samedi 8 septembre 2007 par Fraternité Matin

Chu de Treichville, il est 16 heures ce vendredi 7 septembre. Au service des urgences, des infirmiers se tournent les pouces à l'entrée. A leurs côtés, des parents de malades attendent anxieusement sur des bancs. Sur leur visage, la consternation. Au bureau de l'interne, il n'y a personne. E.K.A, infirmier stagiaire affirme que le service minimum est assuré par un interne et quelques infirmiers. Mais ces derniers travaillent difficilement car ils sont constamment menacés par certains médecins grévistes. Mais, lorsque le responsable du service des urgences est présent, nous ne rencontrons aucune difficulté , avoue-t-il.
A l'intérieur des urgences, quatre patients sont internés. L'un d'eux, Franck Patrick, hospitalisé depuis le mardi dernier est agonisant. Il souffre d'encombrement nasal et de tuberculose, au dire de E.K.A. Sa mère, dame Djiré Akissi Louise, est en larmes. Elle n'a pas de moyens pour acheter les médicaments prescrits par l'interne. N'ayant pas le choix, elle était obligée de s'endetter pour que son enfant puisse recevoir les premiers soins. Révoltée, le c?ur meurtri, Dame Djiré ne sait plus à quel saint se vouer. Selon elle, des médecins lui ont fait comprendre, hier, que Franck doit quitter l'hôpital car ils sont en grève. Comme il fallait s'y attendre, la pauvre dame s'est opposée à cette décision. Où aller alors que je n'ai plus de moyens pour le soigner ? , s'interroge-t-elle. Elle ne doit son salut qu'aux infirmiers qui ont pris sa défense permettant ainsi à son fils de rester.
Selon un jeune homme rencontré sur les lieux, il n'y pas de nouvelle admission et la plupart des malades sont refoulés par les médecins. En médecine générale, le constat est le même. Dans les couloirs habituellement bondés de parents et de malades venus en consultation, règne un calme de cimetière. Seuls les patients admis avant le déclenchement de la grève et quelques accompagnateurs sont présents. Comme aux urgences, ils sont suivis par les infirmiers et un interne. Aux environs de 17 heures, une femme internée depuis un mois, décède. Des cris et des pleurs des parents fusent de partout. Le corps est aussitôt évacué vers la morgue. Au Chu de Cocody et de Yopougon, c'est la même désolation. Il n'y a pas de nouvelle admission. Les efforts fournis par les infirmiers ne représentent qu'une goutte d'eau dans la mer. A la morgue, aucune information ne filtre sur le nombre de décès enregistré depuis le début du débrayage. Mais, l'un des employés laisse entendre que ce nombre est en baisse ces jours-ci parce que les malades sont refoulés dans les hôpitaux. Certains de nos parents dont les malades décèdent à domicile ne jugent pas utile d'évacuer leur corps à la morgue , explique-t-il. Tanoh, infirmier en médecine générale, souhaite que le problème des médecins soit résolu afin que la situation n'empire. Ceux qui assurent le service minimum étant en nombre réduit, la fatigue ne tardera pas à se faire sentir. En outre, une autre grève des agents de santé (infirmiers, sages-femmes, aides soignants, filles et garçons de salles) pointe à l'horizon le mardi prochain, prévient-il. La grève entamée mardi dernier par les cadres supérieurs de la santé fait suite à une décision de justice nommant un administrateur provisoire à la tête de leur syndicat (Synacass-ci). Le syndicat est confronté depuis quelques mois à un problème de leadership opposant Amichia Magloire, son secrétaire général, et Adama Sanogo qui revendique le même poste.
Nimatoulaye Ba Situation préoccupante à l'intérieur
Alépé: L'appel du ministre Allah Kouadio Rémi de la Santé et de l'Hygiène publique invitant les médecins grévistes à la reprise du travail n'a pas été entendu à Alépé. Ce vendredi, à 8h 45, tous les bureaux étaient fermés. Aucune silhouette de médecin n'était visible dans l'enceinte de l'hôpital général. Même le service minimum souhaité par le ministre n'a pas été assuré. Pour Mme Tan Nathalie, la directrice, la situation est préoccupante. Elle pourrait s'aggraver la semaine prochaine avec l'entrée en grève des infirmiers qui viennent aussi de déposer un préavis dans ce sens. Dimbokro: Depuis mercredi, le centre hospitalier régional de Dimbokro fonctionne difficilement. Les malades ne savent à quel saint se vouer. Le service est assuré par les sages-femmes, les infirmières et filles de salle, dans la limite de leurs compétences. " Nous, nous continuons de travailler. Mais si des situations difficiles advenaient et qu'elles dépassaient nos compétences, qu'allons-nous faire ? ", s'interroge un agent de santé, embarrassé. Les fonctionnaires bénéficiant des prestations de la MUGEFCI, sont déjà éprouvés, car ne pouvant obtenir les bons. Face à tous ces désagréments, les cliniques et autres infirmeries privées sont prises d'assaut par les malades qui en ont les moyens.
E. Zouhoman

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