Nommé à la tête de la Sotra (Ndlr, Société des transports abidjanais) à l'avènement de la junte militaire, avec pour mission de donner un nouveau souffle à l'Entreprise dont les signaux étaient au rouge, les actions entreprises par M. Attey Philippe, banquier de formation en fonction à l'époque à Niamey au Niger, vont être bâties autour de la restructuration de cette entreprise d'Etat d'économie mixte vieille de cinquante ans. De juin 2000 à ce jour, la Sotra a connu des mutations notables. Ce bond qualitatif parsemé d'embûches sont à mettre à l'actif de ce manager général, à la tête d'une équipe de technocrates chevronnés. Pour une entreprise qui était au bord de la faillite, le nouveau directeur général de la Sotra a su relever avec perspicacité le défi de la relance de l'Entreprise qui passait non seulement par la réhabilitation mais aussi par la compétitivité voire l'excellence. Ainsi, dès sa prise de fonction, il a compris que le bilan de la Sotra comportait en lui-même les solutions de sa restructuration. En clair, il a vite conclu que la valeur patrimoniale de l'entreprise dont il a hérité était supérieure aux 33 milliards Fcfa de déficit dressé préalablement. Dès lors, les actions qu'il mène vont être bâties autour de la relance de cette entreprise d'Etat créée le 16 décembre 1960 par le premier Président de la République de Côte d'Ivoire feu Félix Houphouët Boigny, à travers sa restructuration sans que, contrairement à d'autres entreprises, il ait eu recours à des licenciements. Une restructuration qui, malgré la récession économique que connaît le pays, a permis à la Sotra de mettre à flot son parc automobile afin de se consacrer pleinement à son c?ur de métier, le transport urbain. On assiste donc à l'acquisition de plusieurs autobus dont des Tata indiens neufs, des bus coréens de seconde main climatisés venus du Koveit et des bus Khodro iraniens neufs construits sous licence Mercedes. Ce qui fait passer l'âge moyen de ces autobus qui était dix neuf ans en 2002 à quatre ans. Aujourd'hui, la Sotra a un parc qui avoisine les 900 autobus. N'eût été les dernières casses perpétrées sur le matériel roulant, la Sotra avait la capacité de lancer au quotidien dans la ville d'Abidjan environ 600 bus. Son ambition est d'atteindre un parc de 1.000 bus et d'en lancer plus de 700 par jour selon ses perspectives. Et ce, grâce aux nouveaux modèles d'autobus baptisés ''Eburnys'' construits sur place dans les ateliers de Sotra Industries, filiale du Groupe Sotra ou Sotra Mère composé de Sotra Industries, Institut Sotra et Sotra Tourisme créé en janvier 2008. Ce transfert de technologie a permis à la Sotra de vendre son expertise hors de nos frontières en livrant l'année dernière dix autobus construits par les techniciens de Sotra Industries à Koumassi à la Sogatra (Ndlr, Société gabonaise des transports).
La Sotra compte également à ce jour 28 bateaux bus, dont deux de tourisme, onze d'entre eux ont été entièrement construits dans les ateliers de Sotra Industries. Tout cela, grâce à un emprunt obligataire lancé sur le marché financier de l'espace Uemoa (Ndlr, Union monétaire ouest-africaine) et qui a permis de récolter 12 milliards Fcfa avec le concours d'une banque commerciale de la place. La Sotra s'est également dotée d'une technologie de pointe comme instrument de gestion, ce qui a l'avantage de corriger tout dysfonctionnement de gestion de l'entreprise. Ainsi, l'introduction de la nouvelle billettique a-t-elle permis à la Sotra d'augmenter de 20% ses recettes, limitant du coup la fraude sur son réseau. L'ère Attey Philippe est également à la surveillance de son réseau par GPS. Système permettant de surveiller les véhicules de service de l'entreprise sur un rayon de 700 km afin d'éviter que les agents ne les utilisent à des fins personnelles. Ce n'est donc pas un hasard si le concessionnaire ivoirien du transport urbain est le premier en Afrique francophone à avoir la certification Iso 9001 Version 2001 pour l'ensemble de ses activités de maintenance des véhicules roulants. Ce cap, Attey Philippe et ses collaborateurs entendent le maintenir pour créer d'autres richesses pour la génération à venir. Cependant, une inquiétude demeure pour arriver à cet idéal. Il est impérieux que des mesures idoines soient prises par les autorités compétentes pour que soient mis fin aux casses inopportunes des autobus de la Sotra qui, si rien n'est fait, vont annihiler les sacrifices déjà consentis pour permettre aux Abidjanais de se déplacer aisément et d'être à l'heure au travail.
Coulibaly N'Golo A. aboubackr@yahoo.fr