samedi 21 juillet 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Connu pour être l'un des hommes forts de Laurent Gbagbo et du FPI à avant l'accession de celui-ci au pouvoir, Blé Blé Charles l'ex maire de Saioua a rompu les amarres avec ses camarades du parti avant l'avènement de la 2e République. Aujourd'hui il est prevenu à ses vieilles amours et explique ce qui l'a éloigné de Gbagbo, nous serons lever un coin du voile sur sa nouvelle vie et ses nouveaux challenges. Après sept ans de brouilles avec le Président Laurent Gbagbo et le Fpi, vous annoncez votre retour dans le giron présidentiel. Quelles sont vos premières impressions au moment où vous retrouvez votre ancienne famille ?
Je suis très heureux. Je m'étais éloigné sur ce que je peux à présent appeler de petites brouilles. Le temps a fini par avoir raison de nos mésententes. Premièrement, la sympathie qui a continué à demeurer de la part de certains frères, m'a permis de me dire que j'appartiens à un groupe. Deuxièmement, lorsque le Président m'a reçu, j'ai été très ému parce que cette réception était vraiment fraternelle. Troisièmement, tous mes écrits, toutes mes oppositions sont sur la base de principes de bonne gouvernance, de réglements des affaires de l'Etat dans la paix, le respect des droits humainsDès lors que le Président conclut un accord, l'accord de Ouagadougou notamment, qui permet de remettre le pays sur la bonne voie, de sortir le pays de la guerre et à terme de respecter ces principes, moi et ceux qui sont avec moi, nous devons prendre un nouveau départ, en reprenant les choses là où nous avons connu des brouilles. Donc, si je suis honnête, en déclarant faire une opposition principielle, la volonté du Chef de l'Etat d'aller à la paix étant le principe essentiel je me dois de réviser ma position. Le reste vient avec le temps, le reste est dynamique. A vous entendre, c'est bien plus l'accord de Ouagadougou signé entre les deux parties en conflit que votre rencontre avec le Président qui vous a incliné à ce retour
Ce sont les deux ! D'abord l'accord avec le Président était le point de départ. Mais, puisque je m'opposais par principe,et le principe n'était pas rempli. Je pense que c'est en remplissant le principe qu'évidemment l'entretien est devenu beaucoup plus audible et que les raisons qui pouvaient m'amener à m'opposer ont été évacuées. Est-ce que vous revenez au Fpi ou est-ce que vous vous êtes rallié à la personne de Laurent Gbagbo parce que la forme de votre retour intrigue encore ?
Je l'ai dit, Laurent Gbagbo c'est le Fpi, le Fpi c'est Laurent Gbagbo.
Mais, le Président Gbagbo n'est plus président du Fpi depuis longtemps Pour l'élection si, c'est à cela que ça se résume. Les Ivoiriens eux-mêmes disent que c'est la personne de Laurent Gbagbo qui fait qu'ils sont encore avec le Fpi ! Donc, l'importance de la personne est évidente. En créant mon parti aujourd'hui, j'ai pu connaître vraiment les raisons qui auraient pu créer un véritable désamour entre les Ivoiriens et le Fpi et j'ai même pu être un rempart, parce que ceux qui auraient pu partir à droite sont venus chez moi. Donc, je comprends mieux encore les raisons profondes qui, véritablement gênent cette société. Ce n'est donc pas un retour au Fpi, mais un ralliement à la cause présidentielle ?
C'est d'abord un ralliement. Mais, comme j'appartenais au Fpi, on va gérer le reste après, je crois même très rapidement. Et puis ne suis-je pas entrain de vous dire que le Fpi c'est ma famille ?
Vous avez dit tantôt que votre ralliement intervient en prélude à ces élections qui arrivent. Est-ce que votre retour n'est pas simplement suscité par des visées électoralistes ?
Non, pas du tout ! C'est pour ne pas éventuellement être de ceux qui pourraient faire partir le pouvoir à droite. Je suis de la gauche et ce que je veux, c'est que le pouvoir reste à gauche. Il n'y a pas de visée électoraliste, parce que "électoraliste" signifierait alors que, parce que les élections sont là, on va sur place monnayer quelque chose et puis après on s'en va. Si c'était cela mon objectif, je serais venu tout seul en disant aux autres que je prends la décision d'aller négocier des choses pour moi et puis après je sortirais. Mais en venant avec mon parti je suis plus que sincère, je ne vais tout de même pas les rappeler pour dire repartons sans raison valable. Il se raconte que votre popularité ne souffre d'aucune contestation dans votre région. N'est-ce pas cette popularité que vous êtes revenu monnayer ?
Non, je l'apporte parce que ma popularité est établie même si certains veulent refuser de voir cela. Si je ne m'oppose plus par principe et que je veux nécessairement utiliser ma popularité pour juste me mettre en valeur et gagner des postes, c'est qu'en réalité, je n'ai pas été sincère et que je suis véritablement contre Gbagbo. Ce n'est pas nécessaire de démontrer à tout le monde que je suis populaire. Si le Président Gbagbo gagne, ma popularité aura servie à quelque chose d'important. Qu'est-ce qui a véritablement causé la division, entre vous et le Président Gbagbo ?
Pour vous dire la vérité, il n'y a jamais eu de malentendus avec le Président Gbagbo lui-même. Ni un mot qui ait été échangé malencontreusement. Ça ne peut donc pas être avec le Président Gbagbo. Pour le reste là où il y a des hommes, il y a des incompréhensions à régler. D'où est donc venu la brouille ?
C'est avec mon propre entourage, si vous voulez. Ça veut dire que ça vient de chez nous, de notre région. Les querelles de personnes n'apportent rien du tout. Mais, elles vous ont éloigné de votre famille Oui, mais c'est le parcours d'un homme. Peut-être que j'ai appris de très grandes choses à cause de cet éloignement, il n'y a pas que des choses mauvaises. Peut-être qu'aujourd'hui, il y a des choses qu'on peut me reprocher, d'autres qu'on ne me reprochera pas à cause de cet éloignement. Je suis en train de vous préciser d'où vient cet éloignement. Maintenant, qui l'a fait ou qui ne l'a pas fait, c'est pas le plus important. Peut-être que si une personne ne l'avait pas fait, une autre l'aurait fait. On ne construit pas la vie à faire des querelles aux personnes. Elles conduisent à de grands précipices et à une perte certaine de temps. Comment le Président Gbagbo qui vous connaît bien, a pu laisser passer toutes ces dérives au point de distendre vos relations pendant sept ans ?
Je ne pense pas que le Président ait laissé quoi que ce soit, parce qu'il ne peut pas enlever les commérages dans la bouche des gens. C'est comme une fumée qui s'en va et qui prend tout le monde. C'est moi qui ai eu un problème, ce n'est pas le Président qui a un problème avec moi. J'ai eu un problème avec mon honneur, avec ce que je veux que les gens pensent de moi. Si ce n'est pas conforme à ce que je suis, c'est moi qui suis en bute avec moi-même, avec mes principes de moralité, d'orgueil, d'éthique, ce que je peux tolérer de l'autre. Et c'est ça qui a été le plus difficile, parce que peut-être que c'est ma réaction qui a été disproportionnée. Ce n'est pas le Président. En tout cas à ma connaissance, il n'a envoyé personne faire quoi que ce soit.
Comment avez-vous pu vous fâcher au point de ne pas chercher à rencontrer votre ancien ami ? Pouvez-vous expliquer l'étendue du déshonneur qu'on vous a fait, à telle point que vous n'avez pas eu de contact avec lui pendant toutes ces années ?
Culturellement, quand je dis que si on vous accuse de sorcellerie, vous exigez qu'on vous mette le ''gôpô'', c'est-à-dire qu'on amène les preuves de votre culpabilité, mieux on se soumet à toutes les épreuves de vérité. Cela montre à quel point vous êtes fâché. Parce que celui qui va tendre son ?il pour qu'on y mette des substances nocives, qui peuvent les détruire, est sûr de lui, et/ou très fâché. De quel crime de sorcellerie vous a-t-on accusé ?
On m'a accusé, par exemple, de m'être allié au Premier ministre Alassane Ouattara. C'était vraiment inimaginable pour moi qui ne le connaissais même pas. Mieux, on a commencé à dire qu'il y avait des sommes d'argent qui avaient été données. Ça encore c'était très grave, parce que ce n'était pas le cas. Les autres accusations ont été ajoutées à celle-ci pour faire beau et vraisemblable. Il n'y avait pas un début de commencement de vérité. On a cependant pu se servir d'un mot, d'un comportement, d'une attitude pour donner des couleurs aux accusations.
Vu les passions que ces sujets défrayaient, pourquoi, vous l'ami du Président de la République, avez eu une position en déphasage avec la direction de son parti ?
Pour éviter à la Côte d'Ivoire ce que nous connaissons aujourd'hui. J'avais préféré la formule " ne s'être jamais prévalu d'une autre nationalité " et/ou le candidat doit avoir la nationalité ivoirienne à titre exclusif, cela traitait un problème politique, alors que le débat du ''et'' et du 'ou'' nous faisait entrer dans un débat sociologique qui pourrait déboucher sur une crise sociale majeure. La preuve la rébellion a dit qu'il y a des gens qui étaient considérés comme des moitiés d'ivoiriens, dépossédés de leur nationalité. Je craignais à l'époque que ce sentiment ne se propage dans notre société. Maintenant, après mes remarques je n'ai rien fait pour être en déphasage avec mon parti. Les bruits qui courent à votre sujet avaient été consécutifs à votre mésentente avec un cadre de votre région. Qu'en est-il exactement ? Pouvez-vous vous étaler sur ces faits ?
Je ne peux pas, parce qu'on ne peut pas résumer la vie d'un homme à un incident de parcours. C'est peut-être à l'homme que j'étais avant que cet incident est arrivé et qui a eu la réaction qu'on a vue. J'ai toujours souhaité que Yocolo ait de nombreux cadres.
Justement, vous êtes à la base de l'émergence de nouveaux cadres, tels que le ministre Bohoun Bouabré et le ministre de l'Intérieur. Est-ce qu'avec le ministre Bohoun Bouabré les choses sont rentrées dans l'ordre ?
Ceux que vous avez cités sont des frères qui ont leurs propres mérites qu'il ne faut pas oublier. Qu'il y ait des problèmes ou pas, ce n'est pas le plus important, parce que nous savons comment nous agissons chez nous. Les choses se règleront. Elles ne seront pas au dessus de la Côte d'Ivoire. Je suis un homme politique pour la Côte d'Ivoire et non juste pour ma région. Ce sont des frères et entre frères on règlera les problèmes s'il y en a. Mais au moment où je vous parle, je pense que les choses se sont dissipées. Quel est votre avis concernant l'information selon laquelle le futur gouverneur de la Bceao serait le ministre Bohoun Bouabré ?
Je le souhaite et si cela arrivait, ce serait bien. Entre 1990 et 2000, j'étais véritablement le plus en avance de tous. Mais, si j'ai fait un travail collectif, c'est pour que tout le monde puisse en bénéficier et ce serait le couronnement de mes efforts et aussi de ses propres efforts, puisque c'est lui qui est nommé. En tout cas, il le mériterait. Mais, le ministre Bohoun Bouabré aurait été suscité contre vous en 2002. Est-ce que vous pouvez revenir là-dessus ?
Non, je ne le pense pas. J'ai fait du ministre Bohoun Bouabré mon premier adjoint à la mairie de Saïoua. C'était pour le propulser.
Mais, dans le cercle présidentiel, vous avez eu des brouilles avec feu le ministre Boga Doudou et c'est un ensemble de cadres du Fpi qui a pioché le ministre Bohoun Bouabré
Non, je démens tout cela, parce que je n'ai aucun indice concret pour dire qu'il y a tel ou tel qui a fait ceci ou cela. Je ne peux pas mettre le nom de quelqu'un sur des rumeurs.
Interview réalisée par
Valery Foungbé

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