mercredi 13 juillet 2011 par L'Inter

La démission de son président intérimaire, Mamadou Koulibaly, ouvre le débat sur la survie du Front populaire ivoirien(Fpi). Dressant l`état des lieux au lendemain du départ en fanfare de celui qui apparaissait comme l`icône de ce parti après l`arrestation de Laurent Gbagbo, l`Afp titrait hier que le Fpi est aujourd`hui un parti sans chef ni boussole . Ce qui fait dire au politologue sénégalais, Justin Babacar N`diaye, que le Fpi est en voie de dislocation et mieux, il va s`évaporer . Dans une interview accordée à Onuci.fm hier, il s`est montré pessimiste quant à l`avenir de ce parti. Comme lui, bien des Ivoiriens s`interrogent sur la capacité de l`ancien parti au pouvoir à survivre au séisme politique qui a conduit à l`emprisonnement de son charismatique leader, Laurent Gbagbo et éparpillé ses dignitaires. Mais au-delà de l`impact de cette fragmentation du parti sur son devenir, ce sont surtout certaines idées et pratiques qui ont cours au sein du Fpi qui risquent d`en compromettre l`avenir. Des tares que Mamadou Koulibaly n`a de cesse de dénoncer et qui y sont pour quelque chose dans les déboires que vivent aujourd`hui bien des figures de la Refondation. Aussi longtemps que ce parti n`aura pas décidé de faire sa mue en se départant de ces plaies , il lui sera difficile de survivre à la bourrasque qui a emporté l`ancien régime. Au nombre de ces maux, la rhétorique surannée de l`anti-néocolonialisme qui était loin d`être traduit dans les faits par l`ancien chef de l`Etat et ses partisans, comme l`a du reste admis Mamadou Koulibaly. Des années durant, les dirigeants de l`ancien régime ont développé des thèses anti-impérialistes au nom d`une volonté de rupture d`avec leurs successeurs qu`ils accusaient d`avoir pactisé avec le diable c`est-à-dire la puissance métropolitaine. Des esprits ont ainsi été matraqués par cette littérature anti-française, alors même que dans les faits, le régime Gbagbo sauvegardait des intérêts français. On a passé des deals avec la France , a d`ailleurs confessé le désormais ex-baron du Fpi, Mamadou Koulibaly. Cette rhétorique anti-française y est pour beaucoup dans les malheurs que vivent aujourd`hui Laurent Gbagbo et les dignitaires de son régime. Au moment où ce parti est dans la tourmente, il est peut-être temps de changer de fusil d`épaule. C`est sans doute à cela que faisait allusion l`ex-président intérimaire quand il appelait au reformatage idéologique du parti. Par ailleurs, ce combat contre le spoliateur venu d`ailleurs a donné lieu à un discours ultra-nationaliste, qui a été perçu comme de l`exclusion voire de la xénophobie. Un discours qui a vite été présenté par les ressortissants du nord du pays comme un discours tendant à nier leur citoyenneté ivoirienne. D`où la crispation politique qui a rythmé les dix années de mandat de Laurent Gbagbo et conduit à cette forte mobilisation contre sa candidature au scrutin du 28 novembre 2010. La suite, on la connaît. Au moment où il est question pour le Fpi de signer son retour dans le paysage politique, les exilés du Ghana devraient peut-être revoir leur copie. Autre plaie à soigner dans la perspective de la rédemption , cette propension à se mur(er) dans l`idolâtrie, le culte de ses fondateurs . A force de déifier son leader, Laurent Gbagbo, il ne s`est trouvé personne au sein du Fpi pour lui dire qu`il avait perdu les élections du 28 novembre 2010 et qu`il devait en tirer toutes les conséquences. Prisonnier du culte du leader, tous ses proches se sont faits complices de sa tentative de renverser les résultats du scrutin présidentiel à son avantage. Et partant de faire le lit de la tragédie dont le pays se relève difficilement. Pour un Fpi nouveau, il faut rompre avec ce culte de l`idolâtrie. Encore faut-il qu`on ne soit pas réfractaire à tout changement.
Assane NIADA

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