Une nomination est toujours fêtée, à plus forte raison quand on occupe le poste de Premier ministre. Mieux, quand le promu est chargé de conduire le processus de paix au plan national. C'est cette vérité que le peuple sénoufo du département de Ferké et les populations du Grand Nord, toutes tendances politiques, religieuses et sociales confondues ont rappelée le 18 août à travers une grande réception en l'honneur du chef du gouvernement, Guillaume Soro Kigbafori. Avec eux, les populations alliées de l'ouest, les frères et voisins de la région de la Vallée du Bandama. En somme, de toute la Côte d'Ivoire. Voir la paix si proche ne mérite-t-il pas l'organisation d'une grande fête, en l'honneur de celui-là même qui incarne la recherche opiniâtre de cette paix, si chère au c?ur de l'Ivoirien ? Fêter votre nomination comme Premier ministre de la République de Côte d'Ivoire, chargé de ramener la paix, vaut bien son pesant d'or, a expliqué, à l'endroit de ceux qui en doutaient encore, le porte-parole des populations, SEM. Bakary Tuo Touré.
Le chef du gouvernement en a profité pour expliquer les raisons de son engagement dans le dialogue direct proposé par le Chef de l'Etat mais aussi pour préciser le programme qui sera exécuté dès la fin des vacances fin août. A la rentrée gouvernementale, nous serons en mesure de lancer sur l'ensemble du territoire, les audiences foraines. () Mais parallèlement aux audiences foraines, nous allons aussi travailler à lancer l'identification, c'est-à-dire, la délivrance des cartes d'identité aux citoyens de ce pays. Parce que la question de la citoyenneté, de l'identité, on l'a toujours dit, c'est la cause préjudicielle de cette guerre. Et on aura réglé les problèmes réels qui ont causé cette guerre si on donne à chaque citoyen sa carte d'identité. Et c'est notre objectif. () C'est après quoi ?l'Accord politique de Ouagadougou est clair- nous irons à l'organisation d'élections démocratiques et transparentes. Je crois qu'après la guerre que notre pays a connue, on ne peut plus se payer le luxe d'élections truquées. Ce n'est pas possible. Et je crois que tous les signataires de l'Accord politique de Ouagadougou sont d'accord qu'il faut organiser en Côte d'Ivoire des élections démocratiques et transparentes. Et nous faisons confiance à la Commission électorale indépendante pour faire ce travail, a-t-il promis tout en lançant un clin d'?il à la vice-présidente de la CEI, Mme Fatoumata Traoré. Et d'ajouter que l'intérêt de la nation l'a conduit aux négociations. Aujourd'hui, quand vous prenez les routes, pour venir à Ferké, vous pouvez vous rendre compte de leur état de délabrement. C'est pourquoi nous avons, à un moment donné, décidé, en toute connaissance de cause, de se consacrer au développement de nos régions. Parce que je sais que nos populations attendent des cadres, des fils de leurs régions un soutien. Attendent de leur fils qu'elles aient à manger, qu'elles aient à boire ; elles attendent de leurs fils et filles qu'elles aient des routes. Et je pense que c'est cet enjeu important qui doit nous guider. Et c'est pourquoi, nous avons décidé d'aller au dialogue direct et de conclure la paix. Il a plaidé pour l'union des enfants du département pour le soutenir par des prières et des bénédictions. Concernant la manifestation, le Premier ministre n'a pas boudé son plaisir. Populations de Ferké, populations de Kong, populations de Ouangolo, de Diawala, de Koumbala, de Niélé, je vous salue. Aujourd'hui, je ne tiendrai pas de grand discours ou de long discours. Je voudrais simplement dire que je suis ému et heureux d'être ici, à Ferké, parmi mes parents. Je voudrais le dire en toute sincérité, a déclaré Guillaume Soro. Surtout face à l'affluence record qui a été constatée à la Place du monument aux morts où la population qui n'a pu être installée sous les 31 bâches dressées était de loin la plus nombreuse. De mémoire des habitants de Ferké, jamais une manifestation n'a réuni, sur cette Place des fêtes, une foule aussi immense, aussi chatoyante et aussi variée dans ses composantes sociales ! s'est réjoui le Pr Tuo. La satisfaction du Premier ministre vient surtout de ce que les exigences qu'il avait formulées le 7 avril, lors de l'audience qu'il a accordée aux siens venus le féliciter à l'hôtel du Golf après sa nomination le 29 mars ont été entièrement prises en compte. Ma condition était que cette réception n'ait aucun caractère politique. Que cette réception ait un caractère familial et qu'au-delà des clivages idéologiques et politiques, nos parents se mettent ensemble pour plutôt fêter un fils. C'est ça le symbole de cette cérémonie aujourd'hui. Nous ne sommes pas là à une cérémonie électorale. Nous ne sommes pas là à une cérémonie politique. Nous sommes là à une cérémonie familiale, fraternelle. C'est pourquoi je voudrais commencer par remercier le comité d'organisation qui a tenu à préserver ce caractère familial. Et je viens ici, non pas en tant que Premier ministre mais en tant que fils de Ferké, né à Diawala. Comme quelqu'un l'a dit tout à l'heure, c'est vrai, je suis né à Diawala, je suis allé à l'école à Niélé, j'ai fait le collège à Katiola. Je suis de la région des Savanes, a-t-il précisé à l'endroit de tous ceux qui veulent faire du nombrilisme et de l'exclusion. Félicitations, encouragements et soutiens sont les maîtres mots de cette fête en l'honneur de celui que le peuple sénoufo a décidé d'élever à la dignité de héros, a dit le porte-parole des populations mais aussi les présidents des conseils généraux des chefs-lieux de régions ainsi que du ministre des Transports, Mabri Toikeusse. L'engagement à persévérer dans la voie de la paix a également été réaffirmé par le porte-parole des Forces nouvelles, le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Sidiki Konaté. Les danses et les alliances à plaisanterie ont agrémenté la cérémonie. Le président du comité d'organisation, Adama Coulibaly, a exprimé sa gratitude aux populations et invités qui démontrent ainsi que le label Soro K. Guillaume est non seulement fédérateur mais aussi rassembleur. Le Premier ministre a bénéficié du soutien de son épouse, Tagro Sylvie Barthe, originaire de Daloa.
Paulin N. Zobo
Envoyé spécial à Ferké