jeudi 24 mai 2007 par Fraternité Matin

L'ancien député de Didiévi explique sa mésaventure de Raviart et accuse l'ancien ministre Ahoussou Jeannot de complot. Des informations nous parviennent faisant état de ce que des populations se sont opposées à votre arrivée à Raviart il y a quelques jours. Mais vous ne semblez pas partager ces informations. Qu'en est-il?
Je ne me connais pas d'ennemi dans aucun village de Didévi. Au contraire quand j'y arrive, c'est avec ferveur qu'on m'accueille parce que tout le monde y est convaincu de la véracité de mon action qui est une action de développement. Aujourd'hui, je suis au FPI parce que le Président Laurent Gbagbo a commencé à électrifier à la fois trente-trois villages dans notre région. Ce sont des actions que nous avons demandées en leur temps mais sans succès. J'ai donc décidé de travailler à ses côtés en même temps que j'implante le parti chez moi. Raviart, c'est le village de l'ancien ministre Ahoussou Jeannot. C'est lui qui a demandé à sa garde constituée de Dozos armés, de m'empêcher d'entrer dans son village. C'est lui qui a monté les jeunes. Mais je dis que ce n'est que partie remise car je vais y arriver. Vous avez donc été empêché d'entrer à Raviart comme l'indiquent nos informations ?
Le bureau national de la Jeunesse du FPI (JFPI) avait mandaté des délégations pour aller redynamiser ses bases à l'intérieur du pays. La délégation de Didiévi était conduite par le camarade César Kouamé, accompagné du camarade Kouassi Kra, un fédéral JFPI de Tanda. J'étais de la délégation parce que j'avais une tâche précise : les encadrer et les aider à réussir leur mission. Nous avons parcouru tous les villages où nous avons été accueillis avec ferveur et enthousiasme. Nous avons relevé que ma présence dans la délégation de la JFPI était utile à cette tournée. Car dès que les populations ont appris que je faisais partie de la délégation, elles se sont mobilisées toutes ; ce n'était pas une affaire de jeunes seulement. Mais le 4 mai, alors que nous bouclions la mission, j'ai été surpris de voir à Raviart, des jeunes gens ivres et surchauffés, armés de machettes, de pistolets et autres fusils, accompagnés du Dozo de Ahoussou Jeannot, empêcher notre délégation d'entrer dans le village. Quand nous avons voulu savoir les raisons de leur action, ils ont répondu que nous n'avions pas de permission pour entrer chez eux. J'ai alors demandé avec qui nous devions avoir la permission. Ils ont rétorqué que c'est avec l'ex-ministre Ahoussou. C'est qui le ministre Ahoussou ? Est-il le maire de Raviart ?, ai-je demandé. Les militants FPI du village qui nous attendaient sont venus nous rejoindre à l'entrée pour contre-carrer les gens de Ahoussou. Alors, je les ai appelés au calme et à éviter la riposte. Raviart est en ex- zone de confiance qui n'a pas encore de brigade mixte. Un affrontement entre des populations pourrait être difficilement maîtrisable sans forces de l'ordre. Nous sommes dans un processus de paix qui a besoin d'être ménagé. J'ai donc demandé à nos militants de rentrer chez eux, de ne pas se décourager, car nous repartirons installer le bureau local de la JFPI. C'est ce qui a été fait et nous avons rebroussé chemin. Nous en avons informé le sous-préfet qui a dit qu'il ne dispose d'aucun militaire pour nous protéger compte tenu du fait que la zone n'est pas encore totalement libre. Il a même trouvé que notre décision d'éviter l'affrontement était sage. Bien des villages étaient prêts à forcer les portes de Raviart ; je me demande ce que serait ce village aujourd'hui si nous n'avions pas évité de répondre à la provocation des jeunes montés par Ahoussou. A vous entendre, on a le sentiment que vous dénoncez plus l'incident que les écrits du journal. Le journal a écrit que le fédéral Beugré Dacoury était avec moi. Cela est faux. Et je n'étais pas en campagne comme il l'a écrit. J'accompagnais une délégation de la JFPI. Notre correspondant a relaté les faits. Il a cité des gens qui disent que c'est votre personne qui était visée et non la délégation du FPI.
Justement, c'est ce que je refuse. Rendez-vous à Raviart et interrogez Tanoh François (que votre correspondant dit voir interrogé) ou tout autre habitant de Raviart sur ce qu'on me reproche dans ce village. En réalité, on ne me reproche rien. Je répète que c'est Ahoussou Jeannot qui a demandé aux enfants de m'empêcher d'entrer dans son village. Pourquoi M. Ahoussou Kouadio vous empêcherait-il d'entrer dans son village?
Il faut que Ahoussou cesse de terroriser les gens. Je ne suis pas le seul et je ne suis pas le premier. Je suis la troisième personne qu'il terrorise. Mais moi, j'avertis que j'irai rencontrer les chefs, convoquer Tanoh François et il dira ce qu'il me reproche. Si j'ai tort, je lui présenterai mes excuses. Mais peut-être que j'aurai raison et il me présentera ses excuses. Je suis un homme politique et non un assassin ou un bagarreur. Que Ahoussou ait le courage de m'inviter à Raviart et qu'il me dise ce qu'il me reproche devant ses parents. Mais si c'est parce que je soutiens le Président Gbagbo, que j'ai envoyé les Baoulé lui dire merci d'avoir érigé Didiévi en département contre son gré et qu'aujourd'hui, il se presse pour être élu président du conseil général, si c'est pour cela qu'il m'en veut, alors qu'il sache qu'il n'aura rien. Je le battrai proprement à la députation et au conseil général. Voulez-vous dire que vous serez candidat ?
Oui, pour le compte du FPI, et je battrai Ahoussou Kouadio.

M. Ahoussou ne vous fait-il pas tacitement la guerre du PDCI dont vous étiez militant et qui peut penser que vous l'avez trahi?
Je crois que je n'ai trahi personne. J'ai voulu jouir de ma liberté. Houphouet-Boigny étant mort, chacun de nous se cherche. Mais moi, on m'a empêché de développer Didiévi. Le président Bédié est encore vivant. Il sait ce que je lui ai demandé pour Didiévi et il sait ce qu'il a donné. C'est pour cela que je suis parti du PDCI et je suis avec le Président Gbagbo pour développer chez moi. Je dis et je soutiens que nos devanciers n'ont pas permis au PDCI de développer Didiévi. Qu'est-ce qui empêchait Léon Konan Koffi en tant que ministre de l'Intérieur, ministre de la Défense, ministre des Cultes, de demander à Houphouet ou à Bédié d'ériger Didiévi en département ? Mais alors Gbagbo arrive, on le lui demande, il le nous donne et ils s'en offusquent ! Peut-être que le moment est plus favorable maintenant. Il y a longtemps que le moment était favorable. Permettez que je rappelle un triste souvenir. Toutes les Sode qui ont été créées, Soderiz, Sodesucre, Sodepalm, etc. pour corriger les disparités économiques dans les différentes régions, qu'est-ce que le centre a obtenu ? Rien. Pourtant, nous avons la terre et la canne à sucre et le palmier à huile pouvaient être produits chez nous. Nos devanciers n'ont pas défendu le développement de Didiévi. Je dénonce cela et je me bats pour rattraper le retard que Didiévi accuse. C'est à la fois le procès du PDCI et du Président Houphouet Boigny ?
Houphouet-Boigny a tout donné à Didiévi qui a toujours eu au moins un cadre dans ses gouvernements. Mais ce sont des ministres qui n'ont pas travaillé pour Didiévi. Je me suis mis au service du développement de ma région et ils ne pourront rien contre moi. Ahoussou ne pourra rien contre moi et le FPI regarde nos frères militants qui se sont laissés acheter par lui. En connaissez-vous?
Pouvez-vous avancer des noms?
J'en connais. Mais je ne vous dis pas de nom. Allez enquêter. Allez interroger les militants du PDCI de Didiévi, ils vous diront les noms des militants du FPI qui ont reçu des biens de Ahoussou Kouadio. Ceux-là auront à rendre compte au parti pour leurs agissements. Car le Président Gbagbo s'est battu pour être là où il est. Si nous voulons le suivre, nous devons être corrects et éviter de nous compromettre en allant prendre de l'argent ou autres biens avec nos adversaires.

Interview réalisée par
Abel Doualy et Pascal Soro

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