lundi 13 août 2007 par Notre Voie

La tournée de M. Pascal Affi N'Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI) à Prikro, donne de l'insomnie à M. Aimé Henri Konan Bédié, ancien président de la République et président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI). La percée spectaculaire du FPI au pays ano ou andô donne de gros soucis à Bédié alias N'Zuéba. Au point de dépêcher son secrétaire général, M. Alphonse Djédjé Mady, pour animer un meeting, vendredi dernier, dans la cour du centre culturel de Prikro où était annoncé un meeting géant de clôture de Pascal Affi N'Guessan pour hier dimanche 12 août. Le PDCI, effrayé par le FPI, a eu recours aux danseuses d'Adjanou, de vieilles femmes qui n'ont fait que répandre la malédiction. Elles ont entonné un chant dans lequel elles disaient : Président Gbagbo, quand ton père naissaît, Houphouet vivait déjà. Président Gbagbo, quand tu es né, Houphouet vivait déjà. Président Gbagbo, depuis que tu as pris le pouvoir, on tue, on verse le sang comme de l'eau. Président Gbagbo, c'est avec toi qu'on verse le sang humain?.
Djédjé Mady, qui croit que ce refrain de malédiction sur le président Gbagbo peut sauver le PDCI de son agonie, a remis un billet de banque à ces vieilles féticheuses dont les actions puaient toutes, le tribalisme. Comme pour dire qu'il souscrit entièrement à ce que les femmes ont proféré, l'envoyé de Bédié a dit : L'essentiel de ce que je vais dire a été dit par les danseuses d'Adjanou?. Animant son meeting, le secrétaire général du PDCI a dit que le FPI accuse son parti d'être de mèche avec la France qui exploite la Côte d'Ivoire. Pour lui, quand Houphouet-Boigny luttait contre les colons, c'est un Bété de Gagnoa, feu Andrien Digna Bailly, socialiste, qui collaborait avec les colons pour combattre Houphouet. Djédjé Mady a dit qu'il ne comprend pas que des héritiers des socialistes, les militants du FPI, accusent le PDCI. Il a dit à son auditoire que le PDCI a gouverné la Côte d'Ivoire dans la paix pendant 40 ans avant que le FPI ne vienne faire basculer le pays dans la guerre. Audacieux, Alphonse Djédjé Mady a déclaré que la guerre n'a duré que 10 jours et que pendant que Laurent Gbagbo et ses gens se cachaient quelque part, c'est un ministre sénégalais qui a réussi à faire signer le cessez-le-feu?. Et Mady d'ajouter que, malgré la Flamme de la paix?, les Forces Nouvelles détiennent toujours les armes. Le secrétaire général du PDC, qui se croyait obligé de répondre aux critiques contre le PDCI, a dit, sans sourciller, que le bitume qui est resté à 25 km de Prikro devait être prolongé quand Bédié a été chassé du pouvoir. Il en est ainsi, selon lui, de l'autoroute du Nord qui devait atteindre Yamoussoukro et de la construction du 3ème pont d'Abidjan.
Selon Djédjé Mady, ceux qui accusent le PDCI de n'avoir électrifié que 4 villages à Prikro doivent savoir qu'en 40 ans, on ne construit pas totalement un pays. Les éléments de sa défense ont tourné autour de ce que Bédié avait un programme d'électrification de 300 villages quand il a été renversé par les jeunes gens du général Robert Guéi. Il a fait remarquer que le courant que Gbagbo distribue dans les villages est fourni par les barrages construits par le PDCI. Au dire de l'ancien ministre de la Santé d'Houphouet-Boigny, si Bédié donnait l'ordre aux militaires de déloger les mutins qui occupaient la radio et la télé en 1999, ils l'auraient fait. Mais, selon lui, Bédié a laissé le pouvoir pour éviter un bain de sang. L'envoyé de Bédié a déclaré aux populations venues l'écouter que le FPI n'a rien réalisé depuis qu'il a accédé au pouvoir. Pour lui, les centres de santé inaugurés avant le déclenchement de la guerre sont les réalisations du PDCI. L'avocat-défenseur de N'Zuéba a invité les populations ando à aller voir le village natal du président Gbagbo pour voir ce que le président de la République est en train de bâtir. Aussi, a-t-il indiqué que Pascal Affi N'Guessan a construit un collège extraordinaire à Bongouanou et a construit une résidence dans son village en deux ans de présence dans le gouvernement. Toutes ces réalisations, selon Mady, ont été faites avec l'argent du pétrole, du café, du cacao et de l'hévéa. A part ces réalisations, a-t-il soutenu, le FPI n'a rien fait pour la Côte d'Ivoire. Selon Mady, le kilogramme de cacao que Gbagbo avait promis de payer aux paysans à 3000 FCFA, n'est pas payé à ce prix. Il a mis fin à son discours par exhorter les populations à ne pas voter pour son frère Bété qui, à l'en croire, gère mal le pays.
Ainsi a parlé Djédjé Mady aux populations de Prikro vendredi dernier. Tout en leur promettant une visite de Bédié, leur frère, qui va se rendre en personne à Prikro. Avant lui, l'ancien ministre Moïse Koumoué Koffi, délégué départemental du PDCI, a dénoncé le fait que le FPI distribue de l'argent aux populations. Pour lui, c'est corrompre et humilier les populations. Curieusement, la délégation du PDCI a remis, on ne sait pourquoi, une somme de 100.000 FCFA à ceux qui ont répondu au meeting. Moïse Koumoué Koffi, connu pour son plan économique impopulaire en 1989, ne dit pas si les 100.000 FCFA ne sont pas une corruption ou une humiliation. De pauvres paysans transportés de leurs villages pour suivre le meeting y sont retournés à pied. Parce que des camions ont refusé de les ramener.

Benjamin Koré
Envoyé spécial à Prikro

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