lundi 16 juin 2008 par Le Patriote

L.P. : La 12e session du Groupe des 77 a pris fin. En tant que Secrétaire exécutif de cette organisation, êtes-vous satisfait du déroulement des travaux et des conclusions de ces assises ?
Mourad Ahmia : Nous sommes profondément satisfait. Et personnellement, je me réjouis des résultats tout à fait positifs et du grand succès de cette conférence de haut niveau sur la coopération sud-sud. La participation massive et le nombre importants de ministres et de hautes personnalités ont donné des résultats très concrets et des décisions historiques qui resteront dans les annales du groupe des 77. L.P. : Pouvez-vous nous rappeler ces décisions ?
M.A : Il s'agit notamment de l'adoption des statuts juridiques du Fonds pour le développement du Sud et d'assistance humanitaire d'urgence. Ainsi que l'adoption de la plate-forme pour le développement du Sud, cadre de référence et d'orientation politique. Egalement, d'autres questions ont été débattues. Des recommandations ont été faites afin que les ministres des Affaires Etrangères, lors de la prochaine rencontre ministérielle à New-York, se prononcent sur ces questions, y compris celle de la crise alimentaire mondiale et la mise en place d'un fonds de stabilisation pour les produits alimentaires. Ainsi que la mise en place d'une banque de développement et d'investissement pour l'Afrique. L.P. : Concernant le Fonds d'assistance humanitaire à quel besoin répond-t-il exactement?
M.A : Ce fonds a été créé par le deuxième sommet du Sud, avec un capital de 25 millions de dollars (Ndlr, environ 14,5 milliards Fcfa) des contributions par les Etats membres du Groupe des 77. Ce fonds est destiné essentiellement à apporter une assistance humanitaire d'urgence aux pays affectés par des catastrophes naturelles, telles que les tremblements de terres, les inondations ou la sécheresse. C'est un fonds qui, certes, va apporter une contribution à ses pays en cas de besoin, mais il aura évidemment pour mandat de financer des projets de coopération et de développement dans le cadre de l'assistance humanitaire et du développement économique en général. L.P. : 25 millions de dollars. Est-ce suffisant pour véritablement assister les pays victimes de sinistres ou de catastrophes naturelles, quant on sait qu'avec le récent tremblement de terre en Chine, ce sont plusieurs milliards qui ont été débloqués ?
M.A : Il faut dire que c'est un commencement. C'est une première étape. Ce fonds, en tant que mécanisme financier, constitue déjà une étape importante dans l'action du groupe. IL ne faut pas oublier que c'est une initiative prise par les pays en développement eux-mêmes. Et cette initiative va consolider la solidarité sud-sud. Avec ce fonds donc de 25 millions de dollars, si on n'arrive à avoir des fonds similaires qui vont financer d'autres activités dans d'autres domaines, je crois que ce serait un geste extraordinaire. C'est donc un fonds qui commence avec 25 millions de dollars. Mais le capital est appelé à être doublé d'ici le prochain sommet. Je pense donc que c'est un commencement important pour le groupe. L.P. : Selon vous, la coopération Sud-sud n'est-elle pas un mécanisme mis en place pour gêner ou porter un coup aux pays du Nord ?
M.A : Pas du tout : La coopération Sud-Sud est une expression de la solidarité entre les pays du Sud. Elle est complémentaire à la coopération Nord-Sud. Et cela a encore été clairement signifié par plusieurs délégations. La coopération Sud-sud ne peut, en aucun cas, remplacer la coopération Nord-Sud. Car, il y a l'obligation aux pays développés d'apporter leurs aides aux pays moins avancés. Je pense donc que le concept de la coopération Sud-Sud devrait être présenté de cette façon-là. Parce que la coopération Nord-Sud est une notion, un concept qui est essentiel pour les Nations Unies. Les pays développés ont donc cette obligation d'apporter leurs concours aux pays en développement. L.P. Dans cette coopération Sud-sud, y a-t-il des volets consacrés à l'éducation et à la formation ?
M.A : Absolument. La formation et la mise en valeur des êtres humains font parties de nos priorités. D'ailleurs au cours des échanges sur la coopération Sud-Sud qui ont été présentés par plusieurs pays, cet aspect a été bien souligné. Il y a des projets de coopération qui ont pris en compte cette dimension humaine qui est la formation, le perfectionnement et la mise en valeur des ressources humaines en général. Il y a bien sûr d'autres initiatives que nous comptons lancer dans le cadre de la coopération sous-régionale, régionale et interrégionale. L.P. : Vous avez appelé à une réforme des Institutions financières mondiale. Alors, concrètement que reprochez-vous à ces Institutions ?
M.A : Comme vous le savez, le groupe des 77 a toujours appelé pour une forme de l'architecture financière internationale, ainsi que le système commercial mondial. Cela, y compris les institutions de Breeton-Wood que sont le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale (B.M) et l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce sont des Institutions non-démocratiques et non ?transparentes. Et les décisions qui sont prises au niveau de ces Institutions ne prennent pas en compte les intérêts, les besoins et les préoccupations des pays en développement. Car, ces Institutions ont été créées dans un contexte économique et politique internationale particulier. Et aujourd'hui, elles ne répondent pas aux besoins des pays en développement. C'est la raison pour laquelle le groupe des 77, a toujours ?uvré pour que ces Institutions soient reformées, démocratisées et plus transparentes, afin de répondre aux aspirations des pays en développement. L.P. : Qu'entendez-vous par Institutions reformées, démocratisées et transparentes ?
M.A. : Cela veut dire qu'il faut impliquer les pays en développement dans le mode de décision de ces Institutions. Il ne faudrait pas que ces Institutions, y compris le G8, prennent des décisions sans impliquer les pays en développement. Alors que ces décisions ont un impact sur les économies des pays en développement. Il est donc important que ces institutions soient démocratisées. C'est-à-dire qu'il faut permettre aux pays en développement d'apporter leur contribution aux débats et d'être impliqués dans le mode de prise de décision.
Réalisée à Yamoussoukro
par Diawara Samou

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