jeudi 21 juin 2007 par Nord-Sud

C'est la grande fièvre avant les élections. Tous les partis s'agitent et laissent sortir de leurs entrailles des bébés qu'ils n'ont jamais désirés. La crise interne au Rdr (départ de cadres proches d'ADO) permet de revisiter la petite histoire des dissidents des partis politiques depuis la réinstauration du multipartisme en 1990.

Ils s'en vont. Zemogo Fofana, Jean Jacques Béchio, Georges Coffi, Ali Kéita Ils ont fait leurs valises pour d'autres cieux. La crise qui secoue le parti d'Alassane Ouattara n'est pourtant pas nouvelle dans le microcosme politique. Elle apparaît plutôt comme un indice de croissance propre à l'ensemble des formations ivoiriennes.

RDR

Le Rassemblement des républicains est, il faut le rappeler, sorti du ventre du Pdci après la mort d'Houphouet-Boigny. La guerre de succession qui a éclaté au grand jour après la disparition du sage de Yamoussoukro a laissé des traces. En novembre 1994 naissait le Rdr avec comme mentor l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara. Autour de lui de grosses pointures du Parti démocratique de Côte d'Ivoire : Djéni Kobena, Zémogo Fofana, Hyacinthe Leroux, Lazeni Koné, Badobré, Ecrabet et bien d'autres cadres, réunis, pour certains, au sein du courant des Rénovateurs créé avant le congrès de 1990 à Yamoussoukro concrétisent le désapparentement.

Au fil des ans, la petite case a vu quelques uns de ses enfants quitter la cellule familiale des républicains avant l'orage Zémogo. Ben Soumahoro, Abou Cissé, Tousséa, Roger Gnohité ont claqué la porte du Rdr. Big Ben a rejoint le camps présidentiel. C'est aujourd'hui l'une des grandes oreilles du chef de l'Etat, très actif dans le shadow cabinet. Abou Cissé et Tousséa après avoir fait les beaux jours du Rdr-national avec Adama Coulibaly Nibi Zana et Hyacinthe Leroux ont sombré dans l'oubli de l'histoire. Tousséa se retrouve à l'Urd de Danièle Boni Clavérie.

Un autre, Roger Gnohité maire de Gagnoa, au lendemain du 19 septembre 2002, annonce son départ du Rdr. Il est suivi par Thierry Légré, un autre enfant? du couple Ouattara. Ils créent tous les deux l'Union des patriotes républicains et divorcent quelques mois plustard. Aujourd'hui, Thierry Légré a trouvé Dieu quand Gnohité Roger vit le parfait amour avec le Fpi.

PDCI

Autre parti, même décor. Le Pdci continue de subir le diktat de ses dissidents ou ténias, pour emprunter une formule chère aux militants 100%.

Le Pdci- nouvelle vison, piloté en arrière plan par Emile Constant Bombet, menace sans franchir le rubicond. Le courant de Ehoussou Narcisse titille les barons du Pdci.

Djibo Aya Martine, élue député Pdci de Bouaké en décembre 2000, a créé le Parti pour l`unité de la République de Côte d`Ivoire (Purci).

Quant au Rassemblement pour la paix de Laurent Dona Fologo (Rpp), il n'a pas encore d'existence légale en tant que parti politique, mais les ingrédients sont réunis ; les hommes sont prêts à couper le cordon qui les lie ( ?) encore au parti d'Henri Konan Bédié. On retrouve des responsables comme Ouattara Gnonzié, Bernard Dadié Maurice, Seri Gnoléba, Bra Kanon, Danièle Boni Clavérie dans le camp présidentiel. Les deux premiers cités officient au Cnrd.

UDPCI

Après le coup d'Etat et l'avènement du général Guéi à la tête de la junte militaire, les déçus du bédiéisme se retrouvent aux côtés du général. Balla Kéita, Akoto Yao, Alassane Salif Ndiaye, Bleu Lainé, forment un noyau dur autour du papa Noël. Après la chute du pouvoir du général en 2000, sous sa houlette, ils créent l'Union pour la démocratie et la paix en côte d'Ivoire (Udpci). Après l'assassinat du général Guéi lors du déclenchement de la crise politico-militaire le 19 septembre 2002, le parti prend de l'eau de toutes parts. La guerre de leadership et de positionnement idéologique fissure l'?uvre politique de l'ex-président du Comité national de salut public (Cnsp).

Plusieurs d'entre eux quittent le navire pour rejoindre le bâtiment présidentiel.

Oullé Tia Séraphin, élu député de Mahapleu en 2000 sous la bannière de l`Udpci a créé le Rassemblement pour la démocratie et la paix (Rdp). Tia Monné Kamin Bertine, présidente du conseil général de Biankouma depuis juillet 2002, met sur orbite l`Union pour la démocratie totale en Côte d`Ivoire (Udtci). Kahé Kplohourou Eric, ancien ministre du Commerce pour le compte de l'Udpci, fonde l`Alliance ivoirienne pour la République (Aird).

Danièle Boni Claverie, vice-présidente de l`Udpci a mis en place l'Union républicaine pour la démocratie (Urd). Ahipeaud Martial, l'ancien leader estudiantin, proche du général Robert Guéi est le président de l`Union pour le développement des libertés (Udl).

FPI

Le Front populaire ivoirien qui apparaît comme le fleuve vers lequel charrient toutes les eaux des autres partis a connu le même sort que le Rdr aujourd'hui. Qui ne se souvient du courant conduit par Don Mello, Bamba Maurice et qui a abouti finalement à la création de La Renaissance que dirige aujourd'hui Robert Guéi Bombet et son épouse Guéi Valère. Bien qu'il soit retourné à la maison (Don Mello est le patron du Bnetd), son départ fracassant du FPI avait à l'époque ébranlé la bannière bleue et rose.

Le Parti ivoirien des travailleurs (Pit) n'a pas échappé au schisme. Assoa Adou et Akoun Laurent ont été les premiers illustres partants. Ils sont aujourd'hui cadres au Fpi. L'ancien ministre des Transports Kabran Appia a créé l'Alternative citoyenne après des différends avec le Pr Francis Wodié. Le député William Attebi a aussi quitté la maison des travailleurs pour le Fpi.

Toutes ces querelles et dissidences donnent une leçon de vie aux Ivoiriens. Passé le temps de la lune de miel, des enveloppes pleines de billets de banques, les amis et les dieux d'hier deviennent des monstres à abattre. Ne demandez pas à un politicien ivoirien de parler conviction politique. Il préférera toujours le coffre-fort.

Assoumane Bamba

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