vendredi 4 mai 2007 par Fraternité Matin

Quelque cinq cent soixante six personnes représentant 9% des ménages ruraux en Côte d'Ivoire sont dans une situation d'insécurité alimentaire. Quand environ 1 109 600 personnes sont à la limite de cette insécurité.
Une étude menée par le Programme alimentaire mondial (PAM) donne ces résultats et indique que l'insécurité alimentaire est essentiellement due à des problèmes d'accès. Les capacités de production des ménages concernés étant limitées et leurs revenus insuffisants pour acheter le panier alimentaire, du fait de l'exode lié à la crise et des pluies qui tardent à tomber. Accentuant ainsi la sécheresse et la pénurie de denrées alimentaires sur les marchés.
Le manque de pluie apparaît dans la plupart des régions. Cependant il est plus marqué dans la région des Lacs et du Bafing. Toutefois les personnes qui ont des biens et des animaux ont, en général, une meilleure situation alimentaire.
Selon le PAM, la sécurité alimentaire de la famille influe sur les taux de scolarisation des enfants en âge d'aller à l'école qui varient, en revanche de manière significative , par rapport aux régions. Ces taux sont nettement plus faibles dans les régions au nord de la zone de confiance. Les raisons, note le Programme alimentaire mondial, sont la participation des enfants aux travaux agricoles, le manque d'intérêt, de frais de scolarité et d'enseignants.
Les modèles de consommation alimentaire illustrent, par ailleurs, un niveau très bas de diversité alimentaire avec du poisson, consommé probablement en faible quantité. Une des raisons de la prévalence de la malnutrition. Notamment au niveau des enfants de moins de 2 ans chez qui des pratiques inappropriées d'alimentation sont un élément principal de cette malnutrition.
L'insuffisance des soins de santé maternels et infantiles montre également une corrélation entre l'utilisation alimentaire et la malnutrition. Au regard de l'enquête MICS-3 de l'UNICEF sur la nutrition qui révèle que le taux d'allaitement exclusif (4%) est extrêmement bas.
Les populations rurales ne font pas de l'insécurité alimentaire un drame, étant donné qu'elle est assez localisée. Seulement, une proportion significative des ménages dans le Moyen Cavally l'a signalée comme un choc.
Face à l'insécurité alimentaire, des partenaires, tels que le Japon, l'Union européenne, la France et les Etats-Unis interviennent aux côtés du PAM. Le 9 avril dernier, la représentation du Programme alimentaire mondial des Nations unies en Côte d'Ivoire a réceptionné 6 800 tonnes de farine de maïs. Une contribution de 4,9 millions de dollars (2,5 milliards de FCFA) du département américain Food-for-peace . Elle permettra de compléter le panier alimentaire de l'Intervention prolongée de secours et de redressement du PAM. Mais aussi de renflouer le stock de céréales, de 6 810 tonnes de farines de maïs supplémentaires reparties dans les villes de Man, Guiglo, Bouaké, Korhogo et Dabou.
Du reste, 2 135 tonnes supplémentaires de riz, d'une valeur de 910 millions de FCFA, donation substantielle du gouvernement du Japon devront être livrées au mois de juillet prochain. Ainsi, quelque 810 000 bénéficiaires, notamment des écoliers, des personnes déplacées, des familles d'enfants souffrant de malnutrition, des ménages affectés par le VIH/SIDA et des patients d'hôpitaux, rendus vulnérables par la crise, pourront être nourris.
Cette nouvelle contribution, indique Abdou Dieng, le Représentant du PAM en Côte d'Ivoire, porte l'aide du gouvernement américain au Programme alimentaire mondial à 17,6 millions de dollars (9 milliards de FCFA), soit 40% de l'ensemble des donations reçues à ce jour pour la Côte d'Ivoire depuis mars 2005 .
Ce geste est perçu par SEM Aubrey Hooks, ambassadeur des Etats-Unis en Côte d'Ivoire, comme un devoir de la communauté internationale d'aider à réduire la faim et la pauvreté dans le monde, en allouant une partie de ses richesses, aussi infime soit-elle, pour répondre au besoin élémentaire de se nourrir .

Option : Le sens d'une évaluation

L'élaboration de la réponse la plus appropriée pour les interventions à venir est, de l'avis d'Abdou Dieng, le Représentant du PAM en Côte d'Ivoire, à la base de l'évaluation approfondie de la sécurité alimentaire qui a été menée en septembre et octobre 2006.
Du fait de la crise, la pauvreté en Côte d'Ivoire touche 48,8% de la population en 2006, selon le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Aussi, se classe-t-elle 164ème sur 177, en terme de développement humain.
L'enquête a été menée depuis 2004 par le PAM pour une intervention prolongée de secours et de redressement (IPSR), couvre le nord et le centre du pays. 1000 ménages des régions du Bafing, Worodougou, Moyen Cavally, Denguélé, N'zi Comoé, Zanzan, Haut Sassandra, de la Marahoué, des Lacs et des Savanes.
Auparavant, une étude de vulnérabilité a été effectuée, également en 2004, dans les régions des 18 montagnes et de la Vallée du Bandama. Une analyse des données de cette étude ayant été intégrée aux résultats de l'enquête réalisée par le PAM. Avec un appui technique de la FAO, le co-financement de l'ECHO, une branche humanitaire de l'Union européenne et de l'Agence suédoise de coopération internationale au développement (ASDI).

Focus : Le Moyen-Cavally, la région la plus touchée

Avec 43% des ménages en insécurité alimentaire, le Moyen-Cavally est la région la plus touchée. La raison principale est le fait, pour des allogènes, de retrouver leurs terres favorables aux cultures de rente.
Des travailleurs venus de la sous-région, notamment du Burkina, mais aussi des régions ivoiriennes comme celles du N'Zi-Comoé et du Bandama, notamment des Agni, Andoh et baoulé, étaient confrontés, dans le Moyen-Cavally, à des problèmes liés au foncier rural.
La crise viendra accentuer ce phénomène socio-économique. Au point que, depuis presque cinq ans, les plantations de produits vivriers ne sont que des étendues de jachère. Avec la fuite des planteurs du Moyen-Cavally vers leurs régions d'origine.
D'où l'insécurité alimentaire qui a gagné cette région. Elle est d'ailleurs suivie de la région des Montagnes (40%), de celles du Denguélé (35%), du Bafing (33%), de la Vallée du Bandama (28%), du Haut-Sassandra (26%) et des Savanes (22%).
Les taux de malnutrition aiguë, curieusement, atteignent des proportions assez élevées par rapport à la moyenne nationale dans le nord (13,6% de malnutrition aiguë modérée et 3% sous sa forme grave), dans le centre-nord (11,6 % de malnutrition aigüe modérée et dans l'ouest) de la Côte d'Ivoire. Où, pour la forme modérée, le taux est de 7,6%.

Repères

Modèles. Les ménages en insécurité alimentaire, selon leurs modèles de dépenses, achètent principalement du riz. Ces dépenses, par tête, font un peu plus de la moitié de ce dont disposent les ménages en bonne sécurité alimentaire.

Chocs. 45% des ménages ont révélé avoir subi un choc au cours des 12 derniers mois. Pour eux, les trois chocs les plus importants sont la maladie grave ou le décès d'un ou de plusieurs membres actifs du ménage etle manque de pluie.
Ernest Aka Simon

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