lundi 13 mai 2019 par Le Patriote

La cérémonie d'hommage à Abdoulaye Diallo a été une tribune pour le président de la République, Alassane Ouattara, de lever un coin de voile sur sa rencontre avec l'ancien maire de Djékanou. Ci-dessous le discours du chef de l'Etat


Cher doyen, ce n'est pas dans nos us et coutumes qu'à l'occasion d'une cérémonie d'hommage que je demande à prendre la parole. Je l'ai demandé d'abord pour démontrer que non seulement cette cérémonie est une cérémonie d'hommage mais je considère également que c'est une cérémonie familiale. Nous sommes donc en famille et je vous remercie de m'avoir autorisé à prendre la parole.
Nanan Akoua Boni II, Reine des Baoulés ; Baba Diallo, cher doyen ; chers frères et s?urs ; ma chère et tendre Dominique Ouattara, je voudrais considérer qu'à l'occasion de ces retrouvailles, je me dois de faire quelques témoignages pour que les uns et les autres qui connaissent déjà le doyen puisse apprécier à quel point il a contribué à l'évolution de notre beau pays, à la paix en Côte d'Ivoire et surtout son dévouement, sa loyauté à l'endroit du père de la Nation, le président Félix Houphouët-Boigny.

Cher doyen, je voudrais te dire grand merci et faire une révélation d'ailleurs. Quand Hadja Nabintou Cissé (ndlr, mère d'Alassane Ouattara) était vivante, vous étiez voisins. Chaque fois que je revenais de Dakar et que j'allais la saluer, elle me demandait : est-ce que tu es allé saluer Abdoulaye Diallo ? Sidy (président de la FIF, Ndlr) ne manquait pas bien sûr d'être au côté de son épouse puisque Nanan Hadja Nabintou Cissé l'appelait son mari.

Je voudrais dire qu'il y a deux évènements qui m'ont particulièrement frappé pendant ces années qui n'étaient pas faciles. Alors que j'étais gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Bceao), je me souviendrai toujours en 1990, à 6 heures du matin, mon téléphone a sonné. On m'a informé que le président Houphouët m'avait laissé le message que le Gruman 4 piloté par le général Abdoulaye Coulibaly venait de décoller d'Abidjan pour Dakar et qu'il me demandait de rentrer urgemment à Abidjan avant midi ce samedi. Je suis arrivé à Abidjan. C'était un moment de tristesse. La ville était complètement déserte. Personne dans les rues. Le Gruman m'emmène au GATL. Qui m'accueille à ma descente d'avion ? Le doyen Abdoulaye Diallo. Il m'a dit : Petit frère, le président m'a demandé de venir te chercher . Il était lui-même au volant de sa voiture parce qu'en ce moment-là, il ne fallait surtout pas se laisser voir dans une grosse voiture ou dans une voiture de qualité. Il a pris le risque de m'envoyer à la résidence du président Félix Houphouët-Boigny en février 1990. Nous sommes arrivés. Je vais taire le reste de notre rencontre. Mais, c'était un moment douloureux pour ce que le père de la Nation venait de vivre. C'est dès cette période qu'il m'a demandé d'être Premier ministre de la République de Côte d'Ivoire. J'aurai l'occasion de publier mes mémoires sur l'ensemble de ces rencontres quand j'aurai terminé ma mission. Mais, je voulais dire que c'était un moment émouvant. A cette occasion, le président Houphouët-Boigny m'a gardé pendant une semaine. Tous les jours, nous nous voyions pour voir comment il fallait faire pour rattraper les choses. Pendant trois mois, je faisais la navette entre Dakar et Abidjan car, je continuais d'exercer mes fonctions de gouverneur. Je travaillais à Abidjan ; j'arrivais le mardi pour participer le mercredi au Conseil des ministres, faire quelques réunions et le jeudi, je retournais à Dakar pour travailler vendredi, samedi, dimanche et le lundi, je revenais à Abidjan pour apporter ma modeste contribution à la situation difficile que notre pays traversait. Chaque fois, le doyen Abdoulaye Diallo était présent. À chacun de mes séjours, il m'accueillait et me conseillait. C'est la première partie de ce que je voulais donner comme témoignage en indiquant que le président Houphouët a donné tout à la Côte d'Ivoire. Mais, peut-être ce que les gens ne savent pas, c'est que le doyen Abdoulaye Diallo a donné beaucoup au président Félix Houphouët-Boigny et à la Côte d'Ivoire.

Le 2ème témoignage que je voulais faire et tout à l'heure, nous avons vu les témoignages au cours de la projection qui a été faite. Effectivement, au retour de Laurent Gbagbo, le président Houphouët m'a appelé et il m'a demandé de venir. Il m'a dit qu'il reçoit Laurent Gbagbo. Laurent Gbagbo est arrivé avec Dakoury-Tabley. Le président m'a demandé d'être présent avec Abdoulaye Diallo. Nous avons fait l'entretien que j'ai transcrit. Cet entretien sera publié dans mes mémoires le moment venu. C'est dire qu'Abdoulaye Diallo a été un homme de réconciliation, un homme de loyauté, un homme de dévouement. Je voudrais lui rendre hommage et féliciter mon neveu, le maire Ibrahim Diallo d'avoir organisé cette belle cérémonie. Je lui dis que je suis fier de lui, fier de toute la famille, fier de mon neveu Sidy, de mes nièces, de mes petits-enfants. J'ai dit au doyen que nous reviendrons dans quelques années et ce sera pour fêter le centenaire si Dieu le veut !
Je voudrais terminer en priant et en demandant à chacune et à chacun de vous de prier pour que Baba Abdoulaye Diallo ait longue vie et une bonne santé ! Que Dieu continue de lui donner la sagesse, la disponibilité et la loyauté et que Dieu fasse que la Côte d'Ivoire continue dans la paix que nous vivons en ce moment !
Je voudrais saluer tout particulièrement la Reine des Baoulés de s'être déplacée pour cet important évènement !

Merci chers frères et s?urs ! Merci d'être venus honorer mon aîné, mon grand-frère, le doyen Baba Diallo! Merci à chacun et à chacune de vous !

Propos retranscrits par Jacquelin Mintoh