vendredi 15 fevrier 2013 par LG Infos

12 heures 30 minutes, arrêt de la Sotra, devant l'école nationale de la police et de l'Université Félix Houphouët-Boïgny de Cocody, ce vendredi 7 février 2013, le soleil brille à son comble. Les étudiants qui ont fini les cours quelques heures plutôt attendent en vain un hypothèque bus pour regagner leurs domiciles. L'attente dure. Cela fait plus de 45 minutes que j'attends. C'est comme cela tous les jours. Les bus sont rares. Ces bouts de phrases sont de Rodrigue Kouassi, étudiant en maîtrise d'histoire-géographie. Transpirant à grosses gouttes, il ne comprend pas pourquoi les autobus sont rares à cette heure de la journée, alors que cette heure-là est considérée comme une heure de pointe. Serges Koua Kouadio, étudiant en 2e année de droit, est du même avis. Il explique que cette situation perdure depuis la réouverture de l'Université en septembre. Pour lui, c'est un véritable calvaire qu'ils subissent. Il va plus loin pour ajouter que ce calvaire est ressenti sur leurs études. Car, ils (les étudiants) passent plus de temps à l'arrêt de bus qu'en amphi. J'habite la commune de Marcory. Je passe au moins 45 minutes à l'arrêt à Cocody avant d'avoir un bus pour me rendre au Plateau ou à Adjamé. Là-bas, je dois passer au moins une heure pour avoir un autre bus pour aller à la maison. Une fois à la maison, je me sens fatigué, alors que, je dois étudier pour reprendre le même chemin, le lendemain matin, raconte le jeune homme. Autre lieu, le Collège Méthodiste, en face du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Cocody. Un rang serpenté de plus 300 mètres est visible. Tout ce monde attend le bus n° 85 assurant la ligne Cocody-Yopougon. Il était 18 heures 30, ce même vendredi. Mais, à cette heure-là, aucun bus de pointe le nez. Les passagers sont impatients. Fatigués, certains d'entre eux sont assis à même le sol, en attendant l'arrivée d'un éventuel autobus. Ils grognent comme d'habitude. On souffre. C'est comme cela tous les jours ici. Il n'y a pas de bus. Malgré nos critiques, rien n'est fait pour nous. Je ne sais pas si la Sotra fait express pour nous traiter de la sorte, grogne Sephora Alice, une cliente. Assis sur son sac d'école, un élève dort, sa tête entre ses mains. Fatigué, il scrute l'horizon, car, il ne sait pas à quel moment viendra un bus pour regagner ses parents. Lui, qui habite le quartier Bel air, dans la commune de Yopougon. J'ai fini à 17 heures. Depuis lors, j'attends comme tout le monde. Parce qu'il n'y a pas de bus pour rentrer à la maison, dit-il.
La galère des usagers
Situation identique, à la gare nord d'Adjamé. Ici, le mot calvaire est le quotidien des usagers de la Société des transports abidjanais (Sotra). Alain Poka est employé dans une société maritime basée dans la zone portuaire. Il est un abonné de la ligne 19. Il fait remarquer que les usagers de cette ligne, comme lui, sont obligés de sortir les triceps pour se faire une place dans le bus. Non seulement le bus met du temps avant de venir. Mais, il faut bander les muscles pour avoir y accès, à cause du monde qui attend, raconte l'homme. Qui dit emprunter ce bus depuis 2000. Sur les quais des bus 11 et 26 assurant les lignes Adjamé-Koumassi, de longues files attendent également. J'ai un rendez-vous à 11 heures. Mais, il est 10 heures 30 et le bus 11 n'est pas encore arrivé. Je suis obligé d'appeler pour remettre le rendez-vous à demain matin. Parce qu'il n'y a pas de bus, affirme Abou Traoré. Ami Bamba, une jeune dame, dans le rang ne ménage pas sa colère. C'est dure d'attendre les bus. Or, je n'ai pas d'argent pour aller voir mon père malade, rumine t-elle. Devant ces innombrables difficultés à avoir un bus, les uns et les autres tentent de trouver une solution idoine. C'est le cas de Félicien Yao, étudiant en première année d'Histoire-géographie. Habitant le quartier de la Riviera palmeraie, il préfère rallier à pied sa maison à l'Université Félix Houphouët- Boigny où il fréquente. Il explique qu'il quitte une heure avant les cours à la maison et en moins de 40 minutes, il est à l'Université. Si j'ai par exemple cours à 9 heures, je quitte la maison à 7 heures 45. Et en moins de 30 minutes, j'arrive sur le campus. Or si je voulais attendre un bus, c'est sûr que je serais en retard, dit-il. Mlle Corinne Kassy Adjoua, en maitrise de criminologie, préfère choisir la voie de l'auto-stop. Je tente très souvent de faire de l'auto-stop, lance-t-elle. Habitant la cité Feh Kessé, sur la route de Bingerville, elle préfère jouer à ce jeu en espérant bénéficier de la gentillesse d'un conducteur pour la déposer à l'école. Cela marche très souvent, confie-t-elle. Car, selon elle, un gentil monsieur la prend et la ramène tous les jours. Contrairement à ces étudiants chanceux, d'autres sont obligés d'emprunter le gbaka. C'est le cas de Traoré Mamadou. Sachant qu'il y a un problème de bus, j'emprunte très souvent le gbaka, dit-il. Habitant le quartier des 220 logements, dans la commune d'Adjamé, il est plus facile, selon lui, d'emprunter le gbaka pour se rendre au campus. Du côté de la Société des transports abidjanais (Sotra), la direction enseigne la culture de la patience à la clientèle. Elle prévoit d'ici peu, 1000 autobus et une vingtaine de bateaux bus flambant neufs aux Abidjanais. Ce, après la signature, il y a de cela quelques semaines, d'un prêt de 15 milliards de Fcfa avec Afriximbank et un apport de 5 milliards de Fcfa de l'Etat de Côte d'Ivoire. Mais, en attendant, la mise en route de cette politique, les usagers eux, continuent de souffrir.

Joseph Atoumgbré

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