jeudi 23 août 2007 par Notre Voie

M. Bouadou N'da Lazane est le candidat malheureux du Front populaire ivoirien (FPI) aux dernières législatives à Prikro. Dans cet entretien, il parle des chances de son parti aux prochaines élections et jette un regard sur la politique du PDCI à l'égard du peuple andoh.

Notre Voie : Vous avez pris part à la tournée que vient d'effectuer le président du FPI, M. Pascal Affi N'Guessan, dans le département de Prikro. Quel est votre sentiment au terme de cette mission ?
Bouadou N'da Lazane : : Ce que nous pouvons dire, c'est merci à Dieu qui a permis que cette tournée se déroule bien. Prikro était effectivement un bastion du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI). Mais, depuis les élections législatives et des conseils généraux, nous avons pris de l'ascendance au point où les élus du PDCI sont dans la clandestinité à Prikro. Aux élections législatives, j'ai eu 30% des suffrages, parce que je ne connaissais pas bien le terrain. Dès que j'ai échoué, je suis venu sur le terrain pendant 3 ans pour travailler pour le parti avec toute l'équipe. Le couronnement est la tournée du président du parti qui consolide ce que nous avons entrepris.

N.V. : Qu'est-ce qu'on doit retenir en termes de succès ?
B.N.L : C'est un succès, un vrai succès qu'a connu cette tournée du camarade Affi N'Guessan. Comme j'aime le dire souvent, autant le pied sied à la chaussure, autant le FPI sied au peuple andoh.

N.V. : Quelle est l'étape qui vous a le plus marqué au niveau de la mobilisation ?
B.N.L : Je retiens l'étape de Gbakro. Cette étape m'a beaucoup surpris. Parce qu'aux législatives, le FPI n'a pas eu le résultat que nous souhaitions. Nous avons été battus dans ce village. Mais, aujourd'hui, compte tenu du travail qui a été fait par le parti, le FPI s'est bien implanté dans ce village. Les populations sont sorties massivement. Je pense que l'acte du président du FPI ne fait que rehausser le peuple andoh. Si le FPI doit perdre les élections, je touche du bois, ce sera à cause de ses militants que nous sommes.
Il nous revient d'entretenir nos acquis et savoir les capitaliser. Sinon tout est fait, nous n'aurons plus de campagne à faire.

N.V. : Selon vous, qu'est-ce qui a favorisé la forte implantation du FPI au c?ur du pays akan ?
B.N.L. : Il faut reconnaître que le président Laurent Gbagbo a eu le nez creux en parcourant, en 1998, le pays andoh. Dès cet instant les populations ont vu que le FPI était plus imprégné de nos réalités que les autres partis.
C'est après le passage de Laurent Gbagbo que le PDCI a électrifié 3 ou 4 villages, et aujourd'hui, le FPI est en train d'électrifier une trentaine de villages. C'est un atout majeur. Comme vous le dites, nous sommes au c?ur du pays akan, mais nous avons été oubliés par le PDCI.
Le peuple andoh a toujours voté pour l'ethnie, pour le frère. Mais notre peuple a compris que seul le programme du FPI est intéressant.

N.V. : Famienkro est votre village. Lors du passage du président du FPI, les intervenants n'ont pas caché leur amertume liée à la fermeture de l'usine de Sodesucre de Sérébou-Comoé implantée à Famienkro. Qu'est-ce qu'il en est au juste ?
B.N.L. : C'est un souvenir amer pour Famienkro et pour tout le peuple andoh. Nous parlons de cette usine avec beaucoup d'amertume.
Parce que c'est la démonstration nette que le PDCI a rejeté le peuple andoh. Nous aurions dû comprendre dès cet instant, que le PDCI est contre le peuple andoh.

N.V. :La fermeture de cette usine remonte à quelle date et quelles en sont les raisons ?
B.N.L. : L'usine a été fermée en 1984 au moment où le président Henri Konan Bédié était le président de l'Assemblée nationale. Il a été ministre de l'Economie et des Finances. Bédié qui est notre frère d'à côté, Daoukro, n'a rien apporté au peuple andoh. Le PDCI a eu le courage de dire que c'est M. M'Bahiablé Kouadio qui a proposé qu'on ferme cette usine. Parce qu'il y avait un problème de mauvaise gestion. Il faut rappeler que l'usine de SODESUCRE de Sérébou- Comoé était présentée comme la plus performante en Afrique de l'Ouest et elle était gérée par des gens désignés par le PDCI. Ils ont conduit l'usine à la faillite seulement en 5 ans de gestion après son ouverture en 1979. Le PDCI a désigné un certain Kouamé Lazare, qui est le liquidateur de cette usine. Avec la complicité du secrétaire général du PDCI de Famienkro, M. Amadou Ouattara, qui est mon oncle, ils ont organisé une mafia pour piller les locaux depuis le fer, le matériel jusqu'au fil d'électricité ; l'usine a été démontée et les pièces ont été vendues.
Nous avons saisi, en son temps, des documents avec lui, dans lesquels Amadou Ouattara demande des logements, le patrimoine de l'Etat au nom du village et il garde tout cela par devers lui.

N.V. : La cité construite pour les travailleurs de cette usine a été électrifiée et le village de Famienkro, qui abrite l'usine, est laissé dans le noir. Pourquoi, selon vous ?
B.N.L. : On pensait que l'apartheid n'a existé qu'en Afrique du Sud. Le peuple Andoh a été victime de la politique d'apartheid du PDCI. Les gens ont pris soin d'électrifier la cité des travailleurs de la SODESUCRE qui est à moins de 500 mètres de Famienkro et ils ont laissé le village dans les ténèbres jusqu'aujourd'hui. Nous ne savons pas comment le PDCI peut expliquer cette forme achevée de l'exclusion, de l'apartheid à l'égard du peuple andoh qui n'a jamais hésité dans son militantisme. Mais nous avons tous espoir. Car le soleil du peuple andoh est en train de briller depuis que le président Laurent Gbagbo a accédé au pouvoir.
L'électrification de Famienkro n'est qu'une question de mois.

N.V. : Le village de Famienkro demande aussi son érection en commune. Comment comptez-vous défendre ce dossier pour avoir gain de cause ?
B.N.L. : Nous estimons que cette doléance est légitime. C'est toujours dans la logique du PDCI que le village de Famienkro subit une injustice qui, nous avons espoir, sera réparée par Laurent Gbagbo. Le président de la République a une politique de communalisation qui sauvera de nombreux villages de leur oubli, de leur abandon où les a laissés le PDCI. Famienkro est à 25 km de Prikro et le village a des infrastructures dont le centre de santé qui a plus de commodités que l'hôpital de Prikro. C'est pendant cette guerre que des malfaiteurs sont venus piller le Centre.

N.V. : Vu l'engouement suscité par la tournée d'Affi N'Guessan pensez-vous que le FPI peut arracher un poste aux prochaines élections ?
B.N.L. : Comme je le disais, le PDCI, bien qu'il ait tous les élus à Prikro, est aujourd'hui dans la clandestinité. Je ne doute pas que le FPI va triompher aux prochaines élections dans le département. La mairie, les législatives et le conseil général vont naturellement tomber aux mains du FPI.

Interview réalisée à Prikro par Benjamin Kore

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