lundi 7 novembre 2011 par Libération

C'était il y a sept ans, autant dire hier pour ce soldat qui a requis l'anonymat. Il y a quelques jours, raconte-t-il, un avion est passé au-dessus de ma maison, dans le Sud-Ouest, je me suis tout de suite accroupi pour me planquer. Ma femme a été obligée de me prendre dans ses bras pour me calmer. Le 6 novembre 2004, cet homme, aujourd'hui trentenaire, était consigné sur la base militaire française de Bouaké, quand un avion du régime de Laurent Gbagbo a lâché deux paniers de roquettes. Bilan : neuf morts et une quarantaine de blessés parmi les soldats français, dont une dizaine grièvement. La plus lourde perte pour l'armée depuis l'attentat contre l'immeuble Drakkar, à Beyrouth, en 1983.
Déployés au sein de la force de maintien de la paix Licorne, ces militaires s'attendaient à tout. Sauf à être ciblés. A mes côtés, quatre de mes camarades sont décédés, ils ont involontairement sauvé ma vie en faisant écran avec leurs corps, se souvient-il. Invalide de guerre, il porte une vingtaine de cicatrices sur le corps, et a sauvé de justesse son bras gauche. Je ne suis plus que la moitié d'un soldat, souffle-t-il.
Mais pourquoi ses frères d'armes sont-ils morts ? Pourquoi ont-ils été sciemment visés par un avion du président Gbagbo ? Sept ans après les faits, les survivants, et les proches des victimes, ne le savent toujours pas. Entravée dès le départ, l'enquête diligentée par la justice française, suite à une plainte contre X pour assassinat et tentatives d'assassinat déposée début 2005 par des familles, est au point mort. Le juge du tribunal aux armées de Paris, Frédéric Digne, est souffrant depuis des mois. Quand son mandat s'achèvera l'an prochain, il sera le troisième magistrat à quitter son poste sans avoir pu clore l'instruction. Un quatrième prendra la suite et devra redémarrer de zéro.
En colère ou dépités, les familles et une poignée de soldats ont décidé de rompre le silence. On attend. On a l'impression que cela n'aboutira jamais, déplore Michèle ... suite de l'article sur Libération

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