jeudi 31 janvier 2008 par Notre Voie

Né d'un schisme au PDCI-RDA, le RDR aspirait légitimement à être un parti politique comme les autres. Pourtant, au fil des années, il s'est plutôt illustré comme un instrument de combat au service d'un homme.
La mort, le 19 octobre 1998, de Georges Djéni Kobina aura certainement marqué un tournant dans la vie politique du Rassemblement des Républicains (RDR).
Quelques mois plus tard, le parti passait officiellement sous la coupe d'Alassane Ouattara, de retour du FMI et qui en devenait le président à l'issue d'un congrès extraordinaire. Dès cet instant, toutes les actions du parti seront exclusivement orientées vers la reconnaissance des droits civils et politiques de son leader devenue le seul programme du RDR. Tout a été mis à son service. Les hommes, les moyens du parti. La réflexion a été rangée au placard. La jeunesse du parti est fanatisée par les discours qui exacerbent le tribalisme et la haine religieuse. On convainc une partie de la population qu'elle est méprisée par une autre partie. On la chauffe à blanc par des discours démagogiques et insurrectionnels. En quelques mois, on réussit à inculquer dans les esprits faibles que les gens du Nord et les musulmans de Côte d'Ivoire sont considérés comme des sous-hommes par les gens du sud et les chrétiens. Une tension est artificiellement créée pour servir les ambitions démesurées d'un homme en bute avec la justice.
En 14 ans d'existence, le RDR n'aura fait aucune contre-proposition sur les questions liées à l'école, la santé, la sécurité, l'agriculture Mais il aura expérimenté toutes les formes de manifestations susceptibles de permettre à Alassane Ouattara de s'imposer à la justice de ce qu'il considère comme son pays.
Et quand un membre influent de la direction comme Jacqueline Lohouess Oble ouvre le débat sur cette situation intenable de caporalisation du parti pris en otage par les ambitions de son leader, c'est une volée de bois vert qu'elle reçoit. Elle ne pouvait pas comprendre qu'un parti créé pour aller à la conquête du pouvoir d'Etat fut ainsi caporalisé par un seul homme, fut-il son leader ou son mentor. On lui rappela sèchement qu'elle s'était trompée de porte et qu'au RDR, il y a des sujets qui n'étaient pas à débats. Jacqueline L. Oble claquera la porte.

Elisabeth Grah Claire, une autre militante, est soumise au même régime et claque la porte après une conférence de presse où elle fait part de ses sérieux doutes sur la nationalité du mentor du RDR.
Bien plus tard, c'est au tour de Mamadou Ben Soumahoro, député de Bako, de découvrir la réelle personnalité de Dramane Ouattara. Lui aussi est amené à quitter le RDR, non sans avoir, au préalable, fait partager ses convictions avec toute l'opinion nationale.
Le mentor du Rassemblement des Républicains a donc vaincu les contestations internes au sein de son parti qui a été mis sous coupe. Il n'était nullement question que l'on parle de candidature de substitution dans la perspective des élections de l'an 2000.
Pourtant, en octobre 2000, sous la transition militaire dirigée par le général Robert Guéi, le problème de la nationalité de Ouattara s'est encore posé. La candidature du mentor du RDR à l'élection présidentielle de cette année-là a été déclarée irrecevable par la Cour suprême.
Mais tout cela n'est plus que du passé, puisque, grâce à la rébellion à laquelle il n'est nullement étranger, Ouattara sera candidat à la prochaine présidentielle. Dès lors, le RDR va-t-il se décider à être un vrai parti politique ? Le congrès qui s'ouvre demain devrait y apporter une réponse claire.








Augustin Kouyo et Serge Armand Didi

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