Entre exercer son don, qui est de lire les traits de vie, et donner dans le social à travers son Ong, la Survie, Mme Sidibé Salimata a choisi la seconde option. Et pourtant, avec son don, elle a eu même à lire entre les mains de l'actuel président des Usa. La présidente de l'Ong la Survie avait prédit l'accession de Barack Obama à la tête des Etats-Unis d'Amérique. Avec un tel don, elle aurait pu se bâtir un puissant empire financier. Mais pour elle, cela n'est pas un souci majeur. Cette femme au c?ur sensible préfère plutôt se mettre au service des indigents.
Et si on parlait de votre Ong ?
Notre Ong exercice depuis 2004, et c'est le 2 mai 2009 que nous avons commencé à faire les papiers administratifs. Nous aidons les personnes les plus démunies et nous nous occupons également de la santé, de la pauvreté et de tous ses corollaires.
Avez-vous vécu ces réalités pour que vous vous mettiez au service des personnes défavorisées ?
Je suis issue d'une famille pauvre et je sais ce que la pauvreté peut entraîner dans une famille. Surtout dans la vie active où nous rencontrons de petites filles qui se livrent à la prostitution. Il y a souvent même des pères de familles qui sont contraints d'abandonner leur famille. Des parents qui abandonnent leurs malades dans les hôpitaux. J'ai connu de nombreuses difficultés. Mais, Dieu merci, j'ai pu m'en sortir et m'occuper convenablement de ma famille. J'ai donc décidé de créer cette Ong pour lutter contre la pauvreté. Autre chose, c'est que certains parents au seuil de la pauvreté offrent leurs enfants très jeunes en mariages forcés.
Comment fonctionnez-vous sur le terrain ?
Sur le terrain, ce n'est pas du tout facile, mais nous essayons, de notre mieux, d'aider les gens à survivre. C'est pour cette raison d'ailleurs que l'Ong s'appelle la Survie. Nous essayons de donner l'espoir à ceux qui n'en n'ont pas. Sur le terrain, nous rencontrons souvent des personnes qui sont désespérées. Que l'on prendrait aisément pour des fous, alors qu'elles ne le sont pas. C'est la situation de galère dans laquelle, elles se trouvent qui les rend ainsi. Des personnes sont désespérées de la vie, parce qu'elles se disent qu'il n'y plus rien à faire dans la société.
D'où tirez-vous vos ressources ?
Nous n'avons pas les moyens, mais étant moi-même directrice d'une société que je gère avec mon mari, notre entreprise se charge de rechercher des partenaires à l'étranger pour les petites entreprises. Lorsque nous avons les fonds, nous essayons de les gérer au mieux pour en faire dons aux autres. En sillonnant les hôpitaux pour voir les préoccupations de certaines personnes dans les régions. Quand nous sommes en Europe, nous partageons des flyers et déposons des demandes d'aide dans certains hôpitaux. Par la grâce de Dieu, certaines personnes nous contactent souvent et nous donnent des vêtements, des chaussures.
Je vous vois en photo avec Barack Obama. Est-il votre ami ?
C'est une vieille relation qui nous lie. Nous nous connaissons bien avant qu'il ne décide de se présenter comme président des Etats-Unis. Pour la petite histoire, je partais dans l'Illinois lorsque malheureusement ma voiture m'a lâchée. Il était juste derrière moi et a garé pour me venir en aide. Il m'a aidée en bricolant un peu mon moteur, ce qui m'a permis de rentrer chez moi. C'est ainsi qu'il m'a appelée le lendemain pour s'enquérir de mes nouvelles. Je l'ai ensuite invité et il en a fait de même peu après. C'est comme cela que tout est parti. J'ai pu rencontrer sa femme et ses enfants. Depuis ce moment, nous sommes toujours en contact. Lorsqu'il nous a annoncé sa candidature, nous l'avons tous soutenu. Et aujourd'hui, il est devenu président. Ce n'est pas facile maintenant de le voir, mais lorsqu'il a le temps, nous nous voyons.
Vous qui lisez dans les traits de vie, saviez-vous qu'il allait devenir président ?
Oui, je l'ai encouragé à le faire. C'est au cours d'une causerie que cela est arrivé. Je regardais les traits de mains de ses enfants, lorsqu'il a voulu que j'en fasse autant pour lui. Quand je lui ai dit qu'il allait devenir président, il n'y croyait pas trop. Quand il a pris la décision avec ses amis de se présenter, il m'a même demandé si tous les Ivoiriens avaient le même don que moi. Juste pour me taquiner. Dieu merci, il s'est présenté et a gagné les élections. Après quoi, il m'a invitée à dîner et à discuter
Il s'est souvenu de vous ?
Bien sûr que oui. Tu sais, chez eux, ils ne croient pas beaucoup à la prédication. Cela lui est juste passé par la tête, parce qu'il s'était rappelé qu'il avait une amie qui lui avait prédit cela.
Comment avez-vous eu ce don ?
Un don ne s'explique pas. Même en regardant quelqu'un, je peux savoir des choses sur lui. Ce n'est pas que j'ai un bois sacré ou une marmite quelque part. Que non. Je suis une dame qui a son boulot et cela me gène très souvent parce que lorsque je commence quelque chose, je la termine.
En dehors de Barack Obama, avez-vous parcouru la main d'autres personnalités ?
C'est gênant de dire cela, mais ce n'est pas mon boulot, la prédication. Je ne fais pas de ça un boulot. Mais certains amis qui font partie des personnalités me l'imposent maintenant. Parce que lorsque je lis dans leur main, ce que je leur dit se réalise toujours. Je ne fais pas de médicament ou de fétiche.
Avez-vous hérité cela de quelqu'un de votre famille?
Je ne sais pas, mais cela me vient comme ça. Il y avait l'ancienne femme d'Henri Bourgoin, Fatou Bamba, qui avait son église au Vallon. Elle avait dans le temps dit qu'elle avait vu la Vierge Marie dans l'une de ses statuettes à la maison. Je suis allée une fois chez elle et je vous avoue que cette dernière n'a pas aimé. Car, lorsque je suis entrée chez-elle, je me suis mise à rire quand j'ai vu la statuette qu'elle avait pourtant pris soin de bien habiller, sans savoir pourquoi. J'étais très jeune et je ne savais pas que je possédais un don. La seule question que je me suis posée était de savoir si elle sentait en moi que je savais son secret.
Ce don vous fatigue t-il énormément ?
Oui, parce qu'il y a souvent des choses que je vois, mais que je ne peux dire.
Comment cela se manifeste ?
Le plus souvent, c'est dans mon sommeil. Quand je vois quelque chose, je la vois telle qu'elle doit se passer. Souvent, lorsque je vois quelque chose et que je ne peux pas le dire à la personne à qui cela doit arriver, ça me fatigue beaucoup.
On connaît des personnes qui se seraient mises à exercer ce don là, au lieu de se mettre au service d'autrui. Vous choisissez une Ong au détriment de ce don. Pourquoi ?
Comme je l'ai dit, je suis issue d'une famille très pauvre et personne n'est maîtresse de son destin. J'ai su faire mon petit bonhomme de chemin. L'Ong a été créée pour aider les autres. Avec mon petit don, je vois des cas qui me fatiguent beaucoup. Je vais donc vers des personnes pour leur venir en aide.
Lorsque vous avez des révélations que vous ne pouvez faire, comment gérez-vous cela ?
J'essaie d'aider les gens de mon mieux. A travers les plantes. Je travaille en collaboration avec un monsieur du nom de Traoré, qui soigne l'ulcère de Burili et bien d'autres maladies.
Jusqu'où voulez-vous aller avec votre Ong et pourquoi voulez-vous étouffer ce don ?
Tout simplement parce que je n'ai pas le temps de recevoir les gens. J'ai mon boulot et ma petite famille, ainsi que mon Ong. Avec laquelle je veux aider l'Afrique et particulièrement la Côte d'Ivoire, mon pays. Parce qu'il y a trop de problèmes avec la jeunesse d'ici. Quand celle-ci regarde à l'horizon, il n'y a plus d'issue pour elle. Les écoles ne sont plus au mieux de leur forme. Le boulot n'existe que de nom, puisqu'il n'y en a pas pour les embaucher. Ils sont là et prennent de l'âge. Je prends le cas de la jeune fille, qui se dit par exemple que si elle veut devenir comme les autres, il faut qu'elle passe par la prostitution. Puisqu'elle se retrouve sans emploi. Le message que je veux lancer est que personne ne peut échapper à son destin.
D'aucuns pourraient dire qu'avec ces prédispositions, vous pourriez prophétiser sur la Côte d'Ivoire...
Oui, c'est vrai. Il y a un conseiller à l'époque de Bédié qui s'appelait Balla, pas le Balla Kéita que tout le monde a connu, qui m'avait été présenté par un certain Djabi Kalilou. Je lui ai dit dans le temps qu'il y aurait un coup d'Etat qui allait provoquer des milliers de morts que l'on enterrerait dans des fosses communes. Mais lorsque je l'ai informé, il ne m'a pas crue. Le jour où le coup d'Etat a éclaté, il m'a appelée et j'ai refusé de prendre le téléphone, parce que je n'aime pas que l'on doute de moi. Je ne veux même pas que les gens le sachent. Je sais qu'il ne sait pas où je suis en ce moment. Sinon, il serait venu de lui-même.
La transition est toute trouvée. Nous sommes à l'approche des élections. Quel appel pouvez-vous lancer aux Ivoiriens ?
Je n'aime pas du tout parler de politique, parce que ce n'est pas mon point fort. Mon souhait est que tout se passe dans de bonnes conditions. Je veux que les Ivoiriens soient en paix. Et que les politiciens se disent qu'il y a des familles qui n'ont pas à manger, qui ne savent pas quoi faire. Ce sont des familles qui se débrouillent avec le peu qu'elles ont. Nous ne voulons plus de guerre. Nous voulons la paix et la sérénité, c'est tout. Mon don, même s'il me dit quelque chose, je ne veux pas m'exposer. J'ai foi que tout ira pour le mieux.
Des projets par rapport à l'Ong ?
Nous sommes allés à Korhogo et à Bouaké où il y a des appareils médicaux très endommagés et que je veux réparer ou changer, pour que les gens se soignent au mieux. Le centre de Korhogo est très grand. Mais, il souffre d'un déficit en équipement et en personnel. Or, l'Etat ne peut tout faire. Et c'est à juste titre que nous essayerons, à notre niveau, de faire quelque chose avec notre Ong. Je vous assure qu'à Bouaké, il n'y a même pas de compresses pour nettoyer et pour désinfecter les plaies. Encore moins de boîtes pharmaceutiques. Je veux apporter ma modeste contribution pour aider ces deux centres.
Réalisée par Ange T Blaise
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