mardi 21 août 2007 par Le Front

Annoncée tambour battant comme le règlement du scandale des déchets toxiques, l'opération d'indemnisation des victimes connaît beaucoup d'irrégularités. Plusieurs victimes de ce scandale au sommet de l'Etat dénoncent cet état de fait. Charles Bauza Dogbo Koré, président du Cihdt, est de ceux-là. Il nous le dit dans cet entretien.


Charles Bauza, vous êtes le président du collectif des intoxiqués hospitalisés des déchets toxiques (Cihdt). Vous êtes l'un de ceux qui ont dénoncé avec véhémence l'attitude des autorités étatiques dans le cadre du scandale du Probo Koala. Aujourd'hui, les victimes que vous êtes, sont en train d'être indemnisées. Peut-on savoir où est-ce qu'on est avec cette opération d'indemnisation ?

Pour tout vous dire, je suis une fois de plus deçu. Car cette opération est une déception totale

Comment expliquez-vous cela ? Quand on sait que de nombreuses victimes reçoivent leur argent ?

Premièrement, je vais sur la base du principe. De toutes les victimes des déchets toxiques, le cas des hospitalisés est à l'origine la cause première. Ces dernières étant les cas vivants, les plus critiques. Ensuite, viennent les morts. Logiquement et juridiquement parlant, le montant fixé à 2 millions de Fcfa pour les hospitalisés est anormal et injuste. Outre cela, celui des morts, fixé à 100 millions de Fcfa, est aberrant. J'en veux pour comparaison, le cas du crash d'un avion. Dans le cas d'espèce, l'indemnisation en terme de dommages et intérêts aux victimes d'une telle catastrophe, c'est-à-dire les survivants, est d'un montant plus élevé par rapport à celui des victimes décédées. Pour la simple raison que les survivants subiront toute leur vie des séquelles du choc. Deuxièmement, cette opération est une déception du fait du parcours du combattant qui nous est imposé. Nous qui sommes malades, sommes victimes de toutes sortes de tracasseries relativement à la paperasse à fournir pour établir nos dossiers d'indemnisation. Et c'est sans compter sur les nombreuses erreurs. Cela nous donne l'impression d'être soumis à un second concours de la Fonction publique. Troisièmement, la déception se voit enfin à travers la cellule présidentielle. Aujourd'hui, après constat, nous disons que c'est cette cellule qui est à la base de nos malheurs. Car c'est elle qui décide, selon son gré, de notre sort. Sort qui ne tient pas compte de notre crédibilité, de l'importance ni de la délicatesse de nos dossiers médicaux. Dont une partie lui a été transmise à sa demande depuis décembre 2006. Ces dossiers devaient servir de preuve pour que nous bénéficions de notre part des 40 millions du chef de l'Etat. A ce jour, nous n'avons rien perçu. Pour nous, c'est cette cellule qui discrédite le président Gbagbo à nos yeux. Exerce des violences subtiles sur nos personnes, tient des propos choquants à notre endroit, refuse tout contact et toute collaboration de quelques bonnes volontés qu'elles soient. Nos vies sont aujourd'hui des cauchemars. Mais qui pourrait s'en émouvoir !

Mais à votre niveau, avez-vous chercher à rencontrer les autorités de la présidence pour en savoir plus sur cette affaire ?

Non ! Mais nous en avons fait cas en adressant un courrier avec accusé de réception, au premier responsable de ladite cellule. Chez nous au Cihdt, nous ne parlons pas pour ne rien dire. Nous tenons surtout à dire ceci concernant notre situation. La seule et unique personne qui a le pouvoir discrétionnaire et capable de décider de notre sort, est le chef de l'Etat. Même la cellule en elle-même ne peut pas en décider.

Et qu'elle est cette situation que nul ne peut régler à part le chef de l'Etat ?

Cela est consigné dans nos fiches de réclamations par individu, déposées à la cellule présidentielle. Mais rassurez-vous, nous ferons d'ici peu une grande conférence de presse où nous éclairerons tout le monde.

M. Charles Bauza, quel est l'appel que vous lancez ?

Nous souhaitons tant que cet appel soit le dernier. Et qu'enfin la collaboration entre la cellule présidentielle et les intoxiqués soit une réalité. Pour le bien de tous. Par ailleurs, nous exigeons du trésorier général d'Abidjan Nord d'avoir l'amabilité et l'humilité de s'excuser officiellement. Pour avoir dit lors de son avant-dernier passage au journal télévisé de 20 heures que s'agissant de l'indemnisation des victimes des déchets toxiques, l'Etat aurait fait ?'Don''. Enfin, nous réitérons notre demande d'audience auprès du chef de l'Etat. A qui nous voulons prôner que nous avons des raisons de nous plaindre.



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