vendredi 24 août 2007 par Fraternité Matin

Demain, de manière concomitante, à Abidjan, a lieu le Conseil départemental de Cocody;
à Paris, son président, Alassane Dramane Ouattara, rencontre les militants d'Europe. Flash back. Du Rassemblement des Républicains, RDR, en gestation en 1993, comme courant ( ?) au sein du PDCI-RDA, dans le secret des murs de la Mairie de Cocody, sous la discrétion du tribun Djeni Kobinan et ses camarades non moins émérites, Lanzeni Koné, Pierre Badobré, Hyacinthe Leroux à celui d'aujourd'hui, la distance n'est certes pas énorme, tout simplement parce que la flamme militante qui brûle dans les c?urs des nombreux militants ne s'est pas encore éteinte, mais elle a fait place à l'expérience du terrain, qui se conjugue aussi avec lassitude, désertion, indifférence, départ, etc. La vie d'un parti n'est pas rectiligne. Il y a de bas moments, comme de hauts moments. Les hauts moments? C'était hier, quand, dans l'enthousiasme des débuts, en 1994, le RDR qui affichait clairement ses options pour Alassane Dramane Ouattara, ne souffrait aucune contestation. Aucun militant ne pouvait se l'autoriser ; aucun n'y pensait d'ailleurs ; aucun n'avait intérêt à y penser. C'était comme un " pacte de sang ", autour d'une personne : " le bravetchê " (le brave homme), disait de lui son tout premier secrétaire général, le propagandiste premier, Djeni Kobinan. En ce temps-là aussi, il y avait une contradiction principale : la guerre farouche que se livraient les héritiers d'Houphouet-Boigny, Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara, à la mort du " père ". L'alibi du refus de la parole à Djeni au Congrès du 30 avril 1994 qui a mué ce qui devait être un courant à l'intérieur du PDCI en parti ne pèse pas lourd. On peut même dire que l'adhésion massive des hommes du Nord à ce parti est né du sort" ingrat " réservé au tout Premier ministre de la Côte d'Ivoire, originaire du Nord, et Premier ministre d'Houphouët-Boigny, qui a " sauvé " la Côte d'Ivoire engluée dans une crise de tous ordres. Sur la base de ce ressentiment, ajouté au charisme de son mentor, Alassane Dramane Ouattara, le RDR a bénéficié d'un long moment de grâce, rendu encore possible, après le coup d'Etat de 1999 - éviction des ministres RDR du gouvernement de Salut du Comité national de salut public, CNSP, avec, au bout, les " élections calamiteuses " - éviction encore de ADO, pour nationalité douteuse?, à l'élection présidentielle- et les horreurs du charnier. El Hadj Sakanogo Gaoussou, président de l'Association des cadres de Kong, disait : " nous avons accompagné Alassane dans sa lutte pour faire reconnaître son droit à sa nationalité ; pour qu'un fils du Nord, un dioula, un musulman puisse être candidat à la magistrature suprême. Nous avons été solidaires de Alassane quand on refusait au peuple de Kong le droit de désigner son fils pour être son député à l'Assemblée nationale et pour cela Kong était sorti de la République Même si vous mettez le soleil dans notre main droite et la lune dans notre main gauche, nous n'abandonnerons pas Alassane Dramane Ouattara ".Adama Bictogo, secrétaire national chargé des relations avec les partis politiques, récemment, disait, à un meeting à Koumassi, dans un autre style, ceci : " il faut donc remobiliser en se rapprochant de la base qui a le plus souffert de la violence et de l'arbitraire ".
Rejet de la candidature du président du RDR, tueries, charnier, brimades, etc., tous le ingrédients pour constituer un bloc de sympathie autour de l'homme et de son parti, le RDR, et de s'imposer une sorte de loi de l'Omerta. On ne montre pas la route de son village de la main gauche, ou, ce qui revient au même, l'homme qui l'incarne, au moment où il subit toutes les frustrations. Le RDR a bénéficié de toutes ces circonstances, nées surtout des maladresses des classes politiques. Qui en ont fait un parti martyr, avec un président et des militants martyrs. Les martyrs ont toujours la sympathie des foules! Jusqu'au jour où les donnes changent... Le schisme qu'inaugurent Zémogo Fofana et ses amis, Khalil Aly Keïta, Jean-Jacques Béchio, respectivement ancien porte-parole et conseiller diplomatique, revenus d'exil ; réunis au sein de l'Alliance pour la nouvelle Côte d'Ivoire (ANCI) indique bien que les temps ont changé. Et le RDR doit apprendre à y faire face. (Voir le cas Zémogo). Ils avaient même commencé avant 2000, avec les départs des " pères fondateurs ", parmi lesquels, Hyacinthe Leroux, Ayié Ayié Alexandre, Badobré, Ben Soumahoro et, plus tard, des deux femmes ministres de la République, Jacqueline Oble et Grah Claire( Paix à son âme). De ces " pères ", ne reste que très peu aujourd'hui, pour ne pas dire pas du tout. Même si ces départs n'ont pas eu d'impact sur la vie du parti et sa force de mobilisation: le RDR est resté solide sur ses bases. L'épisode Zémogo est, sans doute à prendre au sérieux. Zémogo Fofana explique son départ, entre autres, en ces termes : " le libéralisme appliqué par le PDCI à l'époque et la façon de gérer les choses, ne nous convenaient pas. Et aujourd'hui, ce que je constate, c'est que les deux blocs se sont reconstitués et la spirale est devenue infernale. Ce que nous proposons aux Ivoiriens, c'est une troisième voie : l'ANCI Ça ne sera le parti, ni des Baoulé, ni des Bété, ni des Wobê, ni des Dioula. Ça sera un parti pour les Ivoiriens par ces temps de politique obscure, ce n'est pas rien ". C'est la première fois, en effet, que de façon aussi ouverte, des éminences grises du parti critiquent aussi vertement le RDR et son mentor. Encore Bictogo : " le prochain congrès du RDR sera décisif (il) devra opérer des réformes nécessaires capables de donner un nouveau souffle au RDR " ; le parti doit, selon lui, " compter sur ses propres forces au lieu d'espérer un quelconque coup de pouce de la communauté internationale ". Le sait si bien le président du parti, qui a décidé de parer au plus pressé, en engageant le parti dans la voie de la rénovation, depuis les décisions prises par le bureau politique les 4 et 5 mars 2006 ; en organisant aussi, entre autres, de vastes élections des secrétaires départementaux, qui ont vu l'élection de 79 secrétaires, pour mieux encadrer les militants. S'y sont ajoutées, à en croire la direction, des adhésions issues de toutes les régions de Côte d'Ivoire. Faisant le bilan de plus d'un an d'activité du parti, à sa réunion du bureau politique du 28 juillet dernier, Alassane Dramane Ouattara a félicité Mme le secrétaire général, Henriette Dagri Diabaté, pour avoir réalisé " 90% " des résolutions nées des décisions prises par le bureau politique les 4 et 5 mars 2006. Au niveau de l'implantation du parti, on dénombre, selon le rapport de Mme le secrétaire général, plus de 3.087 sections et près de 30.000 comités de base. " En faisant un calcul rapide, dira encore ADO, on arrive à plus de 700. 000 militants inscrits dans nos fichiers avec ce chiffre, je ne sais pas s'il y a un autre parti qui peut dire qu'il fait mieux C'est donc dire que nous sommes en train de construire un grand parti et fondamentalement prêt pour la victoire aux prochaines élections ".
Qui veut aller loin, devant ménager sa monture, le président du RDR a donc décidé de remobiliser, demain, à Montreuil, à Paris, ses troupes en Europe. Elles ont besoin de savoir la ou les stratégies qu'entend mettre en place le parti pour la conquête du pouvoir. Et surtout les tenants et aboutissants de la crise qui secoue le RDR. Après les Etats-unis où il a rencontré les militants, l'étape de Paris est une occasion de couper l'herbe sous les pieds de son ex-ministre des Affaires extérieures, Zémogo0. Ce ne sera pas une mince affaire. Car, le parti d'Alassane Dramane Ouattara, familièrement appelé ADO, fait face, pour la première fois de son existence, à une crise qui est loin d'être un " épiphénomène ". Les temps ont changé, et il est bien loin le discours, un brin radicaliste de Djeni Kobinan, du temps de la fureur des mots et des passions des débuts : " réduire le PDCI-RDA à l'état de vestige au Nord et de reliques au Sud ". Le RDR devra affronter ses propres contradictions.
Michel Koffi
Le cas Zémogo
Selon des sources concordantes, le secrétaire de section du RDR de Toumodikro, Nanglé Kouassi Kouadio et le président du Rassemblement des jeunes républicains (RJR) de Toumodi commune, Coulibaly Zanga, ainsi que plusieurs de leurs militants, ont fait leurs valises pour quitter la maison RDR qu'il représentent à Toumodi. Le Secrétaire général, Jean-Jacques Béchio, a reçu ces représentants du RDR à Toumodi, hier (mercredi 22 août. Ndlr) au siège de l'ANCI à leur demande, pour discuter avec eux, confient nos sources. Les discussions ont porté, à en croire nos informateurs, sur l'organisation d'un grand meeting à Toumodi où les militants qui quittent le RDR déclareront officiellement leur arrivée au parti présidé par Zémogo Fofana. Le départ de Coulibaly Zanga et Nanglé Kouassi Kouadio des têtes des structures du RDR de Toumodi est effectif, se réjouit un proche collaborateur de Zémogo Fofana. D'ailleurs, ils viennent avec plusieurs centaines d'autres militants du RDR. Pour lui, les discussions sont en cours pour arrêter une date et les modalités pratiques du meeting en question. Coulibaly Zanga que nous avons contacté hier, en début de soirée, a avoué s'être effectivement rendu au siège de l'ANCI, mercredi dernier. Nous n'allons pas traiter de cette question au téléphone. Si vous voulez, nous pouvons nous rencontrer, a-t-il répondu. En revanche, nos tentatives pour entrer en contact avec Nanglé Kouassi Kouadio ont été vaines. Mais un de ses collaborateurs a pu nous confirmer que, venu de Toumodi en compagnie de deux autres militants du RDR, il s'est effectivement rendu au siège de l'ANCI ce mercredi. Ce collaborateur de M. Kouadio a toutefois affirmé ne pas savoir les raisons de cette visite. Par ailleurs, d'autres sources anonymes, proches de l'ANCI, nous ont annoncé, hier, qu'une autre adhésion massive à l'ANCI, de militants du RDR, se prépare du côté d'Anyama. D'ailleurs, précisent-elles, demain (samedi), le Secrétaire général de l'ANCI effectue une sortie dans cette localité, jusque-là considérée comme l'un des bastions du parti de M. Ouattara. Pour Jean-Jacques Béchio, ce sera une prise de contact, une reconnaissance des lieux, en vue de l'organisation d'un giga meeting dans cette commune. Les mêmes sources disent que le président du RJR d'Anyama, Diabaté Seydou, à la tête d'une délégation de sa structure, a aussi récemment eu une séance de travail au siège de l'ANCI et affiché sa volonté et celle de nombreux militants du RDR de sa localité à rejoindre Zémogo Fofana. Faux, rétorque M. Diabaté que nous avons interrogé hier par téléphone. Je ne connais même pas où se situe le siège de l'ANCI. Et puis, je ne suis pas prêt à quitter le RDR et Alassane Ouattara pour un parti sans avenir comme celui de Zémogo Fofana. Qui croire, alors que nos sources insistent sur la visite, il y a quelques jours, de ce responsable du RDR d'Anyama, à l'ANCI? Zémogo ne parle pas. Mais ceux de son ancien parti qui l'ont traité de feuille morte ou de bras cassé risquent d'apprendre à leurs dépens qu'ils se sont lourdement trompés sur son compte, tout comme sur bien d'autres cadres de l'ANCI, avertit un membre du Secrétariat général de l'ANCI. La lutte continue et elle ne faillira pas, avait clamé Zémogo Fofana, le 14 juin, dans son annonce de démission du RDR. Aujourd'hui, on peut le dire, le combat de l'ANCI pour grossir les rangs de ses militants a commencé avec Anyama et Toumodi.

Pascal Soro

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