vendredi 27 juin 2008 par Le Nouveau Réveil

Depuis un temps, des voix s'élèvent au sein des animateurs de la filière hévéa, faisant état de sérieuses dissensions entre des producteurs réunis au sein de l'Association des producteurs du caoutchouc naturel de Côte d'Ivoire (APROCANCI) et des usiniers épaulés par le sommet du Fonds Interprofessionnel de Solidarité Hévéa (FISH). La pomme de discorde, l'utilisation des 3,8 milliards collectés pour le compte du FISH. De quoi s'agit-il ?
L'APROCANCI a été créée en septembre 1991, à l'initiative de M. Fadiga Saïdouba. Le premier président de cette association est M. Lohoues Esso Vincent (ex-député de Dabou, aujourd'hui baron du RDR). Le 26 mars 2005, il a cédé sa place à M. Honnest Wadjas pour un mandat de 3 ans. En 1990, l'Etat a suspendu sa participation dans la SAPH qui encadrait les producteurs et veillait à la commercialisation du caoutchouc. L'APROCANCI a donc été créée pour reprendre et continuer pour le compte des producteurs, les prestations de la SAPH. En face, la SAPH qui ne veut pas mourir, fait naître l'APPH. C'est le premier accrochage avec l'APROCANCI, puisque les deux structures ont les mêmes objectifs et les mêmes cibles. Dès 1992, l'APROCANCI se structure avec un conseil d'Administration. On en restera là jusqu'à la création du FISH pour soutenir les prix du caoutchouc, comme le faisait la CAISTAB au niveau du café et du cacao. Le FISH est alimenté par les producteurs à travers un prélèvement de 11% (soit environ 10 FCFA/kg) sur leurs revenus par les usiniers. Ce sont les usiniers qui font les différents prélèvements et qui alimentent les différentes structures. N'étant pas certains de la bonne gestion de ces fonds, les producteurs ont demandé la suspension des activités du FISH, jusqu'à ce qu'ils y mettent de l'ordre. Quelque temps après, les producteurs, réunis au sein de l'APROCANCI, demandent la réactivation du FISH, mais cette fois-ci avec une gestion directe des producteurs (soit des membres de l'APROCANCI, dûment désignés). Et c'est M. Lohoues Vincent qui a été désigné par l'APROCANCI, après vote, pour gérer le FISH. Au mois de juillet 2005, les prélèvements pour le compte du FISH se chiffrent à 3, 8 milliards de francs. M. Lohoues Esso a été réélu il y a un peu plus de deux semaines à l'AG, à la tête du FISH. Debut 2007, M. Lohoues Esso convoque un atelier pour réfléchir sur l'utilisation des 3,8 milliards du FISH domiciliés à COBACI, à la BFA et à Chatered Bank. L'Assemblée Générale qui a suivi et le Conseil d'Administration décident que le FISH finance la construction d'une usine de traitement du caoutchouc. Seuls M. Wadjas et les usiniers n'étaient pas d'accord. Ils proposent plutôt des actions aux producteurs pour, à la longue, l'achat de plusieurs unités. Les producteurs, craignant que les gros actionnaires ne phagocytent avec le temps les petits et ne réalisent ces achats à leur profit personnel, ont choisi la construction directe d'une usine, par le FISH où ils sont à part égale, puisque les prélèvements sont les mêmes. Dès l'instant où les producteurs décident de construire une usine pour la transformation de leurs productions, ils deviennent des concurrents aux yeux des usiniers. De fait, les usiniers ne pourront plus rien prélever sur leurs revenus. En représailles, les usiniers arrêtent l'alimentation du FISH, nonobstant les prélèvements déjà faits. Coup de théatre, selon deux membres du Conseil d'Administration du FISH et du vice-président de l'APROCANCI, MM Zadi Godou (secteur Gagnoa) et Essuéky Gnamien (secteur Béttié), M. Wadjas et un autre administrateur soutiennent les usiniers, au point d'aller contre la volonté de l'Assemblée Générale. Sans doute que M. Wadjas, selon ces administrateurs, a donné l'assurance aux usiniers que jamais les producteurs auront leur usine à eux. Pourquoi ? Mystère et boule de gomme. Dans tous les cas, la première pierre de l'usine des producteurs a été posée. Au grand dam de M. Wadjas et des usiniers. Pour ce qui est de l'argent du FISH, nos deux administrateurs précisent qu'il est dans des comptes bloqués avec un taux d'intérêt d'au moins 6% (avec 2,5 milliards à COBACI qui a permis d'obtenir un prêt de 3,3 milliards)
Eddy PEHE

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023