lundi 23 avril 2007 par Fraternité Matin

L'alliance entre les partis politiques n'est pas une assurance tous risques contre le dégommage des militants. Hier, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, plate-forme du PDCI-RDA, du RDR, du MFA et de l'UDPCI) a été secoué par des grincements de dents. En succédant à Dr Albert Toikeusse Mabri (président de l'UDPCI) à la tête du ministère de la Santé, Dr Allah Kouadio Rémi, membre des instances du PDCI-RDA, n'a pas fait dans la dentelle. Une quinzaine de cadres de l'UDPCI ont été limogés, malgré les protestations du parti guéiste. Aujourd'hui, le Congrès national de résistance pour la démocratie (CNRD, groupe de soutien au Chef de l'Etat et aux institutions républicaines) ne fait pas l'économie de ces crises.
Au ministère de l'Education nationale, l'arrivée de Gilbert Bleu Lainé, vice-président de l'URD, est en train de semer la panique parmi les militants du FPI. Le successeur de Michel Amani N'Guessan veut placer, c'est de bonne guerre, ses hommes aux postes stratégiques. Ainsi, le tout nouveau ministre de l'Education nationale a trouvé un successeur à Konan Ahoutou, directeur des Affaires administratives et financières (DAAF). Il s'agit de Touré Gaoussou, ancien trésorier payeur de Man. Ce dernier n'attendrait plus que le décret pour prendre fonction. L'affaire fait grand bruit. Certains estiment que cette mesure, si elle était appliquée, serait un coup de poignard dans le dos du FPI et du candidat naturel du parti à la prochaine présidentielle. Le DAAF sortant est, en effet, le directeur départemental de campagne (DDC) de Laurent Gbagbo à Bouaké. Dans cet ancien fief de la rébellion, Konan Ahoutou, militant du FPI, est chargé de faire gagner le Chef de l'Etat dans six sous-préfectures: Bouaké, Brobo, Botro, Languibonou, Djébonoua et Diabo. Sa tâche n'est déjà pas facile dans cette zone qui a représenté, jusqu'à une date récente, un bastion du PDCI-RDA qui y raflait tous les sièges électifs. Elle va davantage se compliquer s'il venait à être débarqué. D'une part, cette décision apporterait de l'eau au moulin de tous ceux qui mènent une sourde campagne destinée à accréditer la thèse d'une chasse aux Baoulé dans l'administration, dans les zones forestières de l'Ouest, etc. depuis le décès du Président Houphouet-Boigny. D'autre part, après le tournoi de la réconciliation qu'il vient d'organiser à l'occasion de Paquinou à Botro, le limogeage du DDC du Président à Bouaké le déstabiliserait et le fragiliserait. Pour les populations et surtout pour les adversaires politiques qui s'en feraient des gorges chaudes, cela signifierait sa disgrâce. Il serait ainsi disqualifié et son discours discrédité. Pour cette raison que dans la nouvelle équipe gouvernementale, le FPI n'a changé aucun de ses ministres qui sont tous, à l'exception de Mme Adjobi-Nébout Christine, DDC dans leur région. C'est également pourquoi Pascal Affi N'Guessan, président du FPI, est intervenu afin que Gilbert Bleu Lainé revienne sur sa décision et que le parti et ses alliés accroissent les chances de victoire du Président de la République à la prochaine présidentielle. L'Ouest montagneux, acquis presque majoritairement à l'UDPCI, connaît un maillage politique assez densifié avec la nomination du nouveau ministre de l'Education nationale, afin que le Chef de l'Etat réalise un bon score. Car, si l'ambassadeur Bleu Lainé est de Man où il a été député-maire, Dr Alphonse Douaty, ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques, lui, est de Biankouma, ville natale du général de brigade Robert Guéi.

F. M. Bally

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