Le chef de l'Etat ivoirien Laurent Gbagbo ne cache pas son intention de reconquérir le pouvoir d'Etat lors des élections présidentielles prévues pour cette année 2008. Mais ayant fait l'unanimité dans la détestation autour de lui, avec une gestion calamiteuse du pays et une guerre dont lui et les siens ont profité, Laurent Gbagbo cherche désormais des appuis extérieurs. Et son regard est tourné vers l'Elysée.
Abat Compaoré ; vive Compaoré. Abat Bongo ; vive Bongo. Abat la France, vive la France ! Voici un très beau refrain qui montre bien le contraste de l'homme Gbagbo. Le chef de l'Etat ivoirien ne lésine plus sur les moyens pour aller rencontrer ceux qu'il a, le mot n'est pas aussi fort, insultés hier. Mais qu'est ce qui fait courir Gbagbo ? La réponse réside dans les futures élections présidentielles qui sont prévues en cette année 2008 en Côte d'Ivoire. Le goût du pouvoir est toujours intense en Laurent Gbagbo et il veut bien s'y maintenir. Mais il ne faut pas se la cacher, ce dernier a sérieusement écorché sa crédibilité vis-à-vis du peuple ivoirien. La déception des Ivoiriens est aujourd'hui à la dimension de la trahison dont ils ont été victimes de la part du chef de l'Etat et sa clique. Les gouvernants ivoiriens, avec Laurent Gbagbo à leur tête, savent très bien que leur côte est au plus bas niveau et que les Ivoiriens les attendent au bon moment pour leur infliger la sanction. Au fur et à mesure que les temps passent, les refondateurs se rendent comptent qu'ils s'éloignent à grands pas du palais du Plateau. Ils ont donc changé de fusil d'épaule. Désormais, la stratégie est de sortir de la résidence de marbre de Cocody et aller faire le lobbying. Mais vers qui aller ? Surtout que Gbagbo, dans les durs moments de la crise ivoirienne, a vu tout le monde en ennemi et traité tout le monde entier de tous les noms. Blaise Compaoré, parrain des rebelles en Côte d'Ivoire, Oumar Bongo, lui, est un gigolo. Quant à la France, c'est elle qui est à la base de tous les malheurs de la Côte d'Ivoire, selon les refondateurs. Ils ont, pour cela, lâché leur chiens de chasses, jeunes patriotes , dans les rues d'Abidjan pour détruire tous ce qui sonnait français. Ecoles, stations, centre culturel, entreprise, etc. étaient les cibles des pilleurs formés à l'école de la refondation. Même L'ONU a essuyé le courroux de Gbagbo et ses sbires. Alors que faire ? Comme on le dit dans le langage courant à Abidjan, les refondateurs ne connaissent pas la honte Alors Gbagbo s'est mis dans ses petits souliers pour faire du porte à porte pour demander pardon en cachette. Le 26 Septembre dernier, c'est dans une position presqu'à genoux que Gbagbo a supplié l'ONU et la communauté internationale de venir à son aide. Aujourd'hui, Blaise Compaoré est devenu le messie de Laurent Gbagbo. Le chef des refondateurs n'a pas hésité à parcourir des kilomètres pour aller affirmer son soutien à Oumar Bongo pour l'élection de Jean Ping à la présidence de la commission de l'Union Africaine. Alors pourquoi ce rapprochement brutal à Bongo et à Compaoré. C'est pour mieux se rapprocher de la France. On sait tous qu'Oumar Bongo et Blaise Compaoré sont les symboles de la Fançafrique sur le continent noir. Ils restent aujourd'hui les voies le mieux indiquées pour rentrer dans les grâces de la France constate un observateur de la vie politique africaine. Désormais, l'objectif de Laurent Gbagbo est de soigner son image vis-à-vis de la France. En plus de l'apport de son soutien au candidat de Bongo à la tête de l'UA, Laurent Gbagbo aurait selon une source bien fiable, sollicité la médiation du doyen des chefs d'Etats africains auprès de Nicolas Sarkozy lors du voyage éclair de Libreville. Le Président français a toujours eu une oreille attentive pour son homologue gabonais quand on sait le soutien que ce dernier lui a apporté lors des élections présidentielles de 2007. En tout cas, les tractations de Gbagbo semblent avoir porté leurs fruits. Puisque dans les coulisses de l'Elysée, Laurent Gbagbo serait le candidat préféré de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de juin 2008, en Côte d'Ivoire. Info ou intox ? Quoiqu'il en soit, selon les sources bien introduites à la cellule Afrique de l'Elysée, le président Sarkozy serait prêt à soutenir Laurent Gbagbo. Mais connaissant la roublardise qui caractérise ce dernier, des conditions auraient été posées comme la présence des multinationales françaises en Côte d'Ivoire, le maintien des forces françaises etc.Apparemment les choses semblent bien se passer avec le retour en force des Multinationales comme BOLLORE et BOUYGUES en Côte d'Ivoire et d'autres déclarations du chef de l'Etat ivoirien. Les intérêts de la France sont bien en hausse à Abidjan. Les appels d'offre privilégient de plus en plus les entreprises françaises. En retour, la France qui souhaite l'organisation des élections en Côte d'Ivoire aurait promis un soutien ferme à Gbagbo en cas de situation confuse qui mettrait ce dernier en position défavorable. Pour concrétiser ces paroles en actes, un voyage de Laurent Gbagbo à Paris serait en vue dans les mois avenir. Le ministre des affaires étrangères français qui serait le maître d'?uvre de ces tractations veut se donner du temps. Allons donc comprendre les non-dits de la proposition de Bernard Kouchner du renvoi des élections en Côte d' Ivoire. D'autre scénarios comme aider Laurent Gbagbo à se maintenir au pouvoir jusqu'en 2010 seraient même envisagés du coté de l'Elysée. De sont coté, Le chef de l'Etat ivoirien serait prêt à accepté les conditions de la France. Alors ne soyons pas surpris d'entendre un jour que la Côte d'Ivoire n'est plus indépendante et qu'elle est devenue une métropole française avec pour gouverneur Laurent Gbagbo. Laurent Gbagbo aura ainsi réussi le coup du siècle en trahissant tout un peuple et par ricochet tout un continent (L'afrique) qui croyait que son combat pour une Afrique plus libre était sincère. Or que ce n'était que du bluff !
Eugène YOBOUET
Journaliste résident en France
kyobeu@gmail.com