mardi 8 juillet 2008 par Le Nouveau Réveil

Il faut le dire ou... périr : l'actualité dans notre pays est, pour une des rares fois, intéressante. Ici, c'est la lutte contre la corruption engagée par le chef de l'Etat. Bonne nouvelle donc pour un pays qui, depuis pratiquement une huitaine d'années, ne faisait entendre parler de lui que par les conflits politiques, le nombre de morts sur les pavés, les détournements de fonds publics, l'enrichissement des élites politiques - presque tous des fonctionnaires ; les feintes diaboliques du chef à ses adversaires politiques, l'inertie choquante de l'opposition ; une opposition étrangement faible et aux comportements politiques plus que suspects ; une opposition qui, dans l'entendement de tout Ivoirien, est le premier support de ce régime pourri qu'un peuple sérieux devrait avoir le bon sens de chasser du pouvoir. Et M. Gbagbo a le droit d'affirmer qu'il n y a pas d'opposition en Côte d'Ivoire ; qu'il n'a aucun bilan à proposer au peuple ivoirien car il a géré le pouvoir de manière collégiale avec ceux qui étaient censés être ses opposants. Et il a en partie raison : tous, étaient (et sont) à la soupe avec les refondateurs. Ils sont donc tous comptables du bilan, négatif, voire désastreux de ce régime
Des choses sous la refondation. Il faut le dire ou périr. Il y en a quand même eu d'intéressantes, de temps en temps ! Tenez, le football, par exemple. Les débordements spectaculaires de Dindané, les buts de Drogba ; les CAN, le mondial. Tant d'occasions de distraire le peuple pendant que les prédateurs de notre économie s'en mettaient plein les poches
Les Ivoiriens savent-ils seulement ce que leur ont coûté les campagnes sportives, sous la refondation ? Bon nombre d'entre eux tomberaient de stupéfaction ! Un jour, vous saurez ces chiffres : des milliards et des milliards de francs, décaissés par le Trésor !!! En attendant, pas un seul hôpital, pas une seule école sérieuse, pas une seule bibliothèque, pas un seul Centre culturel n'a pu être construit. Demandez-leur la raison de ce grave manquement ''socialiste'' ; ils vous répondront que c'est dû à la guerre ! Cette même guerre qui ne les a pas empêchés de s'enrichir sur le dos du peuple. Cette même guerre qui ne les a pas empêchés de construire des buildings de prestige à Yamoussoukro
Il faut le dire ou périr. Il y a eu aussi, sous la refondation, la danse, surtout la danse : coupé décalé, fouka fouka, bobaraba, fatigué, etc. Le héros Doug Saga - pourquoi lui ont-ils refusé une médaille ?...
Mais sous la refondation, il y a surtout Dieu. Il se trouve partout : sur les bureaux des fonctionnaires de notre Etat laïc, dans chaque ghetto de ce pays, à la télévision, dans les studios d'enregistrement, etc., sur les lèvres du chef de l'Etat : " Que Dieu vous bénisse ! " n'arrête-t-il de dire, à la fin de chaque prestation orale. Son Excellence Pasteur Gbagbo ? Pourquoi pas ?.... Des choses et des choses, sous la refondation. Au centre de ces choses, la mort de l'éthique. Aucun régime ivoirien ne s'est jamais autant signalé par son mépris de l'éthique que ce régime d'enseignants et de barbouzes. Non, il ne nous viendrait pas à l'idée de contester le bien fondé de l'opération mains propres engagée par le chef de l'Etat. Il y a tout simplement que je n'y crois pas. Elle cache certainement autre chose que le désir d'assainir la société ivoirienne. Une révélation : j'ai eu l'occasion de rencontrer M. Théophile Kouassi (c'est un ami), alors DG de la FDPCC, à 48 heures de son arrestation. Un puissant avocat de mes amis, vivant à Paris, m'avait demandé de lui dire qu'ils seront arrêtés lui et Amouzou, dans les 48 heures qui allaient suivre. Réponse de T. Kouassi : " Tiburce, je suis tranquille. Depuis que nous avons commencé cette histoire de café caco, je passe plus de temps au tribunal qu'au bureau. J'ai connu au moins 232 interpellations. Je suis devenu presque un fonctionnaire du Palais. S'il y avait un quelconque délit à me reprocher, pourquoi ne m'ont-ils pas mis aux arrêts depuis longtemps ? Des gens m'ont conseillé de fuir le pays. Non, je ne fuirai pas. Parce que je sais que je n'ai rien volé. En vérité, c'est Amouzou que M. Gbagbo veut atteindre. Il lui en veut parce que ce dernier a refusé de faire ce qu'il lui a demandé : emmener les planteurs et producteurs de café cacao à soutenir et financer sa candidature, à la présidentielle ". Et Théophile de conclure : " Je suis fatigué. Qu'on vienne nous mettre aux arrêts. Tout ce que je souhaite, c'est que le procès ait lieu très vite. Ce sera enfin, pour nous, l'occasion de déballer des choses ".
" Opération mains propres ", me dit-on ? Allons, ne boudons pas notre plaisir. Aidons plutôt le chef de l'Etat à mettre à la MACA (pour délits évidents), tous ces refondateurs qui, en moins de trois ans, ont édifié des immeubles et de petits châteaux nègres à Abidjan. Ce sont des fonctionnaires ; et tous, nous savons le salaire d'un fonctionnaire : où ont-il eu l'argent pour se construire ces résidences princières ? M. le Procureur Tchimou, commencez donc à interpeller chaque fonctionnaire propriétaire de villa cossue dans ce pays. Ils ne sont pas cachés.
Il faut le dire ou périr : je ne crois pas en la sincérité de cette opération: les refondateurs et l'éthique, " c'est une combinaison qui ne marche pas " !
Tiburce Koffi

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