Des hommes, des femmes et des jeunes aux yeux rougis et larmoyants. Des portails défoncés. Des toitures perforée par des grenades lacrymogènes etc. C`est ce spectacle qui régnait hier à Akouédo extension, un quartier jouxtant la fameuse décharge municipale sur la route de Bingerville. Ce calvaire vécu par les populations, nous a-t-on dit sur les lieux, est le fait des policiers du 18e Arrondissement, de ceux de la compagnie républicaine de sécurité (CRS 1) et de ceux de la brigade anti-émeute (BAE) à bord d`un cargo immatriculé D 48 256. Ces hommes en treillis, selon les propos recueillis, ont d`abord dispersé la manifestation des victimes de déchets toxiques (ils ne sont pas d`accord avec la répartition des fonds de dédommagement de Trafigura faite par la présidence) au carrefour Faya et au carrefour de la décharge avant de s`acharner sur la population dans leur poursuite des jeunes manifestants. Ainsi ont-ils visité plusieurs domiciles, défonçant des portails et jetant des grenades lacrymogènes dans les habitations. Au domicile de M. Zamblé Bi Zamblé, toute la famille a fui la maison. Trois bébés dont des jumeaux vont mal. "Je viens de dépenser 50 035f à la pharmacie pour l`achat de médicaments" nous confie M. Zamblé rappelé d`urgence de son service. Chez les Essan, mme Kouadio Ahou nourrisse est très inquiète pour son bébé qui présente des signes inhabituels. "Emmenez-le vite à l`hôpital" lui conseille une consoeur. Soro Mamdou, un sexagénaire, cardiaque de surcroît a manqué de peu de piquer une crise. " Je ne sais pourquoi on m`a fait subir cela " se lamente le vieillard, les yeux rougis par le lacymogène. " On a fait quoi ? Il faut que Gbagbo nous dise ce qu`on a fait pour qu`il nous gaze. Nos enfants ont manqué d`être étouffés. C`est sauvage ce qu`on a subi " s`époumone l`une des nombreuses femmes du quartier qui avaient envahi les rues. Rencontré, le député Diarrassouba Yacouba, député de Djibrosso-morando, habitant du quartier s`indigne : " Nous sommes des autorités, s`il y a un problème qu`on nous appelle pour qu`on aille discuter au lieu que des policiers viennent agir de la sorte () il y a un qui a voulu jeter une grenade lacrymogène dans ma voiture () ". Sosthène Loroux, responsable des victimes de déchets toxiques du quartier souhaitent que toutes les victimes soient indemnisées. " Si nous avons manifesté c`est parce que nous croyons que c`est du désordre sur tous les plans en ce qui concerne la répartition des fonds ", dit-il. Quant à Yao Pipira Denis, président de la fédération nationale des victimes des déchets toxiques et porte-parole de l`alliance de toutes les associations, il déplore que les concernés qu`ils sont n`aient pas été associés à la répartition des fonds. " Nous avons suffisamment crié. On l`a dénoncé par voie administrative et par voie médiatique, en vain. On a même manifesté le 1er juin. Et voici le résultat. On nous a produit un travail médiocre et les victimes le rejettent " affirme M. Yao. Pour lui la répartition n`est pas acceptable car plusieurs familles ayant perdu l`un de leurs membres n`ont pas été prises en compte. Et l`Etat octroie 68 milliards pour des projets. " Mais la Côte d`Ivoire n`attendait pas ça pour son développement. Ce qu`il y a lieu de faire, c`est d`affecter cet argent à la construction d`un centre pour le traitement et le suivi des pauvres victimes. Et après cela partager le reste de l`argent à toutes les victimes sans sélectionner car les déchets n`ont pas sélectionné les gens ". Et d`ajouter que " les victimes continueront de s`opposer à la décision du chef de l`Etat si rien ne changeait ". A ce propos, Mme Gogoua Rachelle, membre de l`alliance des fédérations des associations des victimes indique qu`avant-hier une délégation de l`alliance a échangé sans succès avec la cellule chargée du dossier à la présidence. Ce qui explique d`ailleurs les manifestations d`hier. " L`argent qui a été dégagé est l`argent des victimes et non l`argent du développement des collectivités territoriales. Encore moins de l`Etat de Côte d`Ivoire " soutient-t-elle. Avant d`annoncer que ces manifestations programmées dans plusieurs quartiers d`Abidjan, visent à appeler " l`Etat à entendre raison et à accepter finalement de discuter sur les critères de la grille de répartition ". Cinq (05) personnes auraient été arrêtées dont un boutiquier battu à sang. " Nous continuerons de nous manifester jusqu`à ce qu`il n`y ait plus de victimes qui survivent ". Parole de Mme Gogoua.
Diarrasouba Sory