C'est une véritable feinte qu'Alassane Ouattara a administré à ses adversaires politiques au sujet de la révision annoncée de la Constitution ivoirienne. Alors que beaucoup s'attendaient à ce qu'il touche certains points sensibles de la loi fondamentale, notamment à des dispositions touchant aux prochaines élections, le président de la République a driblé tout le monde. Il a proposé une réforme légère et touchant uniquement à des réajustements au niveau des institutions sans regarder les textes portant sur les élections. Pourtant, tout semblait partir pour que ces textes soient revus en certaines de leurs dispositions.

La rumeur a pris tous les foyers et faisait débat déjà au sein des états-majors politiques que le chef de l'Etat envisageait d'introduire une disposition sur le parrainage pour être candidat à la présidentielle et une augmentation de la caution fixée pour le moment à 20 millions de F Cfa. Ces questions auraient même été débattues et auraient fait l'objet d'accord au cours du dialogue politique avec l'opposition. Mais, au final, elles ne figurent pas dans les propositions faites par le chef de l'Etat pour la modification de la Constitution. Tout comme la question de la réintroduction de la limite d'âge qui aurait freiné certaines ambitions.

Dans ses récentes sorties, le président de la République avait rassuré que personne ne serait exclu des prochaines joutes présidentielles. Cette promesse, il l'a tenue. Du moins en ce qui concerne le contenu de ses propositions pour la réforme de la Constitution. Il est vrai que les révisions constitutionnelles suscitent méfiance et suspicion, car l'histoire récente de notre pays et celle de bien d'autres ont montré qu'elles ont souvent servi de prétexte pour pérenniser un pouvoir ou pour exclure des adversaires politiques du jeu électoral. Je veux vous rassurer : le projet de révision de la Constitution que je vous soumettrai ne s'inscrit nullement dans cette optique . Un engagement tenu, ce mérite lui réserve une sortie honorable en plus de sa renonciation à un troisième mandat à laquelle certains ne s'attendaient pas.

F.D.B