lundi 14 septembre 2015 par Reuters

FRANCFORT - Les constructeurs haut de gamme allemands BMW, Mercedes-Benz et Audi recrutent actuellement des spécialistes des logiciels dans l'espoir de ne pas se laisser doubler par Google et d'autres spécialistes des hautes technologies sur le segment jugé stratégique de la voiture autonome.

Le savoir-faire logiciel devient ainsi peu à peu un nouveau champ de bataille pour les groupes automobiles et ceux de la "high tech", qu'il s'agisse de gérer les batteries, d'assurer la liaison entre la voiture et les "smartphones" ou d'activer automatiquement le système de freinage lorsqu'un obstacle est détecté.

Les constructeurs allemands cherchent donc à renforcer leurs compétences dans ce domaine pour être en mesure d'offrir à leurs clients de nouveaux services de pointe, comme la conduite autonome ou l'auto-partage, afin de rivaliser avec Google, Uber ou d'autres nouveaux venus.

"Ce que sont en train de faire les entreprises automobiles, c'est de recruter en dehors de l'automobile. Il y a quelques années, certains entreprises automobiles n'avaient pas de département spécialisé dans la voiture connectée. Aujourd'hui, tout le monde en a un", explique Malcom Earp, directeur général de Magma People, un cabinet de recrutement spécialisé dans l'automobile.

En août, BMW, Audi et Mercedes ont conclu pour environ 2,5 milliards d'euros le rachat de HERE, l'activité de cartographie de Nokia, l'emportant ainsi sur des groupes de haute technologie dans un domaine jugé stratégique pour l'avenir des voitures autonomes.

Daimler avait déjà racheté l'an dernier mytaxi et RideScout, deux applications pour smartphones, afin de se renforcer dans les services.

Dernier exemple en date de l'imbrication de plus en plus nette entre l'automobile et la high-tech, Google vient de nommer un ancien cadre du constructeur sud-coréen Hyundai à la tête de son projet de voiture autonome.

DIFFÉRENCIATION

La volonté des constructeurs haut de gamme de renforcer leurs effectifs dans les nouvelles technologies tranche avec la tendance générale à réduire les coûts, face entre autres au ralentissement du marché chinois, le premier du monde.

Les effectifs globaux de BMW ont atteint 119.489 personnes fin juin, un chiffre en hausse de 6,2% sur un an. Et le groupe bavarois a annoncé son intention de poursuivre ces recrutements cette année pour permettre "le progrès de nouvelles technologies, avec un degré toujours plus élevé de numérisation".

Son rival Audi, filiale de Volkswagen, a quant à lui augmenté ses effectifs de 8% sur les six premiers mois de l'année, à 81.640 personnes et prévoit 6.000 autres recrutements "avant tout pour soutenir le développement de technologies pionnières, ainsi que l'expansion de nos sites internationaux".

Chez Daimler, maison mère de Mercedes, les effectifs ont augmenté de 1,6% au premier semestre à 284.441 personnes et ils devraient progresser sur l'ensemble de l'année par rapport à 2014.

Sa filiale de camions Daimler Trucks a racheté en juin Zonar Systems, un spécialiste des systèmes électroniques de gestion de flotte automobile qui offre entre autres des services de connexion par satellite et de diagnostic à distance.

"Le secteur automobile est confronté à un bouleversement important lié à la connectivité et aux technologies de conduite connectée. Ces fonctions vont devenir un facteur important de différenciation", estime Andreas Tschiesner, spécialiste de l'automobile du cabinet de conseil McKinsey en Allemagne.

(Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

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