samedi 28 juillet 2007 par Fraternité Matin

Le Premier ministre Soro Guillaume a présidé ce vendredi 27 juillet 2007 de 18 h 30mn à 20 heures, une réunion du Comité d`organisation de la "Flamme de la paix" qui aura effectivement lieu le lundi 30 juillet 2007. L`ordre du jour a porté sur l`état de préparation de la cérémonie qui verra la participation de plusieurs invités de marque. Ainsi, huit Chefs d`Etat assisteront aux côtés du Premier ministre à cet événement historique. Ce sont les Présidents Laurent Gbagbo (Côte d`Ivoire), Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Faure Gnassingbé ( Togo), John Kufuor (Ghana), Amadou Toumani Touré (Mali), Thabo Mbeki (Afrique du Sud) et Yayi Boni (Bénin). S`agissant des leaders politiques ivoiriens membres du CPC, du CEA et signataires de l`Accord de Linas Marcoussis, tous ont confirmé la réception de la lettre d`invitation officielle du Premier ministre à participer à cette fête. En ce qui concerne la question de l`hébergement, les possibilités d`accueil des réceptifs hôteliers de Bouaké sont épuisées.

Fait à Bouaké le Vendredi 27 juillet 2007
Le vice-président
Alain Lobognon



Fanny Ibrahima, maire de Bouaké : "C'est un événement heureux"

Monsieur le maire, comment percevez-vous la Flamme de la paix que votre commune accueille dans quelques jours?

Je dois vous dire que pour moi, pour le conseil municipal et pour la population de Bouaké, c'est un événement heureux. Vous savez que depuis cinq ans, notre pays traverse une crise sans précédent. Et aujourd'hui, grâce à la volonté du Président de la République et du Premier ministre et avec l'aide de la communauté internationale, nous partons vers la sortie de cette crise qui passe, inéluctablement, nous le pensons, par la Flamme de la paix. Pour nous donc, c'est un événement heureux qui doit se tenir au bon moment avec tout le monde pour qu'il soit digne de l'espoir que nous plaçons en lui.

Quel sens donnez-vous au fait que c'est votre commune qui accueille l'événement et comment le préparez-vous?

Nous sommes à pied d'?uvre, d'autant que nous sommes membre de la commission mobilisation et sensibilisation présidée par les ministres Amani N'Guessan Michel et Sidiki Konaté. Le maire que je suis et le président du Conseil général de Bouaké, Jean Claude Kouassi, ont été associés à cette commission dont ils sont donc membres. Nous préparons la Flamme comme un grand événement. Nous avons prévenu tous les quartiers, nous leur avons envoyé des gens qui les ont tous sillonnés pour sonner l'alerte afin que le jour j, toute la population de Bouaké soit présente à ce grand rendez-vous historique de la vie de notre nation. Pour prouver aux hôtes du Président de la République et du Premier ministre qu'ils ont la situation en main et que nous-mêmes, en tant qu'Ivoiriens, nous avons l'intention de sortir de cette crise.

Les populations ont-elles été réceptives à votre invitation?

Vous savez, ici, les populations sont très naturellement réceptives. Ainsi, aux événements précédents, elles sont toujours sorties en masse. Certes, la crise a trop duré et elles se sont un peu émoussées. Mais, je pense que cette fois-ci nous allons vers la fin. Leur ardeur va se réveiller et nous aurons une mobilisation exemplaire. Quelques craintes quand même par rapport à ce rassemblement qui a toutes les allures d'une fête populaire?
J'ai quelques appréhensions relatives au monde qui vient, c'est sûr. Mais nous avons réfléchi à certaines solutions pour ne recevoir personne. Ainsi, avec le ministre Sidiki Konaté, nous avons créé, dans six quartiers de la ville, des pôles d'attraction qui permettront à tous ceux qui viendront à partir d'aujourd'hui (hier, ndlr), de rester en éveil s'ils le veulent. Il y aura donc des podiums partout, de l'animation. Et le clou de tout cela sera le dimanche soir avec un très grand concert à la Place du carnaval à Air France. Cela permettra aux gens qui viendront et qui n'auront pas de logement (car la capacité des réceptifs hôteliers de Bouaké est aujourd'hui très limitée) de passer la nuit à s'amuser. C'est ce que nous avons trouvé comme parade. A l'impossible, nul n'est tenu. Mais nous avons l'espoir que les populations ne seront pas déçues. Je voudrais, en tout état de cause, inviter tout le monde à sortir massivement pour prendre part à la fête afin ne pas décevoir la Côte d'Ivoire qui a choisi de sortir de la crise par une fête qu'elle organise dans notre cité. C'est un honneur pour nous d'accueillir cette fête. Il faut que notre mobilisation soit à sa hauteur. Par ailleurs, je voudrais féliciter les populations de Bouaké pour leur grande compréhension. Car pendant toutes ces difficultés, elles n'ont pas été ébranlées. Elles n'ont commis aucun acte qui fasse douter d'elles. Je voudrais leur adresser mes félicitations en ma qualité de maire de la commune. Je voudrais également les appeler à poursuivre l'espoir que, très bientôt, s'il plaît à Dieu, nous retrouverons le sourire avec l'arrivée du préfet, l'ouverture de la mairie, l'installation des sous-préfets, le redéploiement de l'administration et notre ville comme avant.

Interview réalisée par Pascal Soro
Envoyé spécial à Bouaké



Affi N'Guessan, président du FPI, aux populations: "Allons à Bouaké magnifier l'unité nationale"

À la veille de ce qu`il est convenu de qualifier d`évènement historique parce que symbolisant la fin de la guerre et la réunification du pays, après cinq ans de crise, le président du Front populaire ivoirien (FPI) a animé un point hier, en fin de journée, au siège du parti, en Zone 4. Insistant sur le sens qu`il donne à cette cérémonie qui aura lieu à Bouaké, le lundi 30 juillet, en présence de plusieurs Chefs d`Etat AFFI N`Guessan a expliqué qu`il s`agit de détruire les moyens de la désunion, de la partition, de la souffrance et de la déchéance, pour tourner, résolument, vers la vie et la reconstruction du pays?. Selon lui, en foulant le sol de Bouaké, le Président Laurent Gbagbo réunifiera, symboliquement, le pays, restaurera l`autorité de l`Etat sur l`ensemble du territoire national, réconciliera les Ivoiriens?.
Aussi, à quelques heures de la Flamme de la paix?, le président du FPI, entouré à cette occasion de ses deux secrétaires généraux (Miaka Ouretto et Odette Lorougnon), à lancer un appel au rassemblement de tous les Ivoiriens et de tous ceux qui vivent sur le sol ivoirien. Soyons tous à Bouaké le 30 juillet 2007 pour magnifier ensemble l`unité nationale?, a-t-il prôné. Il a invite également les formations politiques et les organisations sociales à s`impliquer pour la réussite de cette manifestation et la consolidation du processus de paix et de réconciliation nationale. Pour Affi N`Guessan, la flamme de la paix, de la fraternité et de l`unité ne doit pas s`éteindre après la cérémonie. Elle doit continuer de briller dans nos consciences. Elle doit nous éclairer et éclairer le chemin de notre jeune démocratie?, a-t-il lancé à la cantonade. L`occasion lui était ainsi donnée pour annoncer que Le FPI effectuera, le 18 août prochain à Bouaké, sa rentrée politique?. Pour marquer, a-t-il dit, la reprise des activités politiques du FPI dans les zones anciennement occupées?.

Emmanuel Kouassi



Les communautés s'organisent

À l'instar de toutes les communautés vivant à Bouaké, celles de la région du Denguélé, des Savanes et du Burkina-Faso sont à pied d'?uvre pour donner un cachet spécial à la journée du 30 juillet prochain. C'est pourquoi, Koné Siaka, le chef de la communauté du Denguélé, a fait savoir que les seize sous-préfectures et les trois départements que compte la région sont fortement mobilisés pour participer pleinement à la réussite du bûcher. En plus de cela, plusieurs délégations viendront directement d'Odienné pour s'associer à nous?, a-t-il annoncé. Cette mobilisation, dit-il, est le signe de la paix retrouvée. Et cela montre que la guerre est complètement terminée?, s'est-il réjoui. M. Ouattara Salia, de la région des Savanes, a, pour sa part, indiqué que dès l'annonce officielle de l'arrivée du Chef de l'Etat à Bouaké, il a pris son bâton de pèlerin pour sillonner toute la région, comprenant six départements. A savoir: Dabakala, Katiola, Korhogo, Ferké, Boundiali et Tengréla. D'autant que, selon lui, l'heure est à la mobilisation des ressortissants de la région des Savanes. Et cela pour montrer à la face du monde entier que les populations du Nord, qui ont payé un lourd tribut à la guerre, soutiennent sans condition, le processus de paix en cours. Elles qui, poursuit-il à l'instar de tout le peuple ivoirien, sont fatiguées de la situation de ni paix, ni guerre. La Flamme de la paix qui annonce des lendemains meilleurs ne peut que constituer des moments de mobilisation et de liesse populaire pour nous?, dit-il, heureux. Aussi, a-t-il tenu à saluer les deux principaux acteurs du processus de paix, que sont le Président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Soro Kigbafori Guillaume, qui, dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire, ont réussi à surmonter leurs divergences pour se donner la main. La paix n'a pas de coloration politique. C'est pour cela que nous demandons à tous les Ivoiriens épris de paix, de s'y investir pleinement pour que au-delà de la Flamme de la paix, la paix tant recherchée soit une réalité?, a insisté Ouattara Salia. Ainsi, espère-t-il, que les élèves et les étudiants qui sont restés en zones sous contrôle des Forces nouvelles dont le cursus a été fortement perturbé du fait de la crise, pourront mener à bien leurs études. Quant à Zié Ibrahim, le représentant de la communauté burkinabé, la tenue de la Flamme de la paix? est la manifestation réelle de la volonté des Ivoiriens à aller à la paix. Nous sommes fiers en tant que Burkinabè que les prémices de cette paix se soient dessinées au Burkina-Faso?, a-t-il ajouté. Ainsi pour montrer à tous que Burkinabè et Ivoiriens sont un seul peuple, il a invité tous ses compatriotes, d'où qu'ils se trouvent sur le sol ivoirien et même au-delà, à contribuer pleinement et activement à la réussite de la cérémonie. Pour ce faire, il demande à tous ses compatriotes de sortir massivement pour que le Président du Faso, Blaise Compaoré, sache que ses compatriotes vivent en parfaite intelligence avec le peuple ivoirien.

Adjé Jean-Alexis
Correspondant particulier


Soro reçoit à déjeuner

Le Premier ministre, président du comité d'organisation de la Flamme de la paix?, reçoit à déjeuner, à sa résidence, ce samedi 28 juillet 2007 à 12h, cent cinquante (150) convives militaires de toutes catégories, issus des rangs des FDS-CI et des Forces armées des Forces nouvelles, conduits par les généraux Philippe Mangou et Soumaïla Bakayoko. Dans l'après-midi de ce même samedi, une rencontre de football opposera l'équipe des militaires (FDS-CI + FAFN) à celle des civils, membres du comité d'organisation.

Fait à Bouaké, le vendredi 27 juillet 2007
Le vice-président de la commission Communication
Alain Lobognon



Les assurances de Konaté Sidiki

Le porte-parole du comité d'organisation de la Flamme de la paix? a annoncé hier à Bouaké que toutes les dispositions sont prises pour que l'événement soit une fête populaire. Pour ce faire, s'est félicité Sidiki Konaté, les responsables et leaders d'opinion, les chefs religieux, les chefs coutumiers, les chefs traditionnels sont à la tâche pour rendre la mobilisation effective et exceptionnelle. A ce jour, a-t-il lancé, confiant, nous estimons que la mobilisation va être exceptionnelle?. Et d'argumenter: Nous ne pouvons pas donner ici le nombre exact de personnes que nous comptons mobiliser, mais nous avons tablé sur la mobilisation maximale de Bouaké et ses environs?. Selon ses explications, plusieurs délégations sillonnent depuis jeudi, les villages et campements du département de Bouaké, de même que les villes de Dabakala, Katiola, Béoumi, Sakassou et Tiébissou.
Le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, membre de la Commission mobilisation, logistique, animation et sensibilisation, faisait à la presse le point des préparatifs à mi-parcours au Secrétariat général des Forces nouvelles (FN). Il a indiqué que dans les quartiers de Bouaké, des groupes d'animation seront installés. Ce sont, selon lui, six sites qui seront animés du vendredi soir (hier) au lundi matin par des responsables de quartiers, de partis politiques, d'associations, d'organisations de jeunesse, des chefs religieux. Puis, a-t-il précisé, cette animation sera marquée par la tenue d'un concert le dimanche soir, le Concert de la paix?. Ce rassemblement sur fond musical se fera à la place du Carnaval. A ce jour, a annoncé M. Konaté, nous avons déjà enregistré près de deux cents artistes qui viendront d'Abidjan. Ce sera du son, de la couleur, de la musique?.
Le porte-parole du comité d'organisation a également affirmé que toutes les dispositions sont prises pour que la sécurité des autorités et des populations soit assurée avec succès. A ce chapitre, il a révélé que cinq cents agents des Forces de défense et de sécurité (FDS) de Côte d'Ivoire viendront d'Abidjan. Ces agents, a fait remarquer le ministre, seront composés de tous les corps des FDS: gendarmerie, armée, services de renseignements, garde républicaine, la police, etc. Ils travailleront en collaboration avec les Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), les Casques bleus et la Licorne. Aujourd'hui samedi, a dit Sidiki Konaté, ces forces donneront leurs rapports définitifs au Premier ministre Guillaume Soro. Il a ajouté que le chef du gouvernement recevra à déjeuner aujourd'hui, cinquante éléments de chaque force accompagnés de leurs responsables respectifs.
Sidiki Konaté a aussi annoncé que les Présidents du Sénégal, Abdoulaye Wade, et du Mali, Alpha Oumar Konaré, ont donné leur confirmation pour prendre part à la Flamme de la paix?. Ils rejoignent ainsi les Présidents Yayi Boni du Bénin, Faure Gnassingbé du Togo, John Kufuor du Ghana, Thabo Mbeki de l'Afrique du Sud et Blaise Compaoré du Burkina Faso qui ont déjà confirmé leur présence aux côtés de leur homologue Laurent Gbagbo et du Premier ministre Guillaume Soro. L'esprit est bon. Ce qui était vu comme un tabou, c'est-à-dire l'arrivée du Chef de l'Etat (Laurent Gbagbo) à Bouaké ne l'est plus. Les populations s'apprêtent à accorder un accueil des plus chaleureux au Président de la République et à ses homologues qui l'accompagnent?, s'est-il réjoui. Puis il a poursuivi: Le protocole est à l'?uvre pour créer toutes les conditions d'accueil, d'hébergement et de participation de tous ces chefs d'Etat à l'événement?, a averti M. Konaté. Et d'avertir comme pour dire que la cérémonie ne va pas traîner en longueur: Pour des raisons de protocole, la fête va commencer très tôt le lundi pour tenir dans la matinée. Car, dans la même journée, est prévue la sortie des officiers formés à l'EFA (Ecole des forces armées). Nous savons que des pays de la sous-région envoient des soldats et des officiers dans cette école. Ainsi, les chefs d'Etat, après Bouaké, se rendront à Yamoussoukro?. Toutefois, Sidiki Konaté a reconnu qu'il se pose un problème d'hébergement pour les populations invitées compte tenu de la situation?. C'est pourquoi des sites spéciaux ont été aménagés, dotés d'eau et d'électricité. En ces endroits, des tentes seront dressées pour permettre aux visiteurs qui n'auront pas de chambre d'avoir un endroit où se restaurer et se reposer?, rassure-t-il.
Pascal Soro. Les hésitations de Konan Bédié et d'Alassane Ouattara. À 48 heures de la cérémonie officielle, les présidents du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié, et du RDR, Alassane Dramane Ouattara, n'ont pas encore pris la décision d'y participer. Ils hésitent à se rendre dans l'ex-fief des Forces nouvelles (FN) qui deviendra, lundi prochain, la capitale de la paix (ou de la recherche de la paix) en Côte d'Ivoire. Le RDR y (à la flamme de la paix, ndlr) sera représenté. Je ne peux pas vous en dire plus?. Voilà la réponse que Amadou Coulibaly (communément appelé Petit Amadou au RDR), le conseiller en communication d'Alassane Dramane Ouattara a donné à la question de savoir si M. Ouattara se rendrait à Bouaké dans le cadre du bûcher de la paix. Malgré notre instance, M. Coulibaly n'a pas varié de réponse: Je n'ai pas dit qu'il n'y sera pas. Je dis que le RDR y sera représenté?. Pour autant, Amadou Coulibaly précise que l'invitation adressée au président du RDR est arrivée à bond port. Même son de cloche du côté du PDCI-RDA. Je ne peux pas vous dire si le président Bédié y sera ou pas. Moi, je m'occupe de la communication pas du protocole ni du calendrier. Nous avons reçu l'invitation aujourd'hui (hier vendredi, ndlr). Mais il y a encore samedi (aujourd'hui, ndlr). Il peut toujours décidé. Mais pour tout vous dire vraiment, je ne suis pas au courant, je ne sais pas si le président y sera. Je suis à Abidjan, le président est à Daoukro?, nous a déclaré Emile Ebrottié, responsable de la communication du président Henri Konan Bédié, que nous avons joint également par téléphone.
De fait, les inquiétudes que nous a confiées une source bien introduite à la Primature sont en passe de se confirmer. Selon le proche collaborateur du Premier ministre Guillaume Soro qui a requis l'anonymat, tout laisse à croire que les présidents du PDCI et du RDR veulent boycotter la Flamme de la paix?. Pour notre interlocuteur, la raison officielle que MM. Bédié et Ouattara avancent pour ne pas se rendre dans le fief des Forces nouvelles (FN) est qu'ils n'ont pas reçu d'invitation à leur nom. Ils estiment que le communiqué du protocole d'Etat ne les concerne pas?. Alors, pour qu'ils se sentent concernés par la cérémonie qui ne vise rien d'autre que la recherche de la paix, chemin obligé pour arriver aux élections qu'ils demandent, poursuit notre source, le Premier ministre Guillaume Soro a adressé, depuis hier (jeudi. Ndlr), des invitations individuelles à chacun des dix signataires de l'Accord de Marcoussis?. Ces invitations nominatives, soutient l'informateur, ont été confiées au président du Secrétariat technique de la Flamme de la paix, le garde des Sceaux, ministre de a Justice, Mamadou Koné. C'est donc lui qui les a remis au président de la commission protocole, le ministre des Affaires étrangères, Youssouf Bakayoko. Ainsi, c'est le chef de la diplomatie ivoirienne qui a acheminé les invitations à qui de droit. En outre précise-t-elle, le chef du gouvernement a pris soin d'appeler en personne au téléphone les principaux signataires de Marcoussis, dont MM. Bédié et Ouattara, pour leur dire qu'il leur de tout faire pour marquer de leur présence le rendez-vous de la paix de Bouaké. Où est donc le problème si tant est que c'est parce qu'ils n'étaient pas nommément invités que Bédié et Ado ne voulaient pas venir??, murmure le collaborateur de M. Soro.
La réponse viendra de lui-même: En réalité, croit savoir notre source, Bédié et Ouattara n'ont jamais accepté la présence du Secrétaire général des Forces nouvelles (FN) à la Primature de la Côte d'Ivoire?. Et d'expliquer: M. Bédié estime que Soro est un chef rebelle et que issu d'une bande armée, il n'est pas digne d'être le Premier ministre de Côte d'Ivoire. Quant à Ouattara, il est sûr que c'est parce qu'il y a un deal entre Soro et Gbagbo que le Président de la République a accepté de confier le gouvernement au Secrétaire général des Forces nouvelles. Alassane estime que ce deal éloigne la Côte d'Ivoire des élections et qu'il ne faut apporter son soutien à Soro?. Notre informateur pense que les présidents du PDCI et du RDR se sont entendus pour refuser leur soutien aux Institutions de la transition tant que le Secrétaire général des Forces nouvelles sera impliqué dans leur gestion?. Il avance, par ailleurs, que le président du PDCI refuse de se rendre dans les zones centre, nord et ouest, parce qu'elles ont été souillées par le sang humain. Il dit que sa culture Akan exige qu'on fasse d'abord des sacrifices?. En attendant, le président du MFA, Anaki Kobéna, membre du G7 (où sont également, entre autres, M. Bédié et Ouattara) joint hier par téléphone, a confirmé sa présence à Bouaké. Quant à Mabri Toikeusse, ministre du Transport et président de l'UDPCI, il est président de la commission du transport dans le comité d'organisation de la Flamme de la paix?. Il est donc à Bouaké depuis déjà plusieurs jours.

P. Soro



Les dispositions sécuritaires du CeCOS

À compter de vendredi, et nuit jusqu`au 31 juillet, les agents du Centre de commandement des opérations de sécurité (CeCOS) sont autorisés à procéder systématiquement au contrôle d`identité de toutes les personnes en treillis sur le territoire du district d`Abidjan. Le contrôle portera également sur tous les véhicules dont l`immatriculation commence par les lettres CH et leurs occupants. Ces consignes strictes et non négociables découlent du dispositif sécuritaire mis en place par le CeCOS sur sa zone de compétence dans le cadre de sa partition à l`organisation des festivités de la " Flamme de la Paix " que le Chef de l`Etat, le Président Laurent Gbagbo, va allumer en présence de plusieurs de ses pairs le 30 juillet à Bouaké. Décidé et planifié par le commandant du CeCOS, le colonel - major Guiai Bi Poin Georges, ce dispositif, qui s`est traduit la nuit dernière par un important déploiement d`hommes sur le terrain, est conduit par le chef des opérations, le commissaire Robé Gogo Joachim. S`agissant de la face visible dudit dispositif, les agents, en patrouille motorisée et pédestre, veilleront par leur présence dissuasive sur tous les endroits d`affluence et les passages obligés. Toutes les zones criminogènes seront passées au peigne fin de jour comme de nuit. L`autoroute du nord sera elle aussi sécurisée jusqu`à 50 kilomètres d`Abidjan. La grande innovation de ce dispositif, par rapport à ceux des fêtes de fin d`année auxquels le CeCOS nous a habitués, porte sur le contrôle qui prend en compte les hommes en treillis. A ce propos, le commissaire Robé, traduisant les recommandations reçues du colonel - major Guiai Bi Poin, explique : Les bandits qui opèrent à Abidjan sont très souvent en treillis et se déplacent généralement dans des véhicules dont l`immatriculation commence par C.H.?. C`est pourquoi, le chef des opérations du CeCOS invite tout membre des FDS à ne pas faire de difficultés lorsque, isolé, il sera interpellé pour une vérification d`identité. S`agissant des véhicules CH et ceux jugés suspects, ils seront fouillés tout comme leurs occupants. L`objectif de cette opération d`envergure étant de permettre à tous de fêter la paix retrouvée, c`est de façon très subtile que se feront les contrôles d`identité sur les personnes apparaissant suspectes. Le commissaire Robé et ses proches collaborateurs, dont la mission essentielle sera de superviser l`action de leurs hommes sur le terrain, rassure qu`il n`y aura aucune interpellation pour s`être retrouvé tard dans la rue durant la période indiquée. Ceci, pour la simple raison que les festivités de la Flamme de la Paix, bien que se déroulant à Bouaké, impliquent tous les Ivoiriens partout où ils se trouvent. Pour la réussite de leur mission, le commandant du CeCOS et ses collaborateurs, qui assurent les arrières à Abidjan pendant que les regards seront tournés vers la capitale du centre, invitent la population à une plus grande collaboration.

Landry Kohon



La Sodeci met les bouchées doubles

Pour procurer de l'eau aux participants à la Flamme de la paix, la Société de distribution d'eau en Côte d'Ivoire (SODECI) a réquisitionné neuf citernes en plus du réseau normal de distribution d'eau. Selon les explications de Damase Coulibaly, directeur régional de la SODECI, Bouaké, ce sont ces citernes, en provenance d'Abidjan, qui seront déployées pour fournir l'eau pour la cérémonie. L'eau de ces citernes sera de l'eau de la SODECI. Que les populations en soient rassurées. Les citernes elles-mêmes seront traitées comme il se doit?, précise le directeur régional à toute fin utile. En d'autres termes, il n'y aura aucun risque de contracter quelque maladie que ce soit en buvant l'eau des citernes. L'aéroport, le Ranhôtel, le stade municipal, l'ancien stade, le local réservé aux pompiers sont, entre autres, les points où des dispositions particulières doivent être prises pour garantir la fourniture de l'eau durant le temps de la fête. En outre, sont pris en compte les sites de restauration. L'aéroport, qui se trouve en bout du réseau, vit un problème particulier d'eau?, reconnaît le directeur régional. Pour y remédier de manière temporaire, poursuit-il, une citerne y sera installée. Elle fonctionnera sur la base d'un système de surpression. Dans tous les cas, rassure M. Coulibaly, nous avons pris toutes les dispositions pour que l'eau ne manque d'aucune manière, non seulement à l'aéroport mais aussi sur chacun des autres sites qui nous ont été indiqués par le comité d'organisation?. Aussi, a-t-il insisté, la fourniture de l'eau du Ranhôtel, régulièrement perturbée par une baisse de pression, sera également corrigée par la réhabilitation du système de suppression. Pour le premier responsable de la direction régionale de Bouaké, les travaux qui ont été effectués dans le cadre du match Côte d'Ivoire-Madagascar au stade municipal où a lieu la cérémonie de la Flamme de la paix seront purement et simplement réactivés. D'autant qu'ils ont donné satisfaction à l'occasion du grand rassemblement de la jeunesse autour des Eléphants. Il n'empêche pas qu'une citerne vienne en renfort.
Pour appuyer la direction régionale de Bouaké, Abidjan lui enverra une équipe forte d'une quinzaine de personnes. L'équipe d'Abidjan viendra pour les grands travaux. Elle viendra avec son expertise et ses moyens d'opération?, révèle Damase Coulibaly. Et d'ajouter qu'à la SODECI, la mobilisation est effective et totale et que rien ne sera négligé pour fournir de l'eau aux invités de marque et aux populations qui feront le déplacement de Bouaké. Tout le matériel qui doit venir d'Abidjan arrive demain (aujourd'hui. Ndlr). Et dès samedi (demain. Ndlr), nous faisons les derniers réglages, les derniers essais?, signale le directeur régional, sourire aux lèvres. Le dimanche, précise-t-il confiant, ce sera la grande veillée d'armes? pour être parfaitement opérationnel le lundi, jour de l'apothéose. Mais Coulibaly ne manque pas de souci: Je demande aux populations d'être disciplinées sur les sites de regroupement?. Son souhait est que son équipe réponde à tous les besoins en eau pendant cette fête et que la Flamme de la paix soit la porte d'entrée de la Côte d'Ivoire dans sa réunification?.

Pascal Soro
Envoyé spécial à Bouaké



Les commerces fermés lundi

Il n'y aura pas de marché lundi à Bouaké. Boutiques et autres commerces n'ouvriront pas. Au-delà de la décision gouvernementale de faire du 30 juillet un jour férié, au-delà des consignes données par leurs responsables, plusieurs commerçants de Bouaké se disent eux-mêmes déjà conscients de l'enjeu? de la Flamme de la paix?. Nous sommes suffisamment conscients de l'enjeu de ce jour. Lundi est un grand jour. Je n'oserai même pas ouvrir mon magasin. Avec les autres, j'irai à la fête pour dire que nous sommes fatigués, que la guerre n'a rien apporté à la population?, affirme optimiste? Maurice Guéï, vendeur de pagne dans un centre commercial. Nous sommes prêts à faire la fête?, renchérit son épouse, qui tient un commerce d'articles de ménage et d'ustensiles de cuisine dans un autre magasin.
Pour Youssouf Kaboré, vendeur de tissus, lundi prochain sera également un jour chômé. Je ne travaillerai pas le 30 juillet parce que les présidents arrivent pour nous donner la paix. Je pense qu'avec leur arrivée, les gens vont recommencer à se fréquenter?, dit-il. Avec la paix, les commerçants de Bouaké pourront se rendre facilement à Abidjan pour s'approvisionner en marchandises?, espère Youssouf. Une espérance largement partagée par Sékou Diaby, vendeurs de prêts-à-porter au grand marché. Que vaut un commerçant de Bouaké qui ne peut pas se rendre à Abidjan??, interroge-t-il en effet. Avant de demander au Président Laurent Gbagbo et à tous les leaders politiques de s'entendre pour faire la paix? dans le pays. Nous allons accueillir chaleureusement le Président Gbagbo à Bouaké et je souhaite qu'il vienne proclamer la paix pour tous ceux qui vivent en Côte d'Ivoire Qu'eux tous ne se contentent pas de proclamer la paix en parole, il faut des actes pour vivre ensemble?, insiste Sékou Diaby. A moins de trois jours de la fête, Djénéba Touré, vendeuse d'ignames au marché central, ne manque pas d'exprimer les craintes de sa mère. Je suis prête à me mettre au bord d'une route pour applaudir les Présidents qui vont venir mais ma maman a peur?, dit-elle. Tout en indiquant qu'elle ne sera pas au marché lundi ce prochain. Moussa Traoré, lui, estime au contraire que la journée de lundi fera disparaître toutes les appréhensions qui alourdissent le processus de paix. C'est la fête de la Côte d'Ivoire qui se retrouve, et nous accueillons le Président Gbagbo. Même s'il fait trois jours ici, nous allons cesser toutes les activités pour l'écouter et lui parler?, clame-t-il.
A la gare routière, Jean Daniel Aka Bouadou, petit détaillant de carburant, affiche aussi sa disponibilité pour le lundi 30 juillet. Non sans avoir égrainé toutes les difficultés endurées en cinq années de crise militaro-politique. J'étais rémunéré tous les mois, mais aujourd'hui, je suis obligé de guetter une marge de 25 F CFA sur une bouteille avant de manger. Des gens n'ont même pas à manger. J'ai vu un monsieur manger du riz cru?, dénonce-t-il. Espérant que Ouaga soit effectivement le dernier accord? pour l'instauration d'une paix définitive. C'est cela que nous attendons. Quand il y a la paix, nos affaires marchent, on fait beaucoup d'achats. Voyez-vous, l'attentat du 29 juin a beaucoup joué sur nous?, fait noter Ousmane Diaby, gérant d'une supérette.
Notons que depuis le 24 juillet dernier, les responsables des commerçants du grand marché ont demandé à la population de faire des provisions.

Barthélémy Kouamé
Envoyé spécial à Bouaké


Soro: "Pourquoi je veux faire la paix"

Hier, je disais que quand quelqu'un n'a pas entendu le bruit d'un coup de pistolet, il ne sait pas ce que c'est que la guerre. Aujourd'hui, je dis: quand quelqu'un n'a pas entendu une roquette tonner dans un avion, il ne sait pas ce que c'est que la guerre. Moi, je l'ai entendue, c'est pourquoi je veux faire la pai.? Voilà, d'après le Premier ministre, Soro Guillaume, les raisons pour lesquelles il tient plus que jamais à la paix. Il les a confiées lui-même, hier, aux populations de Taabo, lors de la cérémonie de lancement officiel des travaux de prolongement de l'autoroute du nord. C'est, selon lui, la réponse qu'il donne toutes les fois que des personnes lui demandent pourquoi l'adversaire le plus acharné du Président de la République qu'il était hier est avec lui au chevet de l'Etat en train de travailler?. Ou encore à ceux qui s'étonnent de voir que lui qui, hier, a fait la guerre, est aujourd'hui en train de parler de paix. A toutes ces personnes, Soro Guillaume a répliqué que c'est parce que le moment est venu de faire la paix, de donner la paix aux Ivoiriens?. Lui qui a vécu? et vu la guerre?a déclaré que le minimum de conscience nationale (qu'il a lui) a recommandé de se réveiller et de décider? à la vue des populations qu'il avait sous sa responsabilité se paupériser et son pays se dégrader?. Le Premier ministre a déclaré qu'au tant on l'a vu acharné avec panache dans la guerre, autant on le verra déterminé et têtu pour la paix?. Il a donc invité tous les Ivoiriens à venir franchir avec le Chef de l'Etat, le 30 juillet, la ligne de cessez-le feu et à éviter de se mettre la pression et la tension inutilement. Il faisait écho aux personnes qui disent que Bouaké est infiltrée par 500 éléments des Forces armées nationales (FANCI)?.

Évelyne Aka
Envoyée spéciale à Taabo.


Blé Goudé invite à "gagner le pari de la paix dans la discipline"

La jeunesse ivoirienne est sortie massivement, hier matin, pour écouter les dernières consignes de leurs différents leaders dans le cadre des préparatifs du départ sur Bouaké, le 29 juillet, en vue de prendre part à l'événement que tous ont appelé de leurs v?ux. La Flamme de la paix.
Conduite par le président de l'Alliance des Jeunes Patriotes, Charles Blé Goudé, le message des différents mouvements patriotiques a été le même, clair et sans ambiguïté. Aller à Bouaké pour matérialiser la réunification de la Côte d'Ivoire et montrer au monde entier que les Ivoiriens restent un peuple exceptionnel et foncièrement épris de paix. Contrairement à l'image qu'une certaine presse nationale et étrangère a tenté de véhiculer?, a rapporté Blé Goudé. Il a indiqué que l'événement-ci ne saurait être banal car il s'agit aussi de rendre un hommage aux martyrs tombés pour que les institutions de la République restent debout. Nous les vivants, c'est une chance pour nous. Et nous avons un devoir envers ceux qui sont morts. Pour restaurer leurs âmes, nous devons continuer le combat pour lequel ils sont morts. On n'ira pas à Bouaké en conquérants, sinon pour rencontrer nos frères et donner une image digne de la jeunesse ivoirienne désormais réunifiée?, a-t-il martelé. C'est pourquoi, un accent particulier a été porté sur le volet discipline. Faites preuve de discipline. Cette discipline qui nous a toujours caractérisés à travers nos différentes luttes. Il s'agit pour nous, aujourd'hui, d'aller à Bouaké pour gagner le pari de la paix, mais dans la discipline?, a rappelé le président de l'Union des patriotes pour la libération totale de la Côte d'Ivoire, Eugène Djué.
Un appel à la mobilisation a été lancé à l'endroit de toute la jeunesse ivoirienne sans distinction d'idéologie politique et religieuse, à rester à l'écoute pour connaître les points de ralliement dans les différentes communes d'Abidjan. L'information devant être donnée par voie de presse. Le patron de l'Alliance des Jeunes Patriotes a, par ailleurs, fait l'annonce de la mise à disposition de plus d'une cinquantaine de cars pour faciliter le déplacement d'un grand nombre. Il n'a pas manqué de souligner que les préparatifs ont lieu en symbiose avec la jeunesse des Forces nouvelles en vue de rendre agréable le séjour des uns et des autres. A cet effet, il est prévu, le 29 juillet, un concert géant avec des artistes ivoiriens ainsi qu'un autre événement dénommé la nuit des orateurs?. Ce sera l'occasion pour les orateurs des parlements et agoras de sensibiliser davantage aux inconvénients de la guerre et à la force d'un peuple uni. Gage de développement.

Louis B. Parfait


Le "message particulier" de Trituraf

Les Ivoiriens attendent impatiemment la Flamme de la paix? prévue pour lundi prochain. Mais tous n'ont certainement pas les mêmes préoccupations immédiates. Celles des employés de TRITURAF, usine de fabrication d'huiles végétales à Bouaké, semblent alarmantes. A entendre le collectif de travailleurs qui se mobilisent sur place depuis quelques jours. Nous avons un message particulier à adresser au Président Laurent Gbagbo et au Premier ministre Guillaume Soro?, déclare Konan Kouamé, présenté comme le délégué général du personnel. Nous leur demandons de prendre une décision politique pour sauver notre usine qui est fermée depuis des mois. Nous avons faim; certains de nos camarades sont malades et ne peuvent pas se soigner, faute de moyens?, soutient-il. Pour se faire entendre, le collectif des délégués annonce qu'il confectionnera des banderoles qui traduiront en des mots choisis les difficultés de l'entreprise et des agents. Ces banderoles seront portées par des agents dans les tribunes du stade municipal, le 30 juillet prochain, précise le délégué général du personnel, Ouattara Assani, au nom du collectif. explique le problème de TRITURAF Avant la guerre, TRITURAF faisait partie du groupe Unilever par la suite, l'usine a été cédée au groupe Aiglon. Dès lors, nos avantages sociaux ont disparu. Avant la fermeture totale de l'usine le 22 mai 2007, on nous devait huit mois de salaire?, affirme M. Ouattara. Le problème se trouve à plusieurs niveaux: conjoncturel et structurel. Il n'y a pas de matière première pour faire tourner l'usine mais nous pensons aussi qu'il y a une mauvaise gestion à la tête de l'entreprise?, renchérit le délégué de la centrale Dignité, Hyacinthe Béda. Nous avons rencontré le secrétaire général de Dignité, M. Mahan Gahé. Il nous a dit qu'il allait saisir le Président de la République. Mais comme nous souffrons, nous ne pouvons pas rester les bras croisés?, poursuit Hyacinthe Béda.

Barthélémy Kouamé
Envoyé spécial à Bouaké



Une entreprise aux mains des employés...

Nous voulons un autre repreneur pour l'entreprise. En tout cas, que l'Etat mette tout en ?uvre pour que l'actuel propriétaire ne gère plus seul?. Cette proposition répétée sans cesse par les membres du collectif des agents, dont des ouvriers, apparaît à première vue un peu prétentieuse. D'autant plus qu'ils affirment que la dette de l'entreprise est estimée à 12 milliards de francs CFA.
Mais la réalité sur le site de l'usine, situé, dans la zone industrielle, non loin du stade municipal, ne permet pas de tenir pendant longtemps un tel commentaire. C'est en effet une entreprise visiblement aux mains des employés que nous découvrons. Vendredi 27 juillet 2007. Jour ouvrable. A notre requête visant à rencontrer le directeur ou tout autre responsable de l'administration, les vigiles présents à l'entrée n'ont eu qu'une réponse: Aucun d'entre eux n'est présent ici. Les seuls responsables qui viennent ici actuellement, ce sont les délégués du personnel?. Plus tard, nous apprendrons que le Directeur, dont le logement est au sein de l'entreprise, a été chassé par les employés parce qu'il ne faisait rien pour régler le problème?. Aussi, les délégués ont-ils installé un comité? pour fabriquer des aliments de volailles qu'ils vendent pour partager la recette entre les employés qui continuent de fréquenter l'usine. Cela rapporte à chacun entre 10 mille et 15 mille francs CFA par mois, témoigne un agent. Si la situation de l'entreprise demeure en l'état, d'ici à deux semaines, il sera impossible de poursuivre l'activité de fabrication de volaille, apprend-on. Nous sommes déjà à l'intérieur, en compagnie de Diarrasouba Naïmeta, pompier?, pour une visite guidée, quand nous sommes rejoints par lesdits délégués. Toutes les machines marchent. Seulement, l'électricité et l'eau ont été coupées pour factures impayées?, apprenons-nous auprès des guides. Dans tous les cas, nous découvrons que les machines sont arrêtées. Le site ne grouille pas de monde. L'entreprise, selon les délégués rencontrés sur place, emploie 213 personnes. Une centaine de moins par rapport à l'effectif d'avant crise ivoirienne.

K. Barthélémy

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