mardi 10 juin 2008 par Fraternité Matin

L'équilibre climatique du département va connaître de profondes perturbations. La forêt des Marais Tanoé, située dans le département d'Adiaké, est menacée de disparition. Cette relique de forêt pourrait voir une bonne partie de ses 6000 ha transformée en plantations de palmiers à huile. En fait, tenant compte du fait qu'elle rentre dans le patrimoine dont elle a hérité à la privatisation de l'ex-Palmindustrie, la PALMCI envisage l'extension de ses exploitations industrielles, à travers l'occupation de la forêt des Marais Tanoé. Or, expliquent les mouvements écologistes engagés dans sa protection, pour l'équilibre climatique même de la région, ce massif ne doit pas être détruit. Et si cela ne devait pas être respecté, on se retrouverait alors avec des conséquences inéluctables comme la raréfaction des pluies, la baisse de rendement des plantations déjà existantes et partant, l'accroissement de la pauvreté dans la région . Mais, en dehors même de ces conséquences immédiates, il faut mentionner la catastrophe que représentera son exploitation au niveau de la conservation de la biodiversité, à travers la réalisation des plantations. En effet, la forêt des Marais Tanoé est à ce jour considérée comme étant un site hautement prioritaire pour la conservation des singes en Afrique de l'Ouest. C'est qu'en dehors des espèces de singes de la zone, le cercopithèque diane roloway, le cercocèbe couronné, le colobe de van Beneden et le colobe de Geoffroy ont plusieurs fois déjà été aperçus, dans ce massif. L'intérêt de la communauté scientifique et des conservationnistes pour le colobe de van Beneden et le colobe de Geoffray est grandissant, eu égard à leur raréfaction dans la nature. Si l'on considère en plus qu'elle est la plus susceptible d'abriter encore le colobe bai de Miss Waldron dont la probable disparition avait été annoncée par des spécialistes, l'importance de cette forêt, pour la conservation des primates, ne peut donc que faire l'unanimité , soutient Dr Inza Koné, primatologue, coordonnateur du programme Rasap-CI (Recherches et Actions pour la sauvegarde des primates de Côte d'Ivoire). Assez marécageuse, ce qui lui a du reste constitué jusqu'ici un puissant bouclier contre les diverses agressions de grande importance, cette forêt s'étend dans les sous-préfectures de Noé, Nouamou et Tiapoum, dont la quasi-totalité des villages riverains que sont, Kongodjan Tanoé, Kadjakro, Yao-Akakro, Kotouagnouan, Dohouan, Atchimanou, Saykro et Nouamou, la considèrent comme leur réserve de ressources halieutiques, médicinales, vivrières, etc. Et ce faisant, ils se disent ici et là prêts à défendre son intégrité. Or déjà, de nombreux canaux d'évacuation d'eau ont été aménagés dans la partie de la forêt comprise entre Kongodjan Tanoé et Kadjakro, pour produire des pépinières de plants de palmier sur environ 5 ha. Une situation qui fait dire à nombre d'observateurs que, si l'on n'y prend garde, un autre conflit foncier pourrait d'ici peu éclater dans le département d'Adiaké. Par ailleurs, l'on assiste depuis quelques semaines, à une grande mobilisation de la communauté scientifique internationale, en vue de faire de la forêt des Marais Tanoé, une véritable réserve intégrale. Parce que, explique Dr Egnakou Mathieu de l'Université de Cocody et président de SOS Forêt rien ne peut à ce jour justifier la destruction de cette forêt dont la richesse en biodiversité est une chance unique pour la région du Sud- Comoé. Que ce soit pour la conservation des oiseaux, des mammifères et des écosystèmes d'eau douce, elle représente une richesse en tout. Ce qui est bien rare aujourd'hui en Côte d'Ivoire et en Afrique.



Moussa Touré

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