistique et les métiers de création, développer et promouvoir le tourisme culturel. Tels sont, entre autres, les objectifs de Awalet arts et culture. Qui consistent, à bien des égards, à réfuter la théorie de la dimension posthume de la grenouille. En d'autres termes, cette Ong refuse que l'on reconnaisse la valeur d'artiste à la dimension du Dopé national après sa mort. Pis, après avoir tiré sa révérence. D'où la célébration d'Amédée Pierre. Pour Mme Hortense Békouan, cet artiste n'échappe pas à cette triste réalité. En effet, retiré de la scène après avoir tout donné à la musique ivoirienne, il n'a pas toujours eu droit aux honneurs dus à son rang. Cet hommage à Amédée Pierre sert de prétexte à Awalet arts et culture de retracer la vie de l'artiste et constituer une banque de données (archives écrites, iconographiques, audiovisuelles), faire redécouvrir l'homme-artiste ; marquer une reconnaissance à sa famille ; susciter la création d'un espace dynamique de rencontre, d'échanges en vue de vulgariser les rythmes nationaux. Expositions, projections de films, conférence
Tout au long de cet hommage, il y aura une exposition, des projections de films, une conférence, des tables-rondes, des témoignages et une soirée artistique. Voici entre autres, les différents thèmes qui seront traités :
- Sur les traces de la musique ivoirienne : Amedée Pierre et les autres
- Amédée Pierre : un homme, une voix d'hier, d'aujourd'hui et de demain ;
- Poétique de la poésie d'Amédée Pierre ;
-Nos grands hommes de culture face à leur destin : quelles politiques pour les garder vivants.
Les panélistes sont Diégou, Bailly, Valen Guédé, Antoine Kacou, Séry Bailly, Dedy Séry ; Réné Baby et bien d'autres.
Ce faisant, il est à noter que Mme Hortense Békouan et son staff à travers cette célébration voudraient transmettre à la jeunesse dans son ensemble et singulièrement aux artistes de la nouvelle génération les vertus cardinales qui ont guidé la carrière et la vie du doyen de la musique ivoirienne : la persévérance, l'amour du travail bien fait, le don de soi, l'humilité et la sagesse
A souligner que Hortense Zagbayou a été de 2000 à 2006, directrice du musée des civilisations de Côte d'Ivoire, membre pendant 4 ans (2001-2005) du conseil exécutif du centre international d'études pour la conservation et la restauration des bien culturels, institution spécialisée de l'Unesco dont le siège est à Rome. Donc c'est une dame du métier qui veut rendre hommage à un homme du métier.
Auguste Gnaléhi