mardi 17 juillet 2007 par Nord-Sud

Il a abandonné la seringue pour le micro. Ce doyen de la musique moderne ivoirienne, Amédée Pierre vient d'être immortalisé par Awalet art et culture. Portrait d'un infirmier devenu rossignol. Beaucoup d'artistes n'ont pas eu sa chance. Ils ont souvent rejoint les ancêtres dans l'indifférence totale et très peu ont été décorés à titre posthume. Amédée Pierre, lui vient d'être immortalisé de son vivant. Contrairement aux autres pionniers, Mamadou Doumbia, Okoi Seka Athanase, Zèrè de Papara, Ernesto Djédjé, Lougah François, Jimmy Hyacinthe, Fax Clark et autres le Dopé national vient de recevoir la reconnaissance de la nation. A travers des journées hommages qui ont pris fin vendredi dernier par un concert live, au Palais de la culture de Treichville. Pourtant, Nahounou Digbeu, est venu à la musique par la force des choses, puisque son père Nahounou Vassa, préposé des douanes, voulait qu'il soit médecin. Le malheureux syndicaliste Né le 30 mars 1937 à Patahidé (village de Tabou), Amédée Pierre révèle que son père a toujours rêvé qu'il soit docteur en médecine. Avant qu'il ne rentre à l'école, son géniteur diminue son âge. Pour aller à l'école, mon père était obligé de réduire mon âge de 4 ans. Sinon que je suis né en 1932, rappelle l'auteur de Lorougnon Rabe. En 1949, il découvre la ville de Daloa, la région d'origine de ses parents. Il y vit un an avant de rejoindre son père à Abidjan. Amédée est alors inscrit à l'école Saint Jean-Bosco de Treichville. Il s'en sort avec le certificat d'études primaires. La même année de son succès, il perd Doudou Séry Bitta, sa mère. Affecté au collège classique d'Abidjan (aujourd'hui collège moderne du Plateau), Amédée Pierre obtient son diplôme de premier cycle en classe de 3ème. Toutes ses vacances de la 6ème à la 3ème ont été passées dans la rizière de son père. Peu porté sur les travaux champêtres, le futur artiste passe son temps à fredonner des chansons. Après avoir quitté l'enseignement long, Amédée Pierre s'inscrit au conservatoire du Plateau. Il crée le duo Patrice et Mario avec son ami et homonyme Christophe Digbeu. Les deux compères tournent dans les bals de fin d'année des collèges d'Abidjan, de Grand-Bassam, etc. En 1957, le duo prend fin à cause du départ de Christophe pour la France. Amédée vit une solitude sans précédent jusqu'au jour où son oncle, Abiali Guéï, lui trouve un poste d'infirmier aux grandes Endémies en 1958. Après un stage de six mois, il est titularisé au département lèpre . Cela ne l'enchante guère. En 1959, il est affecté à Dimbokro. Une fois sur les bords du fleuve N'zi, il s'adonne à des activités syndicales qui lui coûtent son poste. Il revient à Abidjan et s'adonne à la guitare et à la chanson auprès de son oncle Abiali Guéï. Son look Revenu à son choix originel, Amédée Pierre se repositionne dans le monde de la musique en terre d'Eburnie. De fait, il ne badine pas avec son look. Il affirme qu'il a deux façons de s'habiller. Lorsqu'il a un concert et quand il est dans la vie normale. L'artiste, dit-il, doit faire une distinction entre lui et son public. Chanter, c'est prier deux fois. Raison pour laquelle, je fais tout pour être en communion avec mes fans de par mon accoutrement. Pour moi, un artiste doit être propre sur scène. Et de poursuivre Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Les jeunes aiment l'extravagance. Ses joies et peines Le Dopé national affirme avec stoïcisme qu'il a deux compagnons dans la vie: les problèmes et les soucis. Par conséquent, il n'y a pas lieu de s'apitoyer sur son sort et pleurnicher. Quand on sait que la vie est faite de haut et de bas. Je n'ai jamais eu de soucis avec mes deux amis que je vous ai cités. J'ai toujours su surmonter toutes les difficultés, révèle-t-il. Avant de se réjouir de toute l'affection que la nation lui donne. Le respect que tout le monde me voue me va droit au c?ur. Je suis heureux d'être choyé par mes fans et l'ensemble de la population. Cela suffit pour moi. Ses relations avec Dieu, ses enfants et les autres artistes Le rossignol révèle qu'il est un croyant et demande de pardonner à tous ceux qui vous offensent. Par contre, il déteste tous ceux qui sont de mauvaise foi. Parlant de ses collègues, il avoue qu'il n'y a pas de nuage. A l'époque lorsqu'un artiste avait un concert, tous les autres venaient à ses côtés pour lui apporter un soutien et lui donner des idées. Il n'y avait pas de rivalité entre nous, déclare-t-il. Avant de regretter la mauvaise santé que connaissent actuellement ses compagnons, les pionniers Aspro Bernard et N'douba Kadjo Simon. Abordant le chapitre de ses enfants (9 au total dont un décédé), il affirme que c'est sa richesse. Je peux mourir pour aller tranquille. J'aime tous mes enfants qui me donnent assez de satisfactions., confie le doyen. Amédée, la mort et la politique Concernant la mort, l'auteur de Séguéla Abou a fait preuve d'esprit philosophique. Je n'ai pas peur de la mort, coupe-t-il. Le Dopé national affirme que la mort est similaire à la naissance où l'on vient à la vie sans savoir ce qui se passe. Sur le plan politique, il confie qu'il est un homme de gauche depuis longtemps avant de révéler : Je suis un militant du Front populaire ivoirien (Fpi). Issa T.Yéo

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