mardi 19 août 2008 par Fraternité Matin

Le Chef de l'Etat a présidé, hier, au Palais de la culture de Treichville, la cérémonie d'ouverture du Xème anniversaire du RIARC. Dix ans, c'est peu, mais c'est largement suffisant pour s'offrir une fête; une fête en deux temps, l'un qui fait place à une cérémonie d'ouverture et de cloture- caractère festif - et l'autre à un bilan, à la réflexion. Thème choisi pour ce colloque qui consacre les dix ans du Réseau des instances africaines de régulation de la communication (Riarc): Régulation, démocratie et bonne gouvernance Hier, au Palais de la culture de Treichville, il ne s'agissait pas d'en débattre; l'heure était au premier temps. Dans un décor qui commence à l'entrée du Palais par les marionnettes de la prêtresse de la Villa Ki-Yi, Wêrê-Wêrê Liking; puis sous les airs de l'hymne national de Côte d'Ivoire chanté par Aïcha Koné, tout de blanc vêtue, accompagnée par l'orchestre de la Garde républicaine, sous la direction du Lieutenant Any Grah; le verbe qui dit la vérité? de l'incontournable Bomou Mamadou, Maître de la parole annonçant la nouvelle du 10 ème anniversaire, Adama Dahico le président dans la République annonçant la bonne humeur légendaire, l'humour chevillé au corps des Ivoiriens, etc. le RIARC n'a pas voulu donner dans la dentelle. Qui s'est même offert les services de la journaliste vedette de talent du JT, Awa Tabitha, comme maîtresse de cérémonie, devant les nombreux invités. On comprend toute la joie du Chef de l'Etat de recevoir, dans son pays qui sort lentement de guerre, des participants venus d'Amérique, d'Europe, d'Asie et d'Afrique. S'inspirant de sa trajectoire personnelle, il en profitera pour dire un certain nombre de vérités aux journalistes dont le métier propulse dans la célébrité immédiate, comme celui des sportifs et aux hommes politiques, deux stars à qui l'on ne peut plus faire de remarques. C'est pourquoi, aux premiers, il a pris la ferme résolution de ne jamais en mettre en prison: Moi, je sais que quand on va en prison, on devient un héros, lorsqu'on en sort. Je ne vais ni en fabriquer contre moi; ni d'ailleurs y envoyer des adversaires politiques. Aussi estime-t-il que le privilège qu'a le journaliste de dire, tous les jours, ne doit pas lui faire croire qu'il est au-dessus des autres. Il reconnaît cependant être intervenu, une seule fois, au niveau de Fraternité Matin, pour interdire la publication d'une interview d'un ministre qui expliquait les raisons pour lesquelles l'armée n'est pas entrée dans Bouaké, en 2003. C'était, justifie-t-il, pour donner une chance à la paix Nous étions en pleine crise. Aux hommes politiques: En politique, on est dans un star system, au devant de la scène. Et les conflits entre hommes politiques et journalistes sont des conflits entre stars. Sachez gérer vos vies de stars Il faut se mettre à la hauteur Il faut que d'un côté comme de l'autre, chacun fasse son travail. Et d'inviter à l'humilité: Quand on se prend trop au sérieux, on dérape Trop, c'est toujours trop.Son constat nettement établi, il en conclut: Le rapport entre la presse et les pouvoirs politiques, c'est la viequ'il faut réguler. Par le rire aussi, conseille-t-il, comme nous en a servi Adama Dahico : Castigat ridendo mores (corriger les moeurs par le rire). Intervenant à son tour, le ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané, remerciera le Président Gbagbo, qu'il avait précédé, pour la promesse tenue; celle de soutenir le RIARC. C'était, précisera-t-il, le 18 février dernier. Malgré les urgences qui se bousculent. Comme hier, en décembre dernier, lorsqu'il avait accepté d'apporter tout son soutien aux 39èmes assises de l'Union internationale de la presse francophone (UPF). D'ailleurs, à la demande du RIARC, le Chef de l'Etat a accepté d'être le parrain permanent du Réseau. Dans un saisissant rappel de la réalité ivoirienne, victime selon lui, en même temps de trois contraintes plus implacables les unes que les autres: ajustements économiques internes nécessaires, impossibles à différer; chocs externes qui ne sont pas, eux non plus, négociables; pression spécifique d'une coûteuse sortie de crise, le ministre donnera l'importance du thème de ce colloque: Tout cela nécessite des efforts importants en termes de gouvernance, de régulation économique au service de la démocratie. En cela, affirmera-t-il, toutes les instances de régulation ont le même objectif. A savoir: poser des digues non pour assécher mais pour faire monter le niveau et la qualité. D'où ces questions essentielles: comment partager avant de produire? Comment réguler sans briser le rythme, mais, au contraire, en favorisant les mutations salutaires?. Pour le ministre de la Communication, ce colloque, n'est pas un autre de trop: toute occasion est bonne pour nous parler, pour construire des passerelles ensemble, non pour ressasser des désillusions mais parler surtout de coopération, d'espérance, de volonté d'avancer ensemble et de nous faire entendre. Afin de relever des défis qui se posent en termes d'enjeu. Car qui dira notre part de vérité? Qui défendra nos points de vue sur la grande scène économique où se joue le destin des nations? Et qui nous aidera à valoriser notre patrimoine culturel qui, sans rejeter la mondialisation, en refuse le formatage univoque?
Aussi invitera-t-il les uns et les autres à avoir une conscience plus aiguë des enjeux de l'information. Surtout que s'impose à nous l'impérieuse nécessité du refus d'être les bannis du village planétaire.

Michel Koffi



Option : La vie est régulation

On naît, on vit, on grandit et on meurt. La régulation de la vie permet à la vie de survivre à la vie. S'il n'y avait pas disparition, il n'y aurait pas régénérescence et la vie ne serait plus la vie. La vie n'est vie que parce que la mort donne tout son sens à la vie. L'organisme humain vit au rythme de la régulation : c'est d'ailleurs pour cela qu'il faut toujours être à l'écoute de son corps et mener une vie saine. Respecter ces règles primaires, c'est faire de l'autorégulation. C'est s'obliger à ne pas mettre son corps dans une situation de fragilisation. Les maladies sont une menace pour le corps humain parce qu'elles sont l'expression manifeste d'une altération de ses fonctions. Un corps malade, c'est un corps qui échappe aux règles d'hygiène. Il est donc soigné et soumis à un régime. La médecine se mêle de sa régulation. Tout se régule et la vie en société s'inscrit dans cette évidence. L'ordre est un système de régulation de la violence naturellement contenue en chaque être. L'organisation et le fonctionnement de la société, à travers les professions, les corps de métier, les rôles, les droits et les devoirs permettent au citoyen d'exercer sa citoyenneté en toute légitimité. éguler, c'est l'action d'assurer le bon fonctionnement, le rythme régulier de tout système. Et parce que tout doit être réguler, il faut se soumettre aux règles et lois qui permettent la cohabitation pacifique de tous les êtres. Voyons où nous conduit le non-respect de l'équilibre de la nature : à des catastrophes, à des drames. L'homme, par sa volonté de dompter la nature, de la maîtriser, de la soumettre à son désir, a instauré l'auto destruction comme mode de vie. Oubliant qu'il intègre un système qu'il se doit de maintenir harmonieux, il met sa propre vie en danger. Réguler, ce n'est donc point censurer, ce n'est point réprimer, ce n'est point exclure. Réguler, c'est organiser, c'est structurer, c'est gérer, c'est permettre à chaque élément d'être à sa place et de jouer pleinement son rôle. La régulation des divers compartiments de la société permet la protection des droits de chacun d'entre nous. D'où la pertinence du thème du colloque international du Riarc : régulation, démocratie et bonne gouvernance, que le ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané, commente finement en ces termes : tout cela nécessite des efforts importants en termes de gouvernance, de régulation économique au service de la démocratie Dans le domaine qui est le nôtre, réguler, c'est permettre à chaque professionnel de la communication d'exercer sa profession. Pleinement. En toute responsabilité. Notre mission de gestionnaire de l'information nous impose de connaître et de nous soumettre aux règles qui régissent notre profession. Ecrire, parler, c'est d'abord et avant tout se montrer capable de respecter une éthique et une déontologie. Et cela est valable pour nous tous qui avons, librement et volontairement, décidé de dire.

par Agnès Kraidy



Harmonisation, crédibilité et reconnaissance
Pour que la régulation soit!

Trois mots ont sonné, hier, dans une salle Ernesto Djédjé / François Lougah du Palais de la culture qui a revêtu un apparat particulier, à l'occasion de l'ouverture des festivités du 10è anniversaire du Riarc comme les leviers pour établir la régulation comme un ancrage du processus démocratique: harmonisation, crédibilité, reconnaissance. En effet, dès l'entame de cette cérémonie qui a vu son éclat rehaussé par la présence effective du Président Laurent Gbagbo, et celle du Premier ministre, Guillaume Soro, le la a été donné dans ce sens par le gouverneur du district d'Abidjan, Djédji Amondji Pierre, dans son discours de bienvenue. Arguant que le Président Gbagbo est un ami de la presse, il lui voue à travers son édiction de la dépénalisation des délits de presse, la crédibilité des instances ivoiriennes de régulation et d'autorégulation des médias que sont le Cnca, le Cnp et l'Olped. Au-delà, il estime qu'une telle posture invite les journalistes à un sens élevé de la responsabilité, en termes éthique et déontologique, au service de la paix. Diégou Bailly, président du Cnca et du Comité d'organisation, prendra la balle au bond pour affirmer qu'en dépit des temps qui tanguent, la Côte d'Ivoire est demeurée une terre d'espérance, un carrefour d'échanges. Et d'illustrer son propos par la mobilisation de 150 délégués et 40 journalistes en Côte d'Ivoire pour ces festivités qui sont une première en une décennie d'existence du Riarc. Il estime que le défrichage de la thématique de régulation, démocratie et bonne gouvernance au colloque de Yamoussoukro, mercredi et jeudi, ne devrait pas les empêcher de jouir de l'inusable sourire, l'inoxydable humour et l'éternelle bonne humeur des Ivoiriens. Tout en remerciant le Chef de l'Etat pour sa sollicitude démontrée dès qu'il lui a présenté le projet en février dernier et qui s'est traduite par la prise en charge totale du budget des 10 ans du Réseau, Diégou Bailly s'est félicité de l'implication du Premier ministre et du gouvernement pour la viabilisation de ce rendez-vous international à Abidjan. Il dira au Président, paraphrasant l'auteur brésilien Paolo Cuello, qu'il a mené le bon combat: L'histoire est implacable pour ceux qui ne dansent pas et empêchent les autres de danser. Une façon de saluer sa contribution à l'essor de l'idéal démocratique dont la liberté de la presse est un levain.
Au nom de la nouvelle présidente du Conseil supérieur de la communication du Burkina Faso, Mme Béatrice Dabiré, anciennement ambassadeur en Autriche, assurant désormais la présidence du Riarc, aux lieu et place de son compatriote Luc Adolphe Tiao, nouvel ambassadeur burkinabé à Paris, Urbain Sikonon, révèlera, dans la même veine et citant Gbagbo, que la régulation est incontournable pour la liberté de la presse et pour l'exercice responsable de cette liberté. C'est pourquoi, il se fera fort de requérir le parrainage du Réseau au Président, au vu du libéralisme médiatique de bon aloi qu'il promeut et a instauré en Côte d'Ivoire. Rompant ainsi, le malentendu maintes fois soulevé entre les intérêts de l'exécutif, du régulateur et des journalistes, sous nos tropiques. Mais aussi pour le respect de la parole donnée en février 2008, en s'engageant à soutenir et plaider auprès de ses pairs en faveur des régulateurs du continent. Toutefois, au regard de la nécessaire soustraction de la régulation du giron politique sous le sceau brandi de la gestion de l'information publique, au profit d'une administration indépendante et donc plus crédible, il souligne que de nouvelles donnes doivent être prises en compte. Il s'agit du droit à l'information du citoyen dans un contexte marqué par l'essor de la communication sociale. Dont l'éveil des consciences ne saurait s'accommoder des oripeaux de la démocratie. Mieux, pour le régulateur burkinabé, la liberté de la presse devrait faire face aux défis de la fracture numérique avec l'Occident et les pays dits émergents par un accompagnement judicieux et volontariste des Etats. Et, c'est en cela qu'il plaide pour une harmonisation du cadre juridique et réglementaire au sein des pays membres du Riarc. Toutes choses qui devraient se faire dans la perspective de la convergence technologique dont le numérique est l'élément focal.

Remi Coulibaly



Focus : Honneur et gloire aux pionniers...
L'un des temps forts de la cérémonie d'hier fut, incontestablement, la décoration de certains pionniers des instances de régulation en Afrique. Six personnalités qui méritent les honneurs de leurs pairs communicateurs et régulateurs mais aussi des autorités du continent. Le général Issouf Koné, Grand chancelier de l'Ordre national, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés, a décoré dans l'Ordre du mérite ivoirien, au titre de Commandeur, les Ivoiriens Diégou Bailly (journaliste, président du Cnca, président du Comité d'organisation du 10ème anniversaire du Riarc) et Samba Koné (journaliste, président du Réseau des instances africaines d'autorégulation des médias, Riaam). Le Burkinabé Luc Adolphe Tiao, président sortant du Riarc, promu, récemment, ambassadeur de son pays en France, et le Béninois Ali Zato (président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle du Bénin), ont été faits Officier. Mme Julietta Langa (présidente honoraire du Riarc, présidente du Conseil supérieur de la communication sociale du Mozambique) et M. Ahmed Ghazali (virtuel président en 2009 et actuel vice-président du Riarc, président de la Haute autorité de la communication du Maroc), ont été élevés au grade de Chevalier. Au-delà, une minute de silence a été observée en hommage à des précurseurs de l'aventure du Riarc porté sur les fonts baptismaux en 1998 à Libreville (Gabon). Ce sont: le Béninois Meilo Dossa et le Gabonais Pierre-Marie Dong, 1er président du Riarc (1998-2002).

R.Coulibaly



À la découverte du show chaud !

En invitant les délégués à la découverte de la Côte d'Ivoire dans toute sa diversité et sa richesse culturelle, le Président Gbagbo n'a pas omis de leur conseiller d'aller à la fameuse Rue Princesse de Yopougon. Il leur dira même: Allez-y, c'est showchaud!. Après la cérémonie d'ouverture et le déjeuner offert aux délégués, les présidents des instances africaines de régulation (Circaf) se sont réunis à huis clos aux Deux-Plateaux. La journée de ce mardi sera consacrée à un trip touristique qui mènera les délégués sur les plages d'Assinie, les lagunes et curiosités d'Adiaké, Assouindé et des îles Ehotilé. Dans la soirée, ils auront droit à la représentation théâtrale de Ile de tempête de Bernard Dadié, mise en scène par Sidiki Bakaba, au Palais de la culture. Le cap sera mis demain sur Yamoussoukro où le colloque sur le thème Régulation, démocratie et bonne gouvernance sera décortiqué pendant 48h. Vendredi, retour au tourisme et à la culture à Yamoussoukro et Bouaké, avant le dîner-gala de clôture, le samedi, à l'espace Crystal en Zone 4.
R.C
Repères
Budget. La célébration du dixième anniversaire des structures de régulation a un prix. Son budget, que les organisateurs avaient fixé à 500 millions de FCFA, a été revu à la baisse. Il est d'environ 290 millions; la part de l'Etat se chiffre à 250 millions de nos francs. Création. Le Riarc a vu le jour le 15 juin 1998 à Libreville au Gabon. Son siège et son secrétariat exécutif sont établis à Cotonou (Bénin). Les présidents successifs furent Pierre-Marie Dong du Gabon (1998-2002); Mandla Langa de l'Afrique du Sud (2002-2005); Mme Julieta Langa du Mozambique (2005-2007) et Luc Adolphe Tiao du Burkina Faso (2007-2008). Décoration. La date du 18 août 2008 sera marquée d'une pierre blanche pour six personnalités décorées au nombre desquelles Jérôme Djégou Bailly, président du Cnca. Leur porte-parole, le Burkinabé Luc Adolphe Tiao, a exprimé leur gratitude envers les autorités ivoiriennes pour cet acte de haute portée. Qui consacre, à l'en croire, une reconnaissance au sommet du rôle de la régulation dans le développement de la communication. Animation. Bomou Mamadou, le maître de la parole, la diva Aïcha Koné qui a interprété avec maestria l'hymne national avec la musique de la Garde républicaine, la jeune Mathildia (vainqueur de Star karaoké 2006), interprète de l'hymne du Riarc, et l'humoriste Adama Dahico, ont assuré l'animation artistique de la cérémonie d'ouverture dont la présentatrice, Awa Ehoura, était la maîtresse de cérémonie.

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