mardi 14 août 2007 par Nord-Sud

La production vivrière connaît une embellie à l'Ouest. Malheureusement, ce frémissement ne profite pas à l'ensemble du pays notamment à Abidjan. En cause, les problèmes d'approvisionnement.



Les produits vivriers inondent l'intérieur du pays. Cette campagne, les pluies ont été particulièrement généreuses, entraînant une abondance des récoltes dans les zones de production notamment à l'Ouest. A Mahapleu, gros village du département de Danané, les coopératives qui s'occupent de maraîchers ne chôment pas. En ce début de mois d'août, les femmes de cette petite bourgade sont à la tâche. Très tôt le matin, elles effectuent plusieurs tours entre les champs et le village. Elles regroupent leurs produits sous des préaux en attendant l'arrivée des acheteurs potentiels en provenance des grandes villes. Ce matin, Goué Philomène a mis tous ses enfants à contribution. Sur un tapis de sol, elles et ses filles déversent des régimes de bananes ainsi que des tubercules de patates douces. On peut voir également des corbeilles de piment frais et des sacs de tomates mûres. Comme elles, d'autres femmes acheminent leurs marchandises et les exposent sous des abris de fortune. Le marché grouille de monde mais les commerçantes de vivriers se plaignent de mévente. Pourtant les prix sont très abordables. Un tas de 10 bananes s'obtient à 100 Fcfa. Parfois moins. Le litre de l'huile de palme est de 400 Fcfa. Les aubergines se vendent par calebasses de 75 Fcfa. Il y a beaucoup de produits mais le marché est difficile. Les clients viennent au compte gouttes, se plaint Mariame Diomandé. Mais, avec les réjouissances que le village doit accueillir ce jour-là, les opérateurs économiques avaient espéré mieux. Malheureusement, on ne constate aucun frémissement sur notre marché, poursuit-elle. La morosité du secteur vivrier est une tradition depuis le début de la crise. Mais, elle s'est exacerbée ces derniers mois. Le préjudice est énorme car les paysans, qui avaient vu dans le vivrier une alternative aux cultures de rentes achetées à vil prix, commencent à déchanter. Selon Mabéa Edmond, planteur à Zouan-Hounien, la situation de Mahapleu est symptomatique de ce qui se passe dans les régions de l'Ouest ivoirien. Une production abondante sur un marché peu rémunérateur. Cette situation de mévente est diversement interprétée par les opérateurs économiques. Pour les uns, elle résulte de la surproduction tandis que pour les autres, c'est la conséquence de la paupérisation grandissante dans le pays profond. Mais selon la présidente de la coopérative du vivrier de Mahapleu, Félicité Tia, il y a un véritable problème de débouchés. Il est clair que toute la production ne peut pas être absorbée au plan local. Nous avons besoin de clients venus d'ailleurs notamment d'Abidjan pour écouler nos produits, explique-t-elle. Un cadre de l'Office de la commercialisation des produits vivriers (Ocpv) à Abidjan confirme que l'intérieur du pays est bien fourni mais les circuits de production sont mal maîtrisés. En effet, le marché abidjanais, le plus important, n'est pas suffisamment approvisionné. En cause, les tracasseries routières. Les nombreux barrages qui entraînent des surcoûts érodent les gains des commerçantes. Pis, les denrées périssent sur les routes. En effet, Pouho Lou, commerçante au marché gouro de Yopougon-Banco, affirme avoir passé pratiquement 24 heures de Duékoué à Abidjan. Quand j'arrivais à Abidjan, toute ma marchandise était pourrie. La route est devenue difficile et coûteuse, fustige-t-elle. Un dysfonctionnement qui explique la cherté du marché dans la capitale économique.









Lanciné Bakayoko

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