mercredi 22 août 2007 par Le Patriote

Alors que la guerre battait son plein, ils se sont donnés corps et âme pour défendre le régime Gbagbo. Aujourd'hui, ils sont laissés pour compte. Ceux pour qui ils sont battus décident de leur livrer la guerre. Eux, ce sont les combattants de la milice FS-LIMA. Ces derniers, par la voix de leur porte-parole, affirment ne pas se laisser faire. Entretien.

Le Patriote : pouvez vous, vous présentez à nos lecteurs ?
Mondé Apollinaire : Je suis mondé Apollinaire dit Ahmed, actuel chef d'état major de la FS LIMA. Nous avons combattus dans plusieurs villes de l'ouest à savoir Blolequin, Toulépleu, BloJ'ai à côté de moi l'un de mes éléments en la personne de Tehi Roméo.

LP : Comment avez-vous regagné le front ?
MA : A début de la guerre, pour la plupart des éléments, nous étions à Abidjan. Moi par exemple je travaillais quelque part en Zone 4. Quand la guerre s'est déplacé à l'ouest et que nos populations ont commencé à fuir nos régions, certains de nos cadres nous ont fait appel. C'est ainsi Koula Paul Richard, qui était le chargé des affaires militaires, nous avait fait de très belles promesses. Chacune de nos familles restées à Abidjan devrait recevoir cinquante mille (50000) et nous qui allions sur le terrain six mille (6000) par jour. C'est ainsi que nous avons quitté Abidjan le 6 février 2003 à bord de 4 cars de la compagnie MTT. Nous avons passé la nuit à Yamoussoukro. Où nous avons été stoppés par Mangou, alors Com-théâtre. Et grâce à l'intervention du Général Mathias Doué par téléphone que nous avons continué le chemin le lendemain. Quatre libériens nous servaient de convoyeurs.

LP : Combien étiez-vous dans ce voyage ?
MA : Nous étions 400 éléments. Tous des jeunes guérés de Toulepleu. Une ville qui était aux mains des rebelles. Nous, jeunes de cette ville, avons donc décidé d'aller la libérer.

LP : Aujourd'hui, vous êtes censés être désarmés ?
MA : C'est ce qui devrait être. Mais dans la réalité, il n'en est rien.

LP : Est-ce à dire vous n'avez pas participé au bûcher qui s'est tenu à Guiglo?
MA : Certaines personnes y sont allées. Parmi eux, notre ancien chef, Grou Roch. Mais d'abord, à Toulepleu, nous avons reçu la visite des conseillers du chef de l'Etat, Voho Sahi et Kadet Bertin. Ils nous ont encouragé à y participer, en nous proposant de l'argent. Après le bûcher, sur les 500 millions que le chef de l'Etat a donné à l'ensemble des miliciens, nous au niveau de la FS-LIMA, nous n'avons reçu que 30 millions. Sur cette somme, notre chef a gardé la somme de 10 millions. Individuellement, certains d'entre nous n'ont rien eu. Quant à d'autres, ils se sont retrouvés avec 2.500 ou pire avec 400 F CFA. C'était vraiment ridicule.

LP : Concrètement, êtes-vous toujours armés ?
MA : Bien sûr. Moi qui vous parle, ainsi d'autres éléments, avons encore nos armes.

LP : De quelles armes et moyens disposés vous ?
MA : Nous disposons de kalachnikovs, ainsi que d'autres armes de guerre et plusieurs munitions. Et je tiens à préciser que nous sommes 2256 éléments contrairement au 200 que déclare M. Kadet Bertin.

LP : Justement comment vous vous êtes procurés ces armes ?
MA : En route pour Toulépleu, nous avons fait une semaine de formation à Guiglo. Ce n'est qu'une fois sur les lieux que nous les hommes du colonel Yedess, nous ont fourni les armes avec lesquelles nous avons combattus et qui sont présentement à notre position.

LP : Que reprochez vous exactement au pouvoir ?
MA je vous disais qu'on nous avait fait toutes sortes de promesse financières et même matérielles. Aujourd'hui aucune d'elles n'a été respectée. Même les engagements pris en présence du Président de la cour suprême, ne sont pas respectés. Le ministre de la défense Amani N'Guessan m'a reçu chez lui à 23 heures. C'était dans le mois de juillet 2007. Il a même pris mon numéro en me promettant d m'appeler. Et depuis plus rien. C'est ainsi que je suis allé à la Présidence pour essayer de rencontrer directement le Président de la République. Là bas, on m'a orienté vers M Allou Eugène, ce dernier, comme les autres banalise notre problème. C'est aujourd'hui que nous comprenons que tout ce que nous disions depuis le début n'était que mensonge. Le seul qui nous a exprimé sa bonne foi était le Colonel Yedess. C'est lui qui voulait vraiment nous aider étant à Toulepleu. Mais des gens, tapis dans l'ombre,
.ont tout fait pour qu'il parte. Ces gens, ce sont les collaborateurs du Président. Et nous sommes déçus d'eux, y compris le Président Gbagbo lui-même, car nous savons qu'il n'est pas étranger à ce qui nous arrive.

LP : Si votre situation n'est pas réglée, qu'allez vous faire ?
MA Tout compte fait, que se soit Kadet Bertin ou un autre, il faut dire qu'ils n'ont jamais été des hommes de confiance devant nous. Ils nous font des promesses qu'ils ne tiennent pas. Pour revenir à votre question, disons tout simplement que nous avons encore nos armes. C'est vrai que nous ne les avons pas achetées ces armes, car elles nous ont été données par l'Etat major des FANCI, mais nous les disposons toujours. Pour les rendre, il faudra qu'on nous paie notre filet de sécurité. Alors si on ne fait rien, c'est nous qui allons faire quelque chose. Mais que les cadres de Toulépleu sachent qu'à partir de là, ils ne pourront plus mettre les pieds dans cette ville.

LP : Et si le pouvoir décidait de vous désarmez par la force ?
MA : Qu'il essaie et on verra. Kadet Bertin nous menace très souvent avec ce genre de propos. Mais qu'il se détrompe, parce que s'il essaie, c'est sûr que les armes vont tonner à nouveau. Et d'ailleurs, si rien n'est fait dans les jours à venir, nous passons à l'offensive.


Réalisée par Diawara Samou et Thiery Latt (Stagiaire)

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023