mercredi 15 novembre 2017 par La Synthèse

La Côte d'Ivoire reste le seul pays en Afrique de l'ouest qui ne dispose pas de loi sur la commercialisation et la consommation du tabac, alors qu'en octobre 2013, le chef de l'Etat, Alassane Ouattara, avait signé le protocole sur le commerce illicite du tabac. 4 ans après, les autorités se sont muées dans un mutisme malgré les appels de la société civile qui exige l'adoption d'une loi anti-tabc.
Le projet de loi relatif à la lutte anti-tabac a été visiblement rangé au placard par les autorités ivoiriennes. Face au ravage du tabac, le gouvernement ivoirien avait adopté le 17 décembre 2014, en conseil des ministres, un projet de loi pour accompagner la lutte anti-tabac. Soumis au Conseil économique et social pour avis et observations, ces textes n'ont jamais atterrir sur la table des parlementaires malgré les interpellations des acteurs de la société civile et de certaines institutions internationales, selon nos informations. Pour des responsables d'Ong, l'industrie du tabac y est pour beaucoup dans ce blocage constaté. Les industriels brouillent la lutte en bloquant par diverses méthodes l'adoption de cette loi. Mieux, certains patrons d'industrie du Tabac occupent de hautes fonctions au sein des Institutions étatiques ; ce qui leur permet de tirer les ficelles , confie le responsable d'une Ong sous le sceau de l'anonymat. Pour ce qui est de la lutte contre la consommation et de la commercialisation illicite du tabac, nos autorités trainent les pas. Nous voulons que le processus soit enclenché illico. La Côte d'Ivoire doit pouvoir se doter d'une loi nationale anti-tabac. Nous dénonçons la lenteur et la lourdeur administratives. Le président de la République s'est rendu en octobre 2013 aux Nations unies, pour signer le protocole sur le commerce illicite du tabac. Jusqu'à ce jour, rien n'est fait. Nous voulons dénoncer avec la dernière énergie cet état de fait , a affirmé le patron de l'Ong Flambeau. Joint au téléphone, des responsables du Programme nationale de lutte contre le tabagisme, l'alcoolisme et les autres addictions (Pnlta), structure en charge de la lutte, ont indiqué que le projet de loi peine à être sur la table des députés. Nous savons que le projet de loi a été acheminé au Conseil économique et social. Selon nos dernières informations, le projet serait sur la table du secrétariat du gouvernement. Nous n'avons pas plus de détails , nous confie un responsable du Pnlta. Avant d'ajouter : Il revient à la société civile de se mobiliser pour que cette loi atterrisse sur la table des députés . Pour Tall Lacina, président de l'Ong
Club Unesco universitaire pour la lutte contre la drogue(CLUCOD), cette loi ne se retrouverait pas sur la table du secrétariat général du gouvernement mais plutôt dans les tiroirs de ceux qui n'en veulent pas car adopter cette loi représente un enjeu majeur pour l'industrie du tabac et ses alliés. Nous demandons au chef de l'Etat et au premier ministre de soutenir l'application de la Convention Cadre de lutte anti-tabac de l'Organisation mondiale de la Santé que notre pays a ratifié en 2010, en adoptant, sans tarder, une loi anti-tabac. Cette loi va permettre à notre pays de poursuivre une politique globale dans sa stratégie de lutte anti-tabac et de protéger notre population des conséquences sanitaires, économiques, sociales et environnementales du tabagisme , demande Tall Lacina dans une pétition lance le 27 octobre 2017.

ces chiffres qui interpellent
En Côte d'Ivoire, on estime le taux de prévalence du tabagisme à 14,6 % dans la population générale selon les données de l'Enquête démographique et de Santé (EDS) 2011-2012, avec plus de 5000 décès par an. Selon les dernières études, le tabagisme est incriminé dans 90% des cancers du poumon. A en croire une enquête réalisée en 2005, la prise en charge annuelle des maladies induites par le tabac coûterait 28 milliards de F CFA à la Côte d'Ivoire. Selon Deowan Mohee, Secrétaire exécutif de l'Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (ACTA), la prévalence du tabagisme chez les hommes en Afrique devrait passer de 20,7% en 2000 à 34,7% en 2025 ; au cours de la même période, le nombre de fumeurs passera de 45 millions à 135 millions. La longue histoire de l'exploitation des pays africains par les multinationales du tabac devrait s'arrêter. Les gouvernements ont le pouvoir de le faire. Il faut juste la volonté politique pour faire face à l'industrie du tabac afin d'empêcher l'épidémie de se répandre et sauver des millions de vies sur le continent , prévient le président de l'Acta.

Dimitry Chrysostome

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