jeudi 24 janvier 2008 par Le Temps

Au terme de trois jours de présentation de v?ux au Président Laurent Gbagbo, au Palais de la Présidence de la République, le locataire des lieux a fait un tour d`horizon de la politique nationale et internationale avec nos confrères de la RTI. Interview !
Trois jours d`intenses activités consacrées à la traditionnelle cérémonie de présentation des v?ux. Au-delà de la solennité que revêt cette cérémonie, vous avez souvent un mot à l`endroit de nombreuses personnes que vous recevez. On a l`impression que vous semblez connaître tout le monde, Monsieur le Président ?
Je ne connais pas tout le monde. Ce n`est pas juste de le dire. Mais je connais beaucoup de personne tout de même. Vous savez qu`en Côte d`Ivoire, j`ai circulé dans beaucoup de milieux. A l`époque, quand nous étions élèves, il y avait deux grands Lycées ici. Le Lycée classique et le Lycée technique, plus d`autres centres de formations. Et quand on a fréquenté ces deux grands Lycées, on connaît forcément beaucoup de personnes. Et puis, à l`époque, il n`y avait qu`une seule Université et on connaissait également tout le monde. Et comme j`ai voyagé aussi à l`intérieur de la Côte d`Ivoire, j`ai eu aussi l`occasion de connaître beaucoup de monde.
Qu`est-ce que vous dites à ces personnes?
Ça dépend ! Il y en a qui me soumettent leur problème, il y en a qui m`avaient soumis des problèmes avant, et qui me demandent la réponse, il y en a qui me remercient pour des actes que j`ai posés à leur endroit, il y en a qui au contraire, se plaignent parce que rien n`a été fait malgré qu`ils aient posé les problèmes. Je donne à chacun une réponse pour le soulager.
Vous semblez aimer ce contact direct-là ?
Oui, c`est mon tempérament de dire un mot à chacun. Je suis comme ça.
Moments de retrouvailles, vous avez, dans les échanges avec le corps diplomatique, l`Armée et les religieux, parlé de paix, de sécurité et de respect de notre Constitution, mais surtout des élections à venir. Avant de développer ces thèmes, Monsieur le Président, il y a un fait qu`on ne peut pas ignorer. C`est l`absence d`un grand parti, du PDCI, à cette cérémonie alors que vous dites qu`on ne parle plus d`opposition dans la mesure où tout le monde se retrouve dans le même gouvernement ?
Mais, ça, ce n`est pas important. Je ne comprends pas pourquoi on invite les partis politiques à venir présenter les v?ux au chef de l`Etat. Je trouve que c`est une faiblesse à supprimer. Ce n`est pas du tout important. Un parti politique, c`est une association privée où on fait ce qu`on veut. Les présentations de v?ux au chef de l`Etat, c`est une affaire d`Etat. C`est dire que, ce sont les Institutions de l`Etat qui sont appelées à venir présenter leurs v?ux au chef de l`Etat. Pour le reste, ce sont des amusements, et puis, ce n`est pas utile. Je pense qu`on gagnerait du temps.
Demain, vous serez à Ouagadougou pour rencontrer le Facilitateur dans le cadre du CPC. De quoi allez-vous parler ?
Nous nous concertons chaque fois. Je ne peux pas vous dire l`ordre du jour exact. Mais, c`est pour faire le point des avancées qui, à mes yeux, sont grandes. On va en faire le point et partager les informations avec les responsables des plus grands partis, avec ceux qui ont déjà gouverné ce pays. C`est pourquoi, le CPC existe. Nous sacrifions à cette coutume-là parce que ça fait partie de l`Accord de Ouagadougou. Et comme il faut appliquer tous les points de l`Accord de Ouagadougou, nous l`appliquons. Dans vos différents messages, vous ne cessez d`insister sur la paix, sur la sécurité. Est-ce que pour vous, l`horizon semble plus dégagé pour que les échéances qui arrivent à grand pas se tiennent ?
Moi, je m`efforce de faire en sorte qu`on tienne ces échéances. Et je pense qu`elles seront tenues. Mais il y a des choses qu`il faut savoir. D`abord, il faut dire que l`Armée doit rester l`Armée. C`est-à-dire qu`elle doit rester le bras séculier de l`Etat pour protéger l`indépendance de la Nation. Et puis pour les autres démembrements de l`Armée comme la Gendarmerie et la police, pour assurer la sécurité interne. Donc, l`Armée dans son sens grand, a deux rôles : assurer la sécurité extérieure dans un premier temps et dans un deuxième, assurer la sécurité intérieure. Si nous faisons les choses de cette façon, c`est une bonne chose. Il faut aussi que ceux qui compétissent pour le pouvoir, comprennent que la paix, c`est aussi de reconnaître qu`on est vaincu ou de reconnaître qu`on est vainqueur. Si déjà, avant d`aller aux élections, les gens ont à l`esprit de remettre en cause les résultats, ce n`est même plus la peine d`aller à ces élections. Il faut le leur expliquer. Il faut aussi leur expliquer qu`on n`a pas à s`appuyer sur les tribus. Parce que ce sont des germes de conflagration dans les pays. Il faut expliquer aux Ivoiriens qu`il faut tourner le dos au tribalisme parce qu`il est nocif. Comment expliquez-vous le fait que malgré 5 ans de guerre, la Côte d`Ivoire paye régulièrement ses fonctionnaires ?
Nous sommes la Côte d`Ivoire. C`est-à-dire qu`il ne faut pas confondre ce pays à un autre pays. La Côte d`Ivoire a les moyens de payer les salaires de ses fonctionnaires. Elle a également les moyens pour faire fonctionner l`Etat. C`est ce que nous faisons. Et, il n`y a rien d`autre que de faire fonctionner l`Etat. C`est pourquoi, quand il y a eu la crise, le premier objectif, c`est de faire en sorte que l`Etat reste debout. Et l`Etat est resté debout. Maintenant que cela est fait, les autres sujets peuvent être débattus. Si l`Etat s`effondre tout est désorganisé. Et mon premier travail était de faire en sorte que l`Etat reste debout. Et payer le salaire fait partie de ce que l`Etat reste debout.
Gabegie, corruption, enrichissement illicite et rapide, nouveaux riches. Tels sont les bruits qui parcourent la cité. Tout le monde parle des refondateurs. Vous avez dit que vous allez mettre de l`ordre. Comment faire pour répondre à l`ensemble du peuple qui dit qu`il a faim pendant que les autres s`enrichissent ?
Ce n`est pas nouveau. Je n`ai aucun problème. Parce que je ne suis pas riche. Avant, je touchais 300 ou 400.000 FCFA. Aujourd`hui, je touche 8 milllions et demi. Donc, je me considère comme riche (rire). Je veux dire que je ne construis pas de maison, je ne fais pas des affaires. Le problème des nouveaux riches, ce n`est pas nouveau. Nous, on a vu ici des gens rouler à vélo et puis on les a vus après la proclamation de l`indépendance être riche. Nous avons vu les Jaguars débarqués ici à Abidjan. Nous avons vu les premières maisons en marbre être construites en Côte d`Ivoire. Je ne suis donc pas dérangé. Parce que je sais que c`est un phénomène cyclique. Il y a des gens qui étaient pauvres et brusquement, devant nous, ils sont devenus riches. La roue tourne. Ce n`est donc pas cela qui est important. Ceux qui en parlent, je suis prêt à en parler avec eux. Parce qu`on se connaît ici. Ce qui est important, c`est de décider de lutter contre le vol. C`est de décider de lutter contre les gens qui s`enrichissent en volant. C`est cela la leçon de morale. Sinon, qu`il y ait des nouveaux riches, ça, on le voit toujours. Vous avez dit un jour que vous n`avez qu`un seul compte bancaire logé à la Riviera Vous avez dit aussi que vous n`avez pas de biens à l`étranger. Mais quand autour de vous, on cite des noms de vos collaborateurs qui, de par leur comportement portent un coup à votre idéal et qui peuvent ternir votre image. Comment vous faites ? Est-ce que vous les mettez en garde ou vous vérifiez ?
Je vérifie toujours. Mais il y a beaucoup de racontars. A ce propos, je vais vous citer un exemple. Il y a une école à Yopougon sur laquelle c`était marqué "LKM". On est venu me réveiller pour dire que Lyda Kouassi Moïse qui avait la défense, a construit un château à Yopougon. Après vérification, je me suis rendu compte que ce n`était pas lui. C`est exactement comme quand j`étais dans l`opposition, il y a une grande maison sur le boulevard Latrille aux Deux-Plateaux qu`on attribuait à Saliou Touré. C`est mon copain. Il était certes ministre PDCI, mais je suis allé le voir. Et je me suis rendu compte également que la maison ne lui appartenait pas. Il y a donc beaucoup de mensonges dans ces choses. Il y a beaucoup de mensonge que les gens racontent exprès, mais il y aussi, des erreurs. Ceci dit, il y a des voleurs. Mais il faut les regarder, les suivre doucement et les frapper au moment où on pense qu`on peut les frapper. Je veux dire qu`il y a des gens qui volent et qu`il faut pourchasser, tout dépend de la méthode qu`utilise celui qui les pourchasse. Mais ce n`est pas tout le monde qui vole. Je vous ai cité ces deux exemples, l`un concernant un ministre PDCI, l`autre concernant un ministre FPI pour vous montrer comment on peut souiller la réputation de quelqu`un, alors qu`il est propre. Et ceux qui volent, vous en avez pris ou mis certains en garde ?
Non, mon rôle n`est pas de mettre en garde. Celui qui vole, on le met en prison. Mais dans la politique, j`ai dit une fois que, en ce moment, je suis sur la sortie de crise. Parce que les gens qui volent, ce n`est pas souvent mes compagnons. Je vois beaucoup de vols. Là-dessus, beaucoup de procès auront lieu. Mais on va doucement pour sortir de la crise et on va voir.
Les Ivoiriens ont mal à leurs poches. Tout coûte cher. Les denrées coûtent cher. Comment faire pour enrayer cette hausse vertigineuse des prix ?
Ce n`est pas dans les situations comme celles-là qu`on peut les enrayer. C`est-à-dire qu`il faut dire la vérité aux Ivoiriens. D`abord, quand il y a une guerre, toute l`économie dégringole. Il y a beaucoup de livre là-dessus. Il n`y a pas une seule guerre qui n`ait pas amené une fièvre des prix sur le marché. Nulle part. Que ce soit en Europe, en Amérique, en Asie ou en Afrique, chaque fois qu`il y a une guerre quelque part, les denrées deviennent rares, donc chers. La deuxième chose, nous avons le pétrole qui a atteint des niveaux insoupçonnables.100 dollars le baril, aujourd`hui, c`est une chance qu`avec les bourses, le prix décroît un peu. Mais le pétrole était à 3,30 dollars le baril il y a 6 ans ou 7ans. Aujourd`hui, il est à 100 dollars. Or les prix ne sont pas sur le point de s`écrouler pour plusieurs raisons : dans la première raison, c`est que dans ces pays-là, au Nord, c`est l`hiver. Et quand c`est l`hiver, ils ont besoin de beaucoup de pouls. Donc jusqu`en Mars, on ne va pas avoir une chute significative des prix. Mais ensuite, il y a des crises sur les sources de production de pétrole. La crise en Irak, la crise entre la Turquie et les Kurdes, la crise entre les Etats-Unis et l`Iran etcDonc les prix vont rester encore élevés pendant un certain temps. Il faut qu`on le sache. Donc nous, à notre niveau, nous faisons tout pour retenir le prix de s`envoler. D`ailleurs, le pétrole est passé à100 dollars le baril. Mais je n`ai pas augmenté le prix du pétrole à l`essence. Parce que, si je le faisais, les prix allaient être inattrapables. Nous faisons donc ce que nous pouvons. Il faut que les Ivoiriens comprennent que la monté des prix ne dépend pas uniquement du gouvernement de Côte d`Ivoire. Vous avez dit que la guerre affaiblit l`Etat. Dans ce pays, l`on remarque le non-respect des lois, aujourd`hui n`importe qui se lève et fait ce qu`il veut. Un fait est de dénoncer cela et un autre est d`y apporter des solutions. N`est-ce pas l`impunité qui favorise cette situation ? Et qu`allons-nous faire pour nous en sortir ?
L`impunité est une conséquence. L`impunité n`en n`est pas la cause. Pour ce qui me concerne, je n`ai pas de problème avec l`impunité. Et depuis que je suis là, on n`a jamais fait autant de procès pour tous les problèmes criminels. Il y a eu le procès du charnier de Yopougon. Il y a eu le procès de Guitrozon. Les attaques de Gohitaffla, d`Anyama et d`Agboville, il y a eu le procès de l`attaque des deux camps d`Akouédo, de Noé etcMaintenant, on prépare le procès du Probo Koala, dans le cadre des déchets toxiques. Chaque fois qu`il y a un événement, il y a un procès. Vous les journalistes, vous ne suivez que les événements, mais les procès ne vous intéressent pas. Ce qui fait que quand les gens sont condamnés, on ne fait pas autant de publicité qu`on en avait fait la publicité de l`événement lui-même. Alors, il y a beaucoup de gens qui pensent que ce qui s`était passé, n`a pas été jugé. Or, ça a été jugé. Pour tous ces faits que j`ai cités, il y a eu les procès. Les procès verbaux sont là, ils peuvent être consultés. Les condamnés sont en prison. Si vous ne recherchez pas les documents là où il faut pour les divulguer au peuple, on a l`impression qu`il y a l`impunité. Or, il n`y a pas d`impunité en Côte d`Ivoire. C`est vrai qu`il n`y pas d`impunité. Vous le dites, mais les gens attendent toujours les résultats de certaines enquêtes ?
Ce que les gens attendent, ce n`est pas l`impunité. Ils attendent les spectacles. Ils attendent à ce qu`on se transporte à Hollywood. Ils attendent qu`un matin, je dise que le Premier ministre est arrêté et condamné à 20 ans d`emprisonnement pour vol. Je ne le ferai pas. Parce que ce n`est pas mon rôle. Ceux qui font ça, c`est du théâtre qu`ils nous servent. Quand il y a quelque chose, que je saisi la justice, les gens sont déçus. Or, c`est cela qu`il faut faire si on veut créer un Etat de droit. Le chef de l`Etat n`est pas un juge. Tout ce qu`il peut faire sur un point précis, c`est de saisir la justice. Et la justice marche selon son rythme.Et les gens n`attendent pas la justice. Ils attendent le spectacle, ils attendent le théâtre, ils attendent le cinéma. Je ne ferai ni cinéma, ni spectacle, ni le théâtre. Je ferai mon travail de chef d`Etat, c`est-à-dire, j`actionnerai la justice quand j`estime qu`il faut l`actionner. Vous avez demandé au Procureur de la République d`ouvrir une enquête sur la filière café-cacao. Où en est l`enquête ?
Le Procureur est au travail. Je le reçois de temps en temps pour qu`il me fasse le point. Avant de transmettre ce dossier, il lui reste une dernière poche à fouiller. C`est sur l`usine de Fulton aux Etats-Unis. Il n`a pas encore effectué ce voyage. Sur tous les autres, il a déjà fouillé et il a son idée. Quand il va effectuer ce voyage, il viendra transmettre tous les dossiers. La justice ne marche au rythme d`un match de football où on chronomètre le temps. Il y a des procès qui durent cinq ans et plus. Si les recherches prennent du temps, il faut faire avec. Et là, je peux vous dire que le Procureur n`a pas encore effectué le voyage de Fulton parce qu`il s`était attaché à faire toutes les enquêtes et toutes les vérifications à l`intérieur d`abord. Effectivement, la filière café-cacao nous offre un autre épisode. Les crises à répétition. Comment vivez-vous cette situation ?
Je vis très bien. Ce n`est pas mon problème. Je vous l`ai déjà dis, et je vous le répète. Sur le café et le cacao, il faut savoir qu`il y a deux choses très distinctes. Il y a l`Etat et il y a la filière elle-même. L`Etat n`a pas de problème, puisque le cacao est exporté régulièrement. Au Port, nous prenons notre part qui est le DUS (le Droit Unique de Sortie).Mais nous disons que le café et le cacao doivent servir aux paysans. Ceux qui les gèrent mal ne doivent pas le faire. Parce que, il faut que le plus grand revenu du café et du cacao vont aux paysans. C`est pourquoi, nous avons saisi le Procureur. Si on voulait rester dans une logique égoïste où l`Etat ayant pris sa part, ne s`intéresse pas au peuple, on n`aurait rien dit. Mais de la même manière que si M.X qui est à ma gauche vole M.Y qui est à ma droite, l`Etat intervient par le biais de la justice pour faire droit à M.Y contre M.X, même si c`est une affaire privée, c`est de cette même manière là que l`Etat intervient entre les paysans et leur filière en demandant un procès. Sinon, nous Etat, on n`a pas de problème. Mais nous n`avons pas le droit de laisser les prédateurs détourner l`argent des paysans. C`est pourquoi, nous saisissons la justice. Et nous ne voulons pas de procès bâclé.
Dans un proche avenir, le pétrole va jouer un rôle important dans le développement économique de notre pays. Quelle est votre appréciation de cette nouvelle richesse dans le développement de la Côte d`Ivoire et de la gestion de cette richesse ?
Je pense que nous aurons ce que nous avons. Beaucoup de pétrole en réserve. Toutes les études que nous consultons, nous montrent que la Côte d`Ivoire a du pétrole. Mais nous ne sommes pas les seuls. Je crois qu`au niveau des études biologiques, toute cette partie de l`Afrique qui part des côtes Ouest jusqu`à la côte Sud-Ouest, en Angola, en Guinée Equatoriale, à Sao Tomé et Principe. Tous ces pays ont du pétrole. Seulement, ceux qui exploitent le pétrole ne sont pas plus pressés que ceux qui ont des réserves. Je pense que d`ici 2009, on aura des revenus plus grands que ce que nous avons. Et même à la fin de 2008. Parce que nous avons eu un problème d`ensablement. Nous sommes en train de travailler dessus en vue de les corriger. Il y a aussi le gaz avec lequel on fait l`électricité. Moi, je m`intéresse beaucoup à la production du gaz. Parce que ça fait libérer les ménages. Son exploitation fait également libérer la forêt. Il y a aussi beaucoup de ressources minières. Il y a l`Or, le Diamant, le Fer et nous sommes en train de négocier avec des groupes pour le Nickel et le Fer. L`Ouest Yacouba est une région pleine de minerais importants. Je crois qu`il faut que les Ivoiriens restent sereins. Et que la découverte de ce minerai, demain, ne nous fasse pas abandonner l`agriculture. Il y a des pays qui en ont succombé. Non, l`argent n`est pas égal à l`argent. C`est à dire que en même temps que nous continuons à développer le café et le cacao, l`hévéa et le palmier à huile, il faut développer la production vivrière. Et il faut qu`une partie de cette production soit exportée. Je suis en train d`étudier la création de magasins dans les départements pour le stockage de vivre, pour que nous ne soyons jamais menacés par la famine. Quand on a toutes ces richesses, on est leader d`une région. Mais souvent on est contesté. C`est le cas de la BCEAO où le système de la rotation qui n`a jamais été appliqué va l`être dans six ans. N`est-ce pas là une contestation du leadership de la Côte d`Ivoire par les pays de la sous-région, membres de l`UEMOA ?
Non, ce n`est pas une contestation de la Côte d`Ivoire. Je crois qu`il faut faire la distinction entre reconnaître que la Côte d`Ivoire est le leader économique et financier de l`UEMOA. C`est une chose établit. Mais l`autre chose est, comment diriger notre Banque commune d`émission. Les autres disent qu`ils ont aussi des compétences et ils veulent les mettre en valeur. Donc nos pères fondateurs, pour utiliser l`expression, ont écrit un texte qui prévoit la rotation, utilisons cette rotation. Ce sont deux choses différentes. Pour le moment, nous venons de terminer le choix du Gouverneur. On a encore six ans devant nous, travaillons à ça au lieu d`aller dans six ans.
Les Ivoiriens veulent savoir pourquoi maintenant ?
Si les Ivoiriens le disent, c`est bien. Mais, il faut qu`ils se disent aussi que pourquoi ils ont écrit ça avant. Parce qu`ils savent très bien que ce n`est pas moi qui l`ai écrit. On a trouvé comme cela deux choses contradictoires. On a trouvé un texte qui prévoit la rotation et une pratique qui bloque la rotation. Et c`est dans cette contradiction que nous, génération des chefs d`Etat aujourd`hui, nous devons trouver une voie. C`est ce que nous sommes en train de chercher.
Malgré tout, nous demeurons le maillon fort de la solidarité sous-régionale. Il faut le reconnaître. Nous approvisionnons certains pays en produits énergétiques. Aujourd`hui, le Ghana Bientôt il en sera de même pour le Mali. D`abord, c`est une action de coopération et une action de commerce extérieur. Parce que l`électricité est un produit qui se vend comme on vend le cacao et le café. Nous vendons donc l`électricité au Ghana, au Togo, au Bénin et au Burkina. Le samedi, nous allons faire l`interconnexion avec le Mali. Il faut voir en cela une action de commerce. Les gens ne voient pas l`électricité comme produit marchand. C`est un produit marchand. Je compte développer la production de l`électricité, c`est pourquoi, je parle de temps en temps du barrage de Soubré, je parle de la recette gazière et de l`accroissement de la production de l`électricité en interne. Mais il faut continuer à vendre. Parce qu`il nous faut vendre l`électricité au Liberia, à la Sierra Leone, à la Guinée Bissau, à la Guinée, on fait du commerce. Un pays fait du commerce et nous faisons du commerce. Et dans les marchandises que nous vendons, il y aussi de l`électricité.
C`est cela aussi le leadership ?
C`est cela aussi avoir beaucoup de choses à vendre. Nous allons boucler cet entretien en vous interrogeant sur la Coupe d`Afrique des Nations qui se déroule au Ghana. En tant que premier capitaine des Eléphants, comment les avez-vous trouvés contre le Nigeria ?
Je les ai trouvés sereins. Je leur ai trouvé une qualité qui est la leur depuis toujours. C`est la maturité. On avait l`impression qu`à aucun moment, ils n`ont doutée de leur victoire dans ce match. Ils ont joué tranquilles et puis le but est venu. Il aurait pu venir avant, d`une autre façon. On aurait pu en marquer 2 ou 3. Mais le seul but a suffit pour nous donner les trois points. Ce qui m`a vraiment frappé, c`est la maturité de ces joueurs. Je voudrais leur dire que je les félicite. Et qu`il faut qu`ils continuent. Il nous suffit de gagner un deuxième match pour être assurer de passer le premier tour. Quand je les ai vus jouer, c`est incontestablement avec l`Egypte, les équipes qui m`ont impressionné. Toutes les autres équipes sont à notre portée. Nous arrivons au bout de notre entretien, vous avez un dernier mot pour les Ivoiriens qui vous regardent ?
D`abord aux joueurs, je souhaite un bon esprit combatif. J`avais déjà dit au Président Moubarak que la coupe-là je viendrai la chercher pour l`amener chez moi. Et je sais qu`ils vont me donner raison. A Ouaga, j`ai dit à Kufuor qui me demandait si je venais à l`ouverture. Je lui ai dit que j`y serai à la finale pour prendre la Coupe


Interview retranscrite par
Pierre Legrand

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