mardi 24 juillet 2007 par Notre Voie

Malgré des difficultés de commercialisation, la filière anacarde dans le Zanzan a de l'avenir. La filière anacarde dans le Zanzan date des années 1960. L'objectif affiché au départ était de lutter contre la désertification et, subséquemment, de fournir du bois de chauffe. De petites plantations par-ci par là constituaient donc le verger anacardier dans cette localité. «On faisait les plantations pour lutter contre les feux de brousse, ou bien pour avoir du bois pour faire la cuisine. On n'a jamais pensé à se faire de l'argent. Même quand des gens venaient acheter le produit, on n'était pas trop regardant sur le prix. Pour nous, ce qu'ils nous proposaient était de l'argent de poche», raconte Kouabenan Pierre, producteur à Tanda. Ce n'est que plus tard, dans les années 90, que l'intérêt économique pour la filière s'est développé pour devenir une culture de rente pour les paysans de la région. «On a vu des gens venir acheter les noix à de bons prix. On ne s'y attendait pas. C'est à ce moment que nous nous sommes aperçus que ce que nous avons planté là avait de la valeur. Alors, nous avons commencé à prendre nos plantations au sérieux», confie Ouattara Mamadou, producteur à Sorobango. Progressivement, la production prend du volume : 20.000 t en 2000, 35.000 t en 2005, 50.000 t en 2007, soit une moyenne d'accroissement de 20% par an. L'éternel problème du prix d'achat. Tout comme le cacao (et d'autres produits), la Côte d'Ivoire est le premier pays exportateur africain d'anacarde. Tout comme le cacao également, la Côte d'Ivoire n'a pas d'influence sur la détermination du prix d'achat au producteur. «Le produit se vend mal. Les prix fixés ne sont pas respectés sur le terrain. Actuellement, on vend le kilo d'anacarde à 75 FCFA si on a de la chance. D'autres vendent leurs produits à 50 FCFA le kilo. Alors que le prix officiel est de 130 FCFA. Il faut que l'Etat nous aide comme pour la filière cacao, sinon on est foutu. C'est notre seule source de revenus», se lamente Ouattara Sinan, producteur à Taoudi. «Le système de commercialisation est en lui-même un handicap pour le producteur. Les exportateurs entretiennent des fournisseurs qui leur livrent les produits. Ces fournisseurs s'appuient sur des pisteurs qui sont en contact direct avec les producteurs. Comme les coopératives n'ont pas assez de répondant pour organiser les producteurs, ces derniers deviennent totalement faibles et bradent leurs produits», explique Tanoh Kouadio Ignace, comptable et superviseur à Olam Ivoire. A la décharge des exportateurs, les produits commercialisés ne sont pas toujours de bonne qualité. «L'exportateur juge le prix du produit en fonction de sa qualité. Durant la campagne 2004-2005, le Zanzan a livré un produit de bonne qualité. Le revenu a suivi. Malheureusement, durant les campagnes suivantes, la qualité va être négligée au profit de la quantité. Ce qui va entraîner la baisse du revenu au planteur», ajoute-t-il. Pour la présente campagne, le Zanzan enregistre 2200 exploitants agricoles qui ont fourni entre 100 et 400 tonnes d'anacarde pour un total de 3720 t, soit la moitié des prévisions, selon le chef du projet traçabilité à Olam Ivoire, Djakaridja Ouattara. Les sociétés exportatrices n'ont pas totalement la même appréciation sur les raisons de la chute du prix d'achat au producteur. «Le principal facteur dans l'évolution des cours des matières premières est l'inadéquation entre l'offre et la demande. Les cours fluctuent. A certains moments, ils montent ; à d'autres moments, ils baissent. Il y a dix ans, au tout début du développement de l'anacarde, les cours étaient élevés. Mais la production a doublé dans le même temps. Aujourd'hui, l'offre a doublé alors que la demande ne suit pas. Il y a aussi le taux de change. Le dollar baisse par rapport à l'euro. Or, le CFA est arrimé à l'euro. Le négoce se faisant en dollar, il y a donc un effet baissier qui se produit», explique Jean-François Touré, administrateur du groupe Olam Ivoire. N'empêche que, selon l'avis de tous, l'avenir de la filière est promoteur puisque des structures se sont mises dans la transformation primaire. «Depuis trois ans, nous avons ouvert une unité de transformation de l'anacarde à Dimbokro étendue à Toumodi. C'est une unité qui consomme 5000 t et qui embauche près de 1200 femmes. Le projet global pour la transformation au niveau du groupe est de parvenir, in fine, à 3 unités de 5000 t chacune, soit un volume de transformation de 15000 tonnes de noix brute. Pour l'instant, nous en sommes à la première phase. Le deux autres suivront assez rapidement», rassure Jean-François Touré. Il est rejoint dans cette idée par le chef unité Olam Ivoire Abidjan, Berthé Mamadou. «Que l'Etat nous appuie dans la transformation pour que les cours montent. C'est une filière qui contribue au développement économique du pays», plaide-t-il. L'exportation de l'amende obéit cependant à certains critères d'hygiène. D'où l'opération traçabilité lancée par Olam Ivoire. «La traçabilité vise essentiellement à répondre aux règles normatives imposées par les principaux pays consommateurs d'anacarde. L'Union européenne est en train d'imposer des normes d'hygiène à tout produit alimentaire mis sur le marché européen. Il importe d'identifier le produit depuis la plantation jusqu'au consommateur final. Cela permet en cas de défaillance d'intervenir rapidement», souligne l'administrateur du groupe Olam Ivoire. La filière anacarde a de l'avenir. Cependant, il faudra - en plus de ceux déjà énumérés - résoudre le problème des négociants ghanéens qui interviennent dans la commercialisation. L'exemple de la filière cacao est encore présent dans les esprits.






J-S Lia liasylve@yahoo.fr

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