vendredi 14 septembre 2012 par Nord-Sud

Et ils se reprennent à rêver A peine la Cour pénale internationale (Cpi) a annoncé une audience à huis clos pour débattre de la santé de Laurent Gbagbo que ses partisans annoncent sa libération imminente. Selon eux, la juridiction internationale conclura à la mauvaise santé de leur mentor. Et le remettra en liberté. Grossière erreur d'appréciation, pourrait-on dire. A cette nouvelle montée d'optimiste des proches de l'ex-président, s'oppose cette interrogation : peut-il échapper à la juridiction internationale ? Mais avant de répondre à cette question, une précision s'avère nécessaire. Et elle a de quoi ramener les pro-Gbagbo dans la réalité. Le communiqué de la Cpi signé de la juge Silvia Fernandez de Gurmendi dit ceci : La chambre a décidé de tenir une audience à huis clos, en présence de M. Gbagbo, sa défense, le procureur, des représentants du greffe et les experts désignés par la chambre pour discuter des questions liées à l'aptitude de M. Gbagbo à prendre part aux procédures engagées à son encontre. Vous y voyez une mention, fut-elle ambiguë, à sa libération ? Non ! Parce que le texte n'en fait pas cas. La Cour dit simplement qu'elle se penchera sur la capacité du suspect à être présent aux procédures qui le concernent. Si donc, grâce à une gymnastique juridique, le malade imaginaire arrive à convaincre les juges de son mauvais état de santé, tout ce qu'il en tirerait comme bénéfice c'est d'être absent à l'audience. Car, rien ne dit, et cela ne concerne pas que la Cpi, qu'un ?'criminel'' doit obligatoirement assister à son procès (ici, nous ne sommes pas encore au stade de procès). Le conseil de M. Gbagbo, actuellement payé par l'institution, sera présent. Le vrai débat commence ici. C'est l'audience de confirmation des charges qui dira si un procès doit être ouvert contre l'ancien président. Tous les éléments qui ont déjà été mis à la disposition de la cour internationale portent à le croire. Pour que l'affaire Gbagbo soit ouverte, le procureur Louis Moreno Ocampo a présenté un dossier à la chambre préliminaire III de la Cpi. C'est à la lumière de ces éléments qu'il a été autorisé à enquêter, le 3 octobre 2011. Son travail a abouti au transfèrement du Séplou à La Haye après l'émission d'un mandat d'arrêt par la même chambre le 23 octobre 2011. Il y a là un réel motif d'inquiétude pour ses militants dans la mesure où les preuves qui ont été présentées ne disparaîtront pas. Elles seront plutôt renforcées. Si la juridiction a reconnu qu'il y a matière à ouvrir une affaire sur les crimes de Laurent Gbagbo, par quelle magie celui-ci prouvera qu'il n'a rien à voir avec ces faits ? Quoiqu'il est vrai que le miracle existe. Cependant, les avocats de l'homme, en véritables experts, semblent eux-mêmes penser que la cause est entendue. En témoigne leur stratégie de défense qui consiste visiblement à éviter le procès en jouant le temps. Me Emmanuel Altit après avoir réussi à faire reporter l'audience de confirmation des charges à deux reprises a voulu remettre en cause la compétence de la Cpi. S'il a eu gain de cause pour le premier point, il a été débouté sur le second. Aujourd'hui, il joue la carte de la santé. Mais visiblement, cela ne changera pas grand-chose. Dans la mesure où son client n'est pas obligé d'être présent à l'audience de confirmation des charges. Pareil pour le procès si l'affaire doit aller plus loin.

Bamba K. Inza

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