jeudi 3 avril 2008 par Le Patriote

Le président Laurent Gbagbo, dans son allocution de mardi dernier, reprochait à la limite aux manifestants de vouloir, par leur comportement, compromettre les acquis obtenus par lui et son gouvernement dans le processus de paix. J'observe, cependant avec vous, les mouvements de ces derniers jours interviennent à un moment où nous entrevoyons la sortie de crise , a-t-il dit Dans l'esprit de Laurent Gbagbo, les choses sont claires. Les manifestations de protestation contre la cherté de la vie ne sont ni innocentes ni spontanées. Pour lui, il n'y a pas de coïncidence en politique. Pendant qu'il y a des avancées notables dans le processus de paix, il y a des troubles sociaux. Tout cela est donc suspect. Des journaux proches du Palais présidentiels n'ont d'ailleurs pas manqué, dans leur parution d'hier, de relever cette proximité des deux événements dans le temps. Pour le président Gbagbo donc, il est suspect qu'au moment où la Côte d'Ivoire avance vers la paix, des gens manifestent parce qu'ils ont faim. Mais Laurent Gbagbo et ses camarades oublient une chose. Ce sont eux qui, quand ils étaient dans l'opposition ne manquaient aucune occasion pour dire devant les mises en garde du président Félix Houphouët-Boigny sur la nécessité de préserver la paix sociale que : La paix ne se mange pas. Aujourd'hui, cette boutade leur revient à la figure comme son propre crachat qu'on a éjecté à contre vent. Les opposants d'hier feignent d'ignorer une évidence. Un peuple affamé est prêt à tout. On n'a pas besoin de lui intimer l'ordre pour qu'il se révolte contre ses dirigeants incapables de le nourrir. Tous les régimes qui ne l'ont pas compris en ont fait les frais. Le président Félix Houphouët-Boigny, lui-même disait toujours : L'homme qui a faim, n'est pas un homme libre . Le régime de la Refondation, au lieu de voir partout le loup, doit chercher à méditer ces paroles. Il faut prendre ici et maintenant, à bras le corps, les besoins existentiels des populations. Au lieu de pratiquer la politique de l'autruche. Ce sont ce genre de fuites en avant qui ont entraîné la Côte d'Ivoire dans la crise qu'elle vit actuellement. On a minimisé des problèmes comme les tracasseries administratives et surtout policières sur la question des pièces d'identité qui accentuaient, au sein d'une frange de la population, le sentiment d'exclusion. On est même allé jusqu'à dénier tout malaise au sein de la société dû à des frustrations à caractère tribal ou religieux et au discours de la haine. On voyait plutôt derrière ces manifestations d'humeur, des raisons politiques. La suite, on la connaît. Aujourd'hui encore, des femmes manifestent en toute légitimité, parce qu'elles ont faim, on cherche des dessous politiques. A cette allure, il ne faut pas s'étonner que demain une insurrection populaire éclate pour sanctionner un régime plus enclin à jouir des privilèges que lui donne le pouvoir, qu'à se préoccuper du bien-être du peuple. Les Ivoiriens sont plus que décidés à mener ce combat pour la survie. Ils l'ont bruyamment exprimé ces derniers jours. Ils ne veulent pas être sacrifiés sur l'autel de la paix. Car c'est pas la paix qu' on mange comme on le dit à Wassakara, à Bromakoté ou à Adjoufou.
Jean-Claude Coulibaly

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