vendredi 10 mars 2017 par Le Monde Agricole

Reconnaissant la faute de l'acheteur de cacao Ali Darwiche, sa famille a décidé de demander pardon au Conseil du Café-Cacao. Interview avec Maurice Sawadogo, porte-parole de la délégation venue d'Akoupé.

Bonjour M. Maurice Sawadogo. Quelles sont les raisons qui vous conduisent à notre rédaction?

Je voudrais avant tout, dire merci à votre jeune structure, l'Agence Ivoirienne de Presse Agricole ou mondeagricole.net. Vous qui avez décidé de faire la promotion de l'agriculture et des investigations dans ce secteur, méritez d'être salués. C'est une bonne initiative en décidant de vous spécialiser dans l'agriculture. Nous apprécions également le Réseau des journalistes spécialisés en café-cacao et cultures pérennes dont vous êtes l'initiateur. Récemment, vous avez accordé une interview au Président Tapé Do. Après lui, c'est le successeur d'Amouzou Henri à l'Association nationale des producteurs de café-cacao de Côte d'Ivoire (Anaproci) à qui vous avez accordé la parole. Ensuite, ce fut le tour de la Cosaci qui est la Confédération des syndicats agricoles de Côte d'Ivoire. Tous se sont prononcés en condamnant les agissements des grévistes. Je voudrais vous saluer pour l'effort que vous faites. Persévérez car on dit souvent qu'au bout de l'effort, il y a toujours une récompense. Aujourd'hui, c'est à moi que vous accordez la parole afin de me prononcer sur un sujet sensible, l'arrestation de l'acheteur de cacao, Ali Darwiche.

Qui est cet homme ? Le connaissez-vous ?
Je le connais très bien. Il achète le cacao à Akoupé. Il a également des réalisations à Abengourou où je suis basé. Il fait beaucoup pour le monde agricole. Je le connais parce que je suis producteur de cacao et président du Conseil d'Administration de la Société Coopérative des Agriculteurs Agnitiè d'Abengourou (SCOOP 3A). Ce n'est pas dans le cadre de ma société coopérative que j'interviens. En effet, j'ai été envoyé par des chefs coutumiers, des imams et la famille de l'acheteur Ali Darwiche pour rencontrer le Conseil du Café-Cacao pour demander pardon aux responsables de cette structure et surtout au gouvernement. Demander aussi pardon aux nombreux producteurs qui ont été affamés par la faute de l'acheteur.

Que s'est-il alors passé pour que l'acheteur soit arrêté ?

Je ne veux plus revenir sur les faits. Mais le moins que je puisse dire, c'est que la famille Darwiche, les chefs coutumiers et les imams d'Akoupé m'ont chargé de demander pardon aux producteurs, au Gouvernement et à toute la nation à travers Le Conseil du Café-Cacao.

Avez-vous rencontré les responsables du Conseil du Café-Cacao ?
Oui. Nous sommes allés au Siège du Conseil du Café-Cacao, le mercredi 8 mars dernier. Etaient présents Mohamed Darwiche, frère de l'acheteur Ali Darwiche et le président de l'Association des consommateurs de Côte d'Ivoire, Marius Comoé. Nous avons présenté les excuses de l'acheteur au Conseil du Café-Cacao.

Reconnaît-il son erreur alors?
C'est parce qu'il y a eu faute lourde que nous sommes allés demander pardon en présence de son frère Mohamed Darwiche qui a même souhaité que Marius Comoé soit de la délégation. Nous ne sommes pas les syndicalistes qui font du bruit sans être allés à la source. Il y a eu effectivement une dette de la part de l'acheteur. Il y a eu une infraction car il a acheté du cacao sans payer le prix du produit livré. Il est tombé sous le coup de la loi. Au moins, il faut le reconnaître. Nous sommes dans un Etat de droit, un pays organisé avec des structures efficientes. Quand on est en faute on subit la rigueur de loi. C'est le cas de l'acheteur. C'est pourquoi, nous ne sommes pas d'accord avec des syndicalistes qui projettent une grève pour réclamer la libération de Darwiche. Si l'acheteur reconnaît sa faute pourquoi vouloir faire une grève pour réclamer sa libération ? Bref, l'acheteur a commis une infraction qu'il reconnaît. Il était donc important pour les parents de Darwiche, chefs coutumiers et imams de demander pardon.

Qu'est-ce qu'on lui reproche ? Pouvez-vous le dire clairement à la nation ?
Le fait d'avoir acheté du produit sans payer le prix de la livraison et que la dette dure plus d'un mois est contraire à l'article premier bis de la loi 89-521 du 11 mai 1989 relatif à la répression des infractions en matière de commercialisation des produits agricoles. Cet article prévoit des sanctions contre tout commerçant, tout acheteur de produits agricoles qui n'aurait pas payé intégralement le prix des produits livrés aux producteurs un mois après livraison. Or, le cas de M. Ali Darwiche a excédé plusieurs mois et cela a occasionné des troubles, une manifestation des producteurs qui ont bloqué la route internationale de l'Est parce qu'ils réclamaient leur argent à l'acheteur. Le Conseil du Café-Cacao n'a fait qu'appliquer cette loi qui est faite pour protéger les producteurs. Or, nous apprenons que des syndicats se préparent à des manifestations contre la plainte du Conseil du Café-Cacao dans les délégations régionales. Un syndicaliste qui ignore la loi est dangereux pour son pays. Il leur appartient de se former pour connaître l'intérêt de la loi. Le Conseil du Café-Cacao a appliqué la loi c'est tout. Cette loi n'est ni de Massandjé TOURE-LITSE ni du Président Alassane Ouattara. Elle existe depuis 1989. Si les syndicalistes ne veulent pas de cette loi, cela veut dire qu'ils ne luttent pas pour les paysans. Car en réalité, cette loi est faite pour la protection des producteurs. Quant à nous, sommes allés demander pardon parce que la famille Darwiche, les chefs coutumiers et les imams l'ont souhaité. Les imams se sont impliqués dans cette affaire parce que Darwiche est musulman. L'acheteur est en faute, les documents que nous possédons le montrent clairement.

Etes-vous sûrs que l'acheteur Darwiche est au courant de votre démarche ?
J'étais au Conseil du Café-Cacao avec Mohamed Darwiche frère de l'acheteur Ali Darwiche. Il a posé un acte sans savoir qu'il se livrait à la justice. Madame le Dg du Conseil du Café-Cacao a fait preuve de bonne foi. En effet, elle l'a interpellé à plusieurs reprises l'invitant à discuter avant son arrestation. Souvent, l'homme pour qui nous demandons pardon aujourd'hui ne prenait pas le téléphone du DG du Conseil du Café-Cacao. Son frère le reconnaît. Pour finir, cela ressemblait à une arnaque. Et comme c'est le Conseil du Café-Cacao qui est le régulateur, était obligé de porter plainte parce que la situation a bloqué la route de l'Est à cause d'une manifestation des producteurs qui réclamaient leur argent. Souvent, la presse raconte que les producteurs n'ont pas porté plainte. ... suite de l'article sur Autre presse

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