vendredi 20 juillet 2007 par Nord-Sud

Opérations de débauchage, ralliements, déstructuration des partis politiques. Le camp présidentiel a lancé depuis peu une vaste offensive pour s'implanter dans tous les hameaux du pays et réserver un mauvais score électoral à ses adversaires.



Une tempête politique se prépare. Le Front populaire ivoirien (Fpi) a décidé de porter avant l'heure le dard dans le dos de ses ennemis. Le parti de Laurent Gbagbo a lancé depuis peu des opérations de débauchage et de ralliements dans la perspective des élections prochaines. Si ce ne sont pas les individus qui se rallient, ce sont des partis qui se créent avec le soutien financier et la caution morale du pouvoir Fpi. Blé Blé Charles, Kouamé Oi Kouamé, Georges Coffi, des partis issus de l'Udpci et même l'Anci se sont jetés dans le grand fleuve bleu. L'objectif du Fpi est de se consolider et de présenter à l'opinion l'image d'un parti populaire et fédérateur de tous les courants d'idées et de pensée qui traversent la Côte d'Ivoire. Du Nord au Sud, d'Est à l'Ouest en passant par le centre.

La pêche aux personnalités. Elle est méthodique et s'oriente dans toutes les eaux boueuses des partis de l'opposition, notamment le Pdci, le Rdr. Pour certains, c'est le retour à la maison mère, pour d'autres, c'est une nouvelle aventure avec de nombreuses inconnues. L'une des grosses prises de cette opération de déstructuration de l'opposition, reste sans conteste le frère d'Affi N'guessan, Kouamé Oi Kouamé, le président de la commission transports et logistiques du Rassemblement des républicains à Bongouanou. Après un travail politique programmé, des " pressions familiales", le délégué départemental de Bongouanou a quitté le 7 juillet la case de la rue Lepic pour les lambris dorés de la refondation. Le responsable à la mobilisation du Rdr, Georges Coffi, a lui aussi quitté le parti d'Alassane Ouattara pour le Fpi. "Je suis parti au Rdr, j'ai vu et j'ai entendu. Aujourd'hui, je reviens à la maison auprès de mon ami et frère Laurent Gbagbo. N'en déplaise aux esprits chagrins" affirmait-il à la mi-juillet. Il avait claqué la porte au profit du Rassemblement des républicains après une courte escale à l'ex-Renaissance.

Charles Blé Blé, ex-maire Fpi de Saïoua, président de la Nadci-jdp est retourné également au bercail. Comme les deux premières recrues, la responsabilité du Front populaire ivoirien et de celle Laurent Gbagbo sont établies dans ce ralliement. N'importe quel Bété qui se serait trouvé dans ma situation aurait eu la même réaction. C'est pourquoi je suis rentré en brousse. Il a fallu quelqu'un pour aller me chercher. Le 11 août 2006, le président Gbagbo est rentré en brousse pour me chercher. C'est un frère qui est venu rencontrer un autre frère, explique le leader de la Nouvelle alliance démocratique de Côte d'Ivoire pour la justice, le développement et la paix au cours d'une conférence de presse le 11 juillet .

Le camp présidentiel n'a pas recruté seulement au Rdr. Outre Fologo, Lamine Fadiga, Maurice Seri Gnoléba, Ahoua N'guetta des habitués du palais présidentiel, le Pdci a vu sortir de ses rangs ces derniers mois des cadres importants: Tanoh Brou Antoine, premier président du Mouvement des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire ( Meeci) et l'ambassadeur Michel Kangah Atchinkwassi. Tous ont des atomes crochus avec le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo.

La zizanie dans les partis politiques. Pour se consolider, le Fpi ratisse large jusque dans les partis politiques. Il souhaite renforcer davantage son influence à l'Ouest du pays en décapitant l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (Udpci). Après l'assassinat du général Guéi lors du déclenchement de la crise politico-militaire le 19 septembre 2002, la guerre de leadership et de positionnement idéologique a fissuré l'?uvre politique du patron de la transition militaire. Depuis plus de deux ans, des cadres importants de ce parti ont quitté le navire, reconvertir en sous-main par le camp présidentiel.

Oullé Tia Séraphin, élu député de Mahapleu en 2000 sous la bannière de l'Udpci a créé le Rassemblement pour la démocratie et la paix (Rdp). Tia Monné Kamin Bertine, présidente du conseil général de Biankouma depuis juillet 2002, a fondé l'Union pour la démocratie totale en Côte d'Ivoire (Udtci). Kahé Kplohourou Eric, ancien ministre du Commerce pour le compte de l'Udpci, a mis sur pied l'Alliance ivoirienne pour la République (Aird). Danièle Boni Claverie, vice-présidente de l'Udpci préside aux destinées l'Union républicaine pour la démocratie (Urd). Ahipeaud Martial, l'ancien leader estudiantin, proche du général Robert Guéi est le président de l'Union pour le développement des libertés (Udl). Toutes ces formations politiques font partie de la mouvance présidentielle.

Il se susurre que le dernier né des partis politiques, l'Alliance nouvelle pour la Côte d'Ivoire est une création du Fpi dans sa dynamique de reconquête du Nord. En tous cas, la présence des "sorbonnards" et des jeunes patriotes à la cérémonie de lancement du parti de Zemogo Fofana le 16 juillet laisse entrevoir la main du maître de la refondation. Des sources dignes de foi soulignent un rapprochement entre Zemogo et Laurent Gbagbo. Les activités économiques du leader de l'Ansi dans la filière café-cacao lui ont ouvert grandement, semble-t-il, les portes du palais présidentiel. Son locataire contrôle toutes les poches à sous du pays. Un argument de taille capable de faire perdre la tête à des politiciens dont "l'intérêt supérieur" réside dans les enveloppes pleines de billets de banque. De l'argent qu'il distribue à ceux qui savent bien le louer. Vive les courtisans du palais!





Assoumane Bamba

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