mercredi 27 janvier 2016 par La Croix.com

De plus en plus de radios privées africaines font jeu égal, voire distancent les grandes radios internationales. De la Côte d'Ivoire au Tchad, en passant par le Sénégal, rencontre avec ces radios 5 étoiles.
Radio Nostalgie, c'est d'abord un immeuble au c?ur du Plateau, dans le quartier des affaires et des administrations de la principale ville ivoirienne, Abidjan. L'entrée évoque celle d'une boîte de nuit à la mode, avec son garde du corps qui filtre les entrées. Couleurs flashy, jeunes gens au look soigné, l'atmosphère de la station évoque la jeunesse, le dynamisme, l'énergie et la joie de vivre.

Fondée en 1993, il y a vingt-deux ans, Nostalgie a longtemps été une radio 100 % musicale, écoutée essentiellement par les jeunes urbains. Après la crise post-électorale de 2010-2011, elle lance des émissions politiques dont le succès est immédiat. Son audience s'élargit à la nouvelle élite du pays et aux expatriés.

Le cocktail gagnant ? Musique, débats, humour. Cette radio donne le ton, capte et sent les tendances, les modes et les nouveautés à Abidjan­ et dans l'ensemble du pays. Son c?ur de cible est la tranche 18-35 ans, mais son audience est plus large : Nous touchons les 15-49 ans , explique le directeur des programmes, Cheick Yvhane, 35 ans, un ancien collaborateur de Radio France Internationale (RFI).

Deux émissions politiques à succès

La grille des programmes alterne des plages 100 % musicales, des émissions de divertissement, des infos people, des scoops, des confidences et surtout, des programmes politiques inédits dans le pays. Dans la semaine, nous avons deux rendez-vous politiques qui marchent très bien , poursuit-il.

Le premier, L'Afterwork , est réputé pour ses chroniques politiques humoristiques et acerbes interprétées par des imitateurs hors pair. Nous faisons ici ce que faisait sur France Inter l'humoriste Stéphane Guillon, dit l'ancien collaborateur de RFI. Tout le monde y passe, du président Ouattara aux figures de l'opposition. Il assure que la radio n'a jamais été inquiétée par un politique ayant peu apprécié un billet ou une chronique.

Nostalgie, radio des grands événements

La deuxième émission la plus écoutée, surtout pendant les campagnes électorales, est Cheick On Air  : On y reçoit les leaders politiques, ils présentent leur programme, leurs projets. Nous discutons à bâtons rompus avec eux et surtout, nous ouvrons notre antenne aux éditeurs qui peuvent poser leurs questions, interpeller l'invité , précise son animateur, Cheick Yvhane.

Organisée, efficace, professionnelle, Nostalgie ne bricole pas. Elle s'est même imposée comme la radio des grands événements, en premier lieu des concerts à ne pas rater. Elle est loin, très loin des programmes et du ton de la RTI, la Radiodiffusion télévision ivoirienne. Loin de la solennité triste et un rien ORTF des médias publics ivoiriens paralysés par le jugement du palais présidentiel et la peur de lui déplaire.

Radio Nostalgie n'est pas un cas unique en Afrique. Sous l'effet d'une nouvelle génération d'entrepreneurs et de journalistes de qualité, de plus en plus de radios africaines s'imposent dans le paysage médiatique du continent, ringardisant les médias officiels et concurrençant les grandes radios internationales comme RFI ou la BBC.

Au Sénégal, RFM, radio réactive

Au Sénégal, c'est RFM qui s'est imposée, en quelques années, comme la radio la plus écoutée. On y retrouve la même recette que sur Radio Nostalgie : musique, conversations, humour. La radio est aussi réputée pour le sérieux de ses émissions, de ses informations et de ses journalistes. Elle occupe un bâtiment moderne et neuf de Dakar, pas loin de la jetée. Studios, bureaux, salles de réunion rien ne distingue cette station de ses cons?urs européennes. Nous proposons une grille généraliste qui privilégie le breaking news (le flash info) : dès qu'il se passe quelque chose d'important, on casse notre programmation, on lance des enquêtes, on crée des débats et on ouvre l'antenne aux auditeurs , explique Alassane Samba Diop, le directeur de la radio, 45 ans.

Cette très grande réactivité est l'une des principales raisons de son succès. Elle est possible grâce à son réseau de correspondants dotés de téléphones portables et de connexion à Internet dans tout le pays. La radio est ainsi alertée avant tout le monde de ce qui se passe : Ils peuvent intervenir en direct à l'antenne, nous envoyer leurs sons que nous montons aussitôt dans notre studio , ajoute Alassane Samba Diop.

Des programmes en wolof, la langue du pays

Pour améliorer leur réactivité, le groupe s'est équipé, cette année, d'une radio mobile : Nous voulons nous rapprocher le plus possible de nos auditeurs, être capables de nous installer partout dans le pays, être capables de monter des émissions en direct dans toutes les régions. Nous le faisons déjà en délocalisant la radio. Mais avec la radio mobile, on gagne en souplesse et en rapidité , souligne le directeur de la radio. Autre singularité de RFM, ses programmes en wolof, la langue du pays. Si les émissions en français marchent bien, celles en wolof font un tabac , souligne-t-il.

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Son rôle lors de la dernière élection présidentielle de 2012 l'a pleinement installée dans le paysage. Grâce à son organisation, RFM a su donner en direct le décompte des voix à travers le pays dans les bureaux de vote, au premier et deuxième tour de l'élection présidentielle : cela rendait difficile toute forme de fraude et de manipulation.

RFM n'est pas la seule radio privée sénégalaise à s'être imposée. Mais c'est la plus efficace et la plus reconnue. Résultat ? Elle distance ses concurrentes, dont RFI, qui n'occupe plus que la quatrième place des radios les plus écoutées au Sénégal. ... suite de l'article sur La Croix.com

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