Le sport et la musique, c'est connu, sont des facteurs de rapprochement des peuples et des citoyens. Cependant, ces vecteurs sont utilisés comme des opiums, par des dictateurs et autres despotes, pour endormir les populations et les détourner des vrais problèmes et préoccupations. On a vu cela en Roumanie sous Nicolae Ceausescu, avec les gymnastes et nageuses. Plus près de nous, on l'a vu également en Guinée sous Sékou Touré. Avec les grandes soirées du Bembeya Jazz et surtout les grandes rencontres du Hafia de Conakry. Les passions qui se déchaînaient, faisaient oublier aux populations la nature du régime qui les aliénait. Plus grave, les guinéens se méprenaient sur les difficultés qui étaient les leurs. C'est assurément cet objectif que recherchent le grand chef ivoirien et son parti, en tentant d'inoculer l'opium du sport et de la musique aux Ivoiriens. Ainsi, le samedi 29 décembre dernier, sous son impulsion, des membres de la galaxie patriotique ont organisé un gala international de football, avec des anciennes et nouvelles gloires du football africain. Naturellement, Laurent Gbagbo était à cette tribune, pour en faire de la récupération politique et pour tenter de détourner l'attention de ses compatriotes sur la mauvaise gouvernance qui caractérise son pouvoir. Le lendemain, il a mis le cap sur Bassam, pour le FESTArrr de l'artiste Alpha Blondy. Une manifestation qu'il a financée à plus de trois cents millions. L'objectif n'a échappé à personne. Il visait à tromper la vigilance des Ivoiriens sur les préoccupations de l'heure. A-t-il réussi. Malheureusement non. Le spectacle annoncé de Blondy n'a pas atteint le sommet, en dépit de toute la logistique mise à sa disposition. Mis à part les jeunes dits patriotes , la majorité des Ivoiriens continuent d'être lucides. Ils n'ont pas mordu à l'appât de la diversion. Et savent que la refondation traîne beaucoup de casseroles, assez bruyantes du reste. Les scandales de la filière café cacao, l'argent du pétrole, les déchets toxiques et les faux billets ne cessent de suivre le pouvoir. De même que ceux qui essaient de lui donner une nouvelle virginité, en paient les pots cassés. Ce n'est sans doute pas Blondy qui dira le contraire.
Bakary nimaga