vendredi 11 novembre 2011 par Nord-Sud

L'engagement, pris par les syndicats de bouchers devant les autorités, n'a rien changé sur le marché. Les prix de la viande de b?uf sont toujours en hausse.


Une signature pour rien, un grand coup d'épée dans l'eau. Si les ménages s'attendaient à une baisse des prix de la viande de b?uf, depuis samedi dernier, ils peuvent déchanter. La désillusion est d'autant plus grande que la réalité du marché reste implacable. Cinq jours après l'accord conclu entre le ministre du Commerce et les syndicats de bouchers pour obtenir une chute des prix de cette protéine animale, rien n'a véritablement changé. Les opérateurs de la filière bétail-viande n'ont pas respecté l'engagement pris devant les autorités puisqu'ils continuent de maintenir leurs tarifs aux niveaux habituels, désolant du coup les nombreux consommateurs.

Mauvaise foi ?

A l'abattoir de Port-Bouët, ce mardi 8 novembre, le kilo de viande de b?uf sans os est vendu à 2.200 Fcfa alors qu'il devait être compris entre 1900 et 2.000 Fcfa, selon l'accord. Celui de la viande avec os a gardé la même tendance. Au lieu d'un prix situé entre 1600 et 1.800 Fcfa, les bouchers le cédaient à 2.000 Fcfa. Sur place, les détaillants estiment qu'il est hors de question de consentir à une baisse tant que les grossistes ne donnent pas en amont un signal fort. On nous apprend que le ministre du Commerce a signé un accord avec les syndicats. Mais, nous continuons de prendre le prix de gros à 1.800 Fcfa le kilo. On se demande sur quelle base ce protocole a été paraphé, s'interroge Moumouni T., détaillant à l'abattoir de Port-Bouët, visiblement dépité. Un tour à la salle d'abattage des animaux permet à l'équipe de reportage de constater la réalité. C'est dans ce grand bâtiment vétuste, d'où se dégage une forte odeur, que la protéine est livrée en gros. Là-aussi les prix n'ont connu aucun changement. Fousséni K, un grossiste, donne les raisons du maintien de l'envolée des prix. Selon lui, du fait de la Tabaski, les coûts du transport ont flambé, dépassant parfois le triple. Les camions qu'on louait à 300.000 Fcfa avant la Tabaski, sont passés à 1,5 million Fcfa. Dans ces conditions, je suis obligé d'en tenir compte dans la vente du bétail, fait-il remarquer. Comme il y a trois mois, lors d'une rencontre avec la tutelle, le bouvier est revenu sur le faible approvisionnement du marché en bétail dont le prix avoisine 400 à 500.000 Fcfa la tête et le coût des intrants notamment les aliments tels que la mélasse et les tourteaux de coton. Sans omettre les pratiques mafieuses des intermédiaires véreux. Toute chose qui rend hostile le circuit ivoirien. Conséquence, de nombreux importateurs préfèrent s'orienter vers les corridors des pays-voisins. Cependant, il reconnaît que le racket et les tracasseries ont nettement diminué du fait de l'engagement ferme du gouvernement avec la limitation stricte du nombre de barrages. Quand on sait que ces faux frais engloutissaient par camion au moins 300.000 Fcfa. Malheureusement, l'amélioration de la fluidité routière du fait de la volonté politique des autorités du pays n'a pas encore produit l'effet escompté sur les prix de la viande. D'autant que sur les autres marchés du district d'Abidjan, la fièvre est toujours perceptible. D'Adjamé à Abobo, si le kilo de viande de b?uf avec os affiche 2000 Fcfa, celui de la viande sans os est respectivement vendu à 2.200 et 2300 Fcfa dans ces communes. Cela suffit pour soulever la colère des ménages. Mme Koffi Jeanette, secrétaire dans une structure de la place, rencontrée au Forum des marchés d'Adjamé ne cache pas son mécontentement.

La colère des ménages

Nous ne comprenons pas pourquoi les prix n'ont pas connu de baisse malgré les assurances données par le ministre du Commerce. Ce n'est pas normal. Les opérateurs de la filière bétail doivent tenir compte de la souffrance de la population, fragilisée par la crise postélectorale, argumente-t-elle. L'Association des consommateurs actifs de Côte d'Ivoire de Marius Comoé qui a pris part aux discussions avec la tutelle, dénonce plutôt la mauvaise foi des bouviers. Nous dénonçons la mauvaise foi des commerçants qui ont signé un accord qu'ils ne respectent pas. Le gouvernement a fait sa part en prenant des mesures importantes. Et, les opérateurs le reconnaissent eux-mêmes. Donc, qu'ils arrêtent de jouer au double-jeu avec les autorités et la population, fustige-t-il. Convaincu que les bouviers veulent pousser les consommateurs à bout. On ne peut plus nous brandir le prétexte des tracasseries et du racket puisque tous les barrages ont été levés. D'ailleurs, des escortes sont organisées en vue d'un bon convoyage du bétail. Qu'est-ce qu'ils veulent à la fin?, tempête Marius Comoé. Si cette situation perdure, nous allons appeler les consommateurs à boycotter les produits du bétail et ramener les opérateurs de la filière à l'ordre, prévient-il. Joint au téléphone, un responsable du cadre de concertation estime que le ministre du Commerce, Dagobert Banzio est préoccupé par cette situation. D'autant plus que les syndicats de bouchers lui ont donné des garanties quant au respect des nouveaux prix.


Cissé Cheick Ely

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