mardi 20 novembre 2007 par Nord-Sud

Malgré les appels des gouvernants qui demandent aux Ivoiriens de garder le calme et la discipline lors des audiences foraines et du processus du retour à la paix, nombreux sont encore ceux qui se prennent pour des justiciers de l'ivoirité .

Les audiences foraines ont connu dimanche à Suibiakro leur premier incident. Sous le prétexte que des rédacteurs remplissaient trop de requêtes de ses frères Dioulas , M. Kouamé Konan Edouard, le premier vice-président du comité local de supervision de l'identification a déchiré les documents d'un requérant d'origine burkinabé.

Débutées à Yamoussoukro le 11 novembre, les audiences foraines censées délivrer des jugements supplétifs tenant lieu d'acte de naissance à ceux, âgés d'au moins 13 ans, nés en Côte d'Ivoire et n'ayant jamais été déclarés à l'état civil se sont jusqu'alors déroulées dans une bonne ambiance. Ainsi, Mme Zunon, la présidente et son équipe ont travaillé à la satisfaction des observateurs : les partis politiques, les Ong et les responsables de la division électorale de l'Onuci. Après les villages communaux et les quartiers de la capitale politique, le tribunal itinérant a attaqué ce dimanche les villages de la sous-préfecture de Yamoussoukro en commençant par Suibiakro sur l'axe Oumé.

Ce papier ne passera pas devant le juge !

Tout se déroulait dans le calme lorsque, selon un militant du Rdr présent, vers 18 heures M. Kouamé Konan Edouard arrive avec le sous-préfet, observe les rédacteurs en train de remplir les dernières requêtes. Immédiatement, il leur fait des remontrances. Je ne comprends pas que vous ne remplissiez ici uniquement que les papiers de mes frères Dioulas , se plaint le premier vice-président du Clsi. Puis, regardant dans les rangs, il s'approche d'un garçon accompagné de son père. Soré Ali, le petit, n'a que 14 ans, selon l'âge physiologique à lui attribué par le médecin de l'équipe. Son père Soré Amadé autant que sa mère sont tous les deux Burkinabé. M. Edouard Kouamé Konan lui demande les noms de ses parents avec un ton tel que l'enfant prend peur. Au père qui voulait intervenir, il déclare qu'il ne lui a rien demandé et que c'est à l'enfant de répondre. M. Sidibé Ladji, un responsable du Rdr présent intervient et demande aux requérants de ne répondre que devant la présidente du tribunal, la seule compétente à accéder à leur requête ou à la rejeter. Les deux disputent en ont failli en venir aux mains, selon notre source. La réaction de Sidibé Ladji provoque l'ire du vice-président du Clsi qui déclare : Ce papier ne passera pas devant le juge ! . Et devant tout le monde, il déchire la requête, la minute et l'expédition. Il a failli même détruire la carte d'identité consulaire burkinabé du père du requérant ! , explique Yao Kouamé Antoine, un jeune de Suibiakro.

Aux dires des différentes personnes croisées, le président du tribunal, Mme Zunon a ramené le calme et fait reprendre les documents du jeune garçon qui a fini par obtenir son extrait de naissance. Joint par téléphone, M. Kouamé Konan Edouard a déclaré à Nord-Sud : () L'incident est clos. La sagesse () ne me permet pas de parler des incompréhensions entre deux frères du Rhdp dans la presse . Cet acte incompréhensible posé par le premier vice-président du comité local de supervision de l'identification est révélatrice de la lutte à fleuret moucheté que se livrent le Pdci au Rdr dans le processus d'identification.

Des séances de rattrapage indispensables

M. Kouamé Konan Edouard qui doit son statut au sein du Clsi à la solidarité des membres du G7 ne semble pas avoir conscience de l'enjeu : il s'agit avant tout de délivrer des jugements supplétifs tenant lieu d'acte de naissance, mais pas de certificat de nationalité. L'enjeu électoral, même important, vient en second plan ici. Et c'est cette méconnaissance ou encore la politisation de cette affaire qui a semblé prévaloir au choix des sites et aux nombres de jours attribués à chaque zone. Dioulabougou supposé être le fief du Rdr avec près de 40% de l'électorat de la commune aux dernières élections n'a eu droit qu'à 6 jours. Ce qui oblige les sans papiers à suivre le tribunal partout où il siège. Selon un membre de la commission technique électorale du Rdr, il y a au moins 1.500 demandeurs insatisfaits connus, rien que dans ce quartier. Et vu que le tribunal traite en moyenne 170 requêtes par jour, il faut encore au moins 8 jours pour satisfaire tout le monde. Sans compter ceux des autres quartiers et villages. Des séances de rattrapage sont donc indispensables pour qu'à partir de ces audiences foraines, tous ceux qui sont nés sur le territoire ivoirien soient munis d'au moins un extrait d'acte de naissance pour exister légalement.

Ousmane Diallo, Correspondant régional

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