lundi 25 juin 2007 par 24 Heures

La présidence ivoirienne n'a pas eu de peine à élaborer son projet de dépollution du District d'Abidjan suite au déversement des déchets toxiques du Probo Koala. Ce document de 33 pages ne laisse aucun droit de regard à Trafigura pourtant unique bailleur de fonds à hauteur de 250 milliards.

A la lecture du dossier monté de façon unilatérale par la présidence ivoirienne, la réponse de Trafigura ne pouvait être qu'un refus.
Un document de 33 pages ficelé de façon à placer le palais au c?ur de la gestion des fonds réclamés pour la dépollution du District d'Abidjan.
Dénommé projet de dépollution du District d'Abidjan suite au déversement des déchets toxiques du Probo Koala, il porte sur un ensemble de travaux identifiés par la présidence pour un coût total de 250 milliards de nos francs.
150 milliards d'investissement pour la ville de Bonoua Tout porte à croire qu'en redigeant le projet, le chef de l'Etat voulait faire un gros cadeau à ses beaux-parents de Bonoua.
Un investissement important est prévu pour être réalisé dans la ville d'origine de la première dame.
Il s'agit de l'approvisionnement en eau potable de la ville d'Abidjan à partir de la ville de Bonoua, située à plus de 50 kms de la capitale.
Cette opération a été chiffrée à 150 milliards.
Des chapitres ont été identifiés dans la convention, notamment le suivi de l'environnement après l'enlèvement mécanique des déchets, le suivi épidémiologique et socio-sanitaire, l'assistance psychosociale, le suivi des eaux destinées à la consommation et des réseaux d'assainissement, la protection civile, le suivi, le contrôle et la coordination des activités dans le cadre d'un projet.
L'état estimatif du coût de la gestion des risques liés aux événements s'élève, pour les cinq années, à plus de 40 milliards de nos francs.
Ce coût est fluctuant.
Selon le rapport, il peut facilement atteindre 222,44 milliards.
Les justifications sont mentionnées dans le rapport.
Le coût dépend de la réalisation de certains risques importants tels que l'obligation de trouver une source alternative pour alimenter en eau potable la ville d'Abidjan en cas de pollution de la nappe phréatique (150 milliards), l'abattage d'animaux et le déplacement d'importantes fermes d'élevage affectées par les déchets ( 20 milliards) et l' exécution des opérations de dépollution des baies lagunaires et d'un tronçon du collecteur central d'assainissement par des structures locales , lit-on.
Pour le suivi environnemental, la présidence a demandé la somme de 4,35 milliards.
Cet argent devrait servir à financer le suivi stratégique relatif à l'impact des déchets toxiques sur les ressources naturelles.
On trouve, sous cette rubrique, la prise en charge des animaux du Zoo, le suivi de la qualité des eaux de puits et bien d'autres choses.
Le document mentionne surtout qu'il faudra équiper le CIAPOL à hauteur de 10, 80 milliards en vue d'une meilleure intervention sur les sites de dépollution.
Les champs des dépenses sont aussi multiples que divers.
Le rapport n'écarte pas une possible contamination des nappes phréatiques.
Au total, le coût de la gestion des risques ordinaires est estimé à 40,14 milliards de Francs CFA au minimum.
Toutefois, la contamination de la nappe phréatique par les métaux lourds augmenterait ce coût de 150 milliards de francs.
De même le déplacement d'importantes fermes d'élevage pourrait coûter 20 milliards de plus.
Les travaux de dépollution des réseaux d'assainissement et des baies lagunaires pourraient être effectués par des entreprises locales ou par le CIAPOL pour des montants de 1,5 à 10,80 milliards.
Enfin, il est important d'indiquer que ce document constitue une première estimation opérée le 11 mai 2007 par le BNETD et le CIAPOL, en collaboration avec les experts des structures concernées par le projet , conclut le rapport.
Etat estimatif du coût de la gestion des risques liés aux événements.
A la demande des Parties Trafigura et comme suite aux réunions de Paris, (France), l'Etat de Côte d'Ivoire a procédé à une estimation du coût du programme de gestion des risques liés aux événements sur une période de 5 ans.
Ce programme couvre les rubriques suivantes : 1- le suivi de l'environnement après l'enlèvement mécanique des déchets.
2- Le suivi épidémiologique et socio-sanitaire.
3- L'assistance psychosociale.
4- Le suivi des eaux destinées à la consommation et des réseaux d'assainissement.
5- La protection de la chaîne alimentaire.
6- La protection civile.
7- Le suivi, le contrôle et la coordination des activités dans le cadre d'un projet.
Ces activités proposées s'étalent sur une période de cinq (5) ans pour un coût estimatif de 40,14 milliards.
Cependant, à l'?uvre, certaines activités prévues dans ce programme peuvent nécessiter des dispositions particulières de suivi.
Dans ce cas, ces activités peuvent s'étaler sur une période de dix (10) ans.
Corrélativement, le coût de gestion passera de 40,14 milliards à 222,44 milliards.
Le coût de la gestion des risques liés aux événements varie de 40,14 à 222,44 milliards de F CFA.
Ce coût dépend de la réalisation de certains risques importants tels que l'obligation de trouver une source alternative pour alimenter en eau potable la ville d'Abidjan en cas de pollution de la nappe phréatique (150 milliards de F CFA), l'abattage d'animaux et le déplacement d'importantes fermes d'élevages affectées par les déchets (20 milliards de F CFA) et l'exécution des opérations de dépollution des baies lagunaires et d'un tronçon du collecteur central d'assainissement par des structures locales.
Gestion des risques ordinaires.
Les risques ordinaires identifiés dans le cadre de ce programme et le coût de leur gestion sont présentés ci-après et dans les tableaux de synthèse ci-joints.
1- le suivi environnemental Le suivi environnemental vise à juguler les perturbations introduites dans le milieu naturel par le déversement des produits du Probo Koala ; notamment : - Les éventuelles contaminations de la chaîne trophique.
- La dégradation des organismes vivants dans les sols.
- La perte de biodiversité et la disparition des écosystèmes.
- La dégradation des sols.
- La disparition du milieu aquatique.
Le coût prévisionnel des stratégies proposées pour assurer un suivi adéquat de l'environnement naturel est estimé à 4,35 milliards de F CFA sur une période de cinq ans.
La première stratégie qui est relative au suivi de l'impact des déchets toxiques sur les ressources naturelles comporte le suivi de la : - Diversité biologique de la lagune Ebrié et de la rivière Djibi qui ont été les réceptacles d'une part importante des déchets toxiques ; - Diffusion des polluants dans le sol et le sous-sol des zones d'influence des points de déversement ; - Qualité de l'air dans les sites pollués ; - Qualité des eaux des puits ; - Qualité des eaux des baies lagunaires.
La seconde stratégie est relative à la prise en charge médicale et au suivi, sur une période de 5 ans, des animaux du zoo d'Abidjan affectés par les déchets toxiques.
La troisième stratégie se rapporte à la sensibilisation des populations sur la protection de l'environnement et l'hygiène quant à la gestion d'éventuels dépôts de déchets toxiques dans leur environnement.
Cette action s'avère nécessaire du fait de la présence probable de déchets en plusieurs endroits de la ville.
La quatrième stratégie se rapporte au renforcement des capacités individuelles et institutionnelles locales en matière d'environnement en vue de faire face à la découverte de nouveaux dépôts de déchets.
Les baies lagunaires ont accueilli, en même temps que les eaux de ruissellement de la ville d'Abidjan, les déchets toxiques.
Pour faire face à cette situation, des efforts ont été déployés par l'Etat en vue d'équiper le CIAPOL en matériel d'intervention adéquat pour la dépollution de ce type de site.
Les moyens complémentaires nécessaires pour effectuer cette opération sont estimés à 10,80 milliards de F CFA.
2.
le suivi épidémiologique et socio-sanitaire.
Le déversement des produits à proximité des habitations a eu pour conséquence d'exposer plusieurs milliers de personnes à un produit dont la composition chimique n'est pas entièrement maîtrisée.
Plus de 108.
000 personnes ont fait l'objet de consultation dans les centres de santé public.
Ces populations méritent d'être suivi sur le plan médical en vue d'anticiper sur les épidémies et les risques socio-sanitaires.
A cet effet, quatre (4) stratégies, d'un coût global de 12,88 milliards de F CFA sont proposées.
La première stratégie se rapporte à la prise en charge adéquate des personnes exposées à travers la dotation des CHU en aspirateurs et respirateurs artificiels et la réalisation d'examen para-cliniques.
La seconde stratégie concerne la conduite d'un projet de recherche opérationnelles visant à étudier les caractéristiques liées à l'exposition des victimes aux déchets toxiques.
La troisième stratégie porte sur le renforcement des capacités institutionnelles du secteur de la santé.
Il s'agit des projets visant à équiper les SAMU et les CHU en matériel médical, outils informatiques et à renforcer d'une part, la surveillance épidémiologique et d'autre part, le laboratoire de toxicologie clinique et médico-légale du LNSP (Laboratoire national de santé publique).
La quatrième stratégie concerne le développement des structures de veille sanitaire.
Il s'agit des projets de construction et d'équipement d'un centre anti-poison et d'un institut de veille sanitaire.
3.
L'assistance psycho-sociale.
Une grande partie des populations exposées aux déchets toxiques ont subi des préjudices qui se sont transformés en des traumatismes pour lesquels une prise en charge psycho-sociale est nécessaire.
Il s'agit ici de renforcer les capacités d'intervention par la mise en place d'un dispositif de veille et d'assistance psycho-sociale des populations exposées sur une durée de 10 ans, pour un coût global de 721 millions de F CFA.
4.
Suivi des eaux de consommation et des réseaux d'assainissement.
Les déversements incontrôlés des déchets toxiques à divers endroits du District d'Abidjan et leur séjour sur une longue période dans les zones à proximité des champs captant servant à approvisionner en eau potable cette ville de plus de 5 millions d'habitants fait courir des grands risques de contamination aux métaux lourds à cette réserve d'eau.
De même, la lagune d'Abidjan, réserve alternative en eau de consommation de la ville d'Abidjan a été affectée par l'écoulement des déchets toxiques dans la rivière Djibi, sur la route d'Alépé.
C'est dans le but d'éviter l'intoxication des populations suite à la consommation d'eau contaminée que trois (3) stratégies, d'un coût total de 12,49 milliards de francs CFA, sont proposées.
La première porte sur la surveillance de la qualité des ressources en eau exploitable pour la boisson.
Elle se décline en 3 projets visant à renforcer le réseau piézométrique existant, à faire une modélisation prédictive de l'évolution de la pollution dans la nappe et à suivre la qualité de l'eau de la lagune Ebrié.
La seconde stratégie vise à mettre en place des alternatives d'approvisionnement en eau potable des zones à risque.
Cette stratégie comporte trois (3) projets portant sur la desserte des zones à risque non raccordées au réseau public d'eau potable, l'adaptation des filières de traitement à la qualité de la ressource et la mise en ?uvre de certaines mesures d'accompagnement pour alléger les nuisances que pourraient subir les populations.
La dernière stratégie est relative à la protection des eaux de consommation.
Elle porte sur des mesures préventives immédiates d'une part, de lutte contre la pollution des champs captant et spécialement des forages, et d'autre part, le renforcement de la surveillance de la qualité de l'eau distribuée à travers le réseau public.
Il est important de noter qu'en cas de contamination de la nappe par des métaux lourds, la recherche de ressources alternatives dans la région de Bonoua ou à partir du fleuve Comoé s'imposerait.
Dans ce cas de figure, les investissements nécessaires pour assurer un niveau de service acceptable aux populations d'Abidjan sont évalués à 150 milliards de francs CFA.
A ce jour, de nombreux ménages se plaignent encore de remontées d'odeurs spécifiques aux déchets toxiques à travers les points d'évacuation des eaux usées de leurs habitations.
Deux actions sont proposées pour éviter l'intoxication des populations par ce biais.
La première est relative au curage d'un tronçon d'environ huit cents (800) mètres du collecteur central d'eaux usées dont la pente est faible et qui pourrait encore héberger des déchets toxiques.
Le coût total de ces travaux, qui pourraient être effectués par des entreprises locales, est estimé à 1,50 milliard de F CFA.
Il est proposé de surveiller pendant deux ans les réseaux et ouvrages d'assainissement suspects afin de détecter les possibles émanations de gaz.
Cette mesure préventive qui vise à éviter l'empoisonnement des populations est estimée à 150 millions de francs CFA.
5.
La protection de la chaîne alimentaire.
Les déversements de déchets toxiques dans des zones de culture, d'aquaculture et de pêche font courir aux populations des risques d'intoxication à travers la chaîne alimentaire.
Aussi, quatre (4) stratégies d'un coût total de 2,89 milliards de francs CFA sont proposées pour juguler ce risque.
La première qui vise la protection de la population contre les ressources halieutiques contaminées comporte 2 projets.
Le premier projet consiste à assurer la surveillance des plans d'eau et des fermes piscicoles et le second consiste à suivre l'impact des contaminations dans les ressources halieutiques.
La seconde stratégie porte sur la protection de la population contre les productions animales contaminées.
Elle consiste en un projet visant à soustraire les productions animales contaminées de la consommation humaine et à l'évaluation de l'impact des déchets sur les productions animales.
La troisième stratégie se rapporte à la protection de la population contre les cultures maraîchères contaminées.
Cette stratégie comporte un projet d'identification des parcelles de cultures et un projet de suivi de l'impact de la pollution dans les cultures.
La quatrième stratégie qui concerne la coordination institutionnelle, vise à l'amélioration de capacités nationales pour le suivi de la sécurité sanitaire des aliments.
6.
La protection civile.
A ce jour, il est impossible d'affirmer que tous les points de déversement ont été découverts et traités.
Aussi, deux (2) stratégies de renforcement des capacités institutionnelles et opérationnelles d'un montant total de 2,37 milliards de francs CFA, sur une durée de 5 ans, sont-elles proposées pour assurer la protection des populations et le confinement des déchets en cas de découverte de nouveaux points de déversement.
7.
Le suivi et le contrôle du programme de gestion des risques liés aux événements Compte tenu de la diversité des actions à mener, de la durée des projets envisagés dans le cadre de ce programme et conformément au protocole d'accord du 13 février 2007, il est créé un projet de suivi, de contrôle et de coordination des activités qui est rattaché à la présidence de la République et comprendra la présidence de la République, le BNETD et le CIAPOL.
Le coût d'installation et de fonctionnement du projet est estimé à 4,42 milliards de francs CFA pour une durée de 5 ans.
Gestion des risques extraordinaires.
En cas de contamination de la nappe par des métaux lourds, la recherche de ressources alternatives dans la région de Bonoua ou à partir du fleuve Comoé s'imposerait.
Dans ce cas de figure, les investissements nécessaires pour assurer un niveau de service acceptable aux populations d'Abidjan sont évalués à 150 milliards de francs CFA.
De même, en cas de contamination avérée des animaux de certaines fermes à proximité des sites de déversement, le déplacement et la réinstallation de ces dernières coûteraient 20 milliards de francs CFA.
Conclusion.
Au total, le coût de la gestion des risques ordinaires est estimé à 40,14 milliards de francs CFA au minimum.
Toutefois, la contamination des ressources en eau de la nappe phréatique par des métaux lourds augmenterait ces coûts de 150 milliards de francs CFA.
De même, le déplacement d'importantes fermes d'élevage pourrait coûter 20 milliards de francs CFA de plus.
Les travaux de dépollution des réseaux d'assainissement et des baies lagunaires pourraient être effectués par des entreprises locales ou par le CIAPOL pour des montants variant de 1,5 à 10,80 milliards de francs CFA.
Enfin, il est important d'indiquer que ce document constitue une première estimation opérée le 11 mai 2007, par le BNETD et le CIAPOL en collaboration avec les experts des structures locales concernées par le projet.
Cette première estimation des moyens matériels, humains et financiers nécessaires pour une gestion efficace des risques liés aux événements tels que définis d'accord partie, pourrait faire l'objet d'amendement suite aux résultats de la mission d'audit en cours d'exécution et aux découvertes de nouveaux dépôts ou des faits qui pourraient survenir avant la fin des opérations d'enlèvement des polluants sur les différents sites.


Hervé Akaché


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