vendredi 20 juillet 2007 par Nord-Sud

Dans la perspective des futures élections législatives, le chef de l'Etat a concocté une réforme de l'Assemblée nationale censée lui donner les pouvoirs nécessaires pour gouverner sans prendre le risque d'une cohabitation.


L'information est de taille. Laurent Gbagbo travaille activement sur son prochain défi : l'institution d'un Parlement de 300 membres. Plusieurs équipes y ont travaillé pendant de longs mois et le résultat est aujourd'hui validé par le chef de l'Etat lui-même. Le Parlement ivoirien baptisé, l'Assemblée nationale, comptera 75 membres supplémentaires lors de la prochaine législature, la onzième depuis l'Indépendance. En prélude à ce re-dimensionnement du pouvoir législatif ivoirien, un vaste mouvement de redécoupage administratif a été opéré, pas à pas depuis ces trois dernières années. De nouvelles sous-préfectures et de nouvelles communes ont été créées, souvent de toutes pièces, pour être à la longue, transformées en postes électifs. Ainsi, au total, 520 nouvelles communes et 80 nouvelles sous-préfectures ont été créées depuis 2005. Avec un tel mouvement, l'on comprendrait aisément que ces nouvelles entités territoriales aient, elles aussi, leur mot à dire dans la marche des affaires du pays. D'où la nécessité de leur représentation à l'Assemblée nationale. Le deuxième argument trouvé pour justifier la montée en puissance de la population parlementaire, est d'ordre démographique. La Côte d'Ivoire a aujourd'hui près de 20 millions d'habitants. L'actuel Parlement de 225 députés a été, selon eux, formaté pour un pays de 15 millions d'habitants. D'où la nécessité de le reformater pour une population de 20 millions d'habitants.

Le raisonnement est court, soutiennent plusieurs personnes que nous avons interrogées. D'abord, l'actuel Parlement de 225 membres, conçu par Bédié, n'a été installé qu'en 2000 et son mandat a pris fin en 2005. En l'espace de cinq petites années, on veut le gonfler à plus de 20%. Ce qui ne s'est jamais vu. A titre d'exemple, l'Assemblée nationale de 175 membres a gardé ce format pendant environ 20 ans.

Et les raisons politiques profondes, selon nos sources, tiennent au fait que Gbagbo, qui se situe dans une logique de victoire certaine à la présidentielle de 2008, sait qu'il lui sera difficile d'avoir une majorité parlementaire suffisante pour gouverner. Il veut donc créer des postes supplémentaires pour lui-même et ses alliés politiques. Son objectif minimum, c'est de garder le nombre actuel de députés que compte le Groupe parlementaire Fpi et de l'accroître d'au moins 50 députés supplémentaires. Ces 50 députés supplémentaires seront fournis par le découpage actuel. Laurent Gbagbo, qui n'envisage même pas une défaite à la prochaine présidentielle, se prépare déjà à consolider son futur pouvoir en, taillant un Parlement à sa botte.




Touré Moussa

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023