mardi 28 août 2007 par Fraternité Matin

Le représentant-résident du Haut Commissariat pour les réfugiés, Saber Azam, fait le point. L'opération de rapatriement assisté des réfugiés libériens vient de prendre fin. Quel bilan peut-on en faire?
Avant le début de l'opération en octobre 2004, la Côte d'Ivoire comptait un peu plus de 53 000 réfugiés. Au 31 juin 2007, à la fin de l'opération, nous avons assisté à peu près 22 000 personnes pour rentrer chez elles. Il y a aussi un certain nombre qui sont rentrés par leurs propres moyens, sans attendre que le HCR ou la communauté internationale les assiste. Nous sommes actuellement en train de vérifier combien de réfugiés libériens restent encore sur le sol ivoirien. Cette opération va probablement prendre fin d'ici la fin du mois d'août. On saura alors exactement combien de réfugiés libériens restent encore en Côte d'Ivoire.
Quel sera le statut de ceux qui vont rester?
Plusieurs possibilités s'offrent aux réfugiés qui veulent rester en Côte d'Ivoire. Ils peuvent garder leur statut de réfugiés s'ils le souhaitent tant que la clause de cessation n'est pas appliquée. Donc, ceux qui souhaitent garder leur statut de réfugié peuvent le garder. La clause de cessation s'applique sur la base d'une consultation entre le gouvernement d'accueil, c'est-à-dire la Côte d'Ivoire, le gouvernement d'origine (le Liberia) et le HCR. Nous n'en sommes pas encore là. Un certain nombre de réfugiés peuvent garder leur statut, mais dans ce cas-là, il n'y aura pas d'assistance de manière individuelle. La protection juridique va continuer, mais il n'y aura pas d'assistance. Des efforts seront entrepris pour que ces réfugiés intègrent la société ivoirienne là où ils sont, à la fois à l'Ouest comme à Abidjan. Pour que leur intégration puisse être couronnée de succès, le HCR va, naturellement, aider les structures ivoiriennes de telle sorte que leurs capacités soient renforcées pour absorber ces réfugiés comme tous les Ivoiriens. Il y aura donc une assistance communautaire, mais à travers les structures ivoiriennes.
Il y en a qui peuvent opter pour la carte consulaire. Nous sommes en contact avec l'ambassade du Liberia pour faciliter l'octroi de cartes consulaires aux réfugiés qui le souhaitent. Ils vivront comme tous les étrangers qui vivent en Côte d'Ivoire. La troisième voie, c'est la voie de la naturalisation. Il y a parmi les réfugiés ceux qui peuvent postuler pour la naturalisation. Dans ce cas-là, il y a une loi qui est en vigueur, des procédures qui sont en place. L'individu va passer par ces procédures. Naturellement, nous allons plaider pour que le processus soit accéléré. Le gouvernement ivoirien vous a-t-il apporté assistance dans la gestion de ces réfugiés?
Le gouvernement et le peuple de Côte d'Ivoire ont apporté une contribution énorme. Rappelez-vous : dans les années 1990, le nombre de réfugiés libériens en Côte d'Ivoire s'élevait jusqu'à 400 000. La plupart de ces réfugiés étaient dans la zone d'accueil, c'est-à-dire entre Danané et Tabou. On n'a même pas eu un camp de réfugiés dans ces endroits. Les populations locales ont partagé avec les réfugiés libériens tout ce qu'elles avaient : les ressources, les villages C'est une contribution énorme. Les autorités ivoiriennes ont été d'une largesse d'esprit exemplaire. Dans toute l'Afrique et même dans le monde, la Côte d'Ivoire a été citée comme un exemple où les réfugiés, dès leur entrée, disposaient de facilités d'assimilation, d'intégration fantastique. La Côte Ivoire a octroyé aux Libériens le statut prima faciès c'est-à-dire que tous les Libériens qui entraient en Côte d'Ivoire étaient considérés comme des réfugiés. Vous savez, c'est un avantage énorme. De ce fait, ils bénéficiaient de toute protection internationale et locale d'assistance. Je crois savoir que la contribution du peuple et du gouvernement ivoirien à soutenir les réfugiés libériens et autres réfugiés qui habitent en Côte d'Ivoire est exceptionnelle. Je profite de cette occasion pour, non seulement, remercier très chaleureusement le peuple de Côte d'Ivoire, mais aussi les autorités qui n'ont jamais cessé d'?uvrer pour faciliter et améliorer les conditions des frères et soeurs ont eu des raisons de fuir leurs pays. A titre d'exemple, le gouvernement de Côte d'Ivoire est un des rares gouvernements qui, au plus haut niveau, a fait une déclaration solennelle qui a été diffusée le 19 juin de cette année par le ministre des Affaires étrangères pour rassurer les réfugiés libériens dans le cadre de leur intégration. Le gouvernement et le peuple ivoiriens ne voient pas de problème à ce que les réfugiés libériens restants intègrent le tissu social et économique de ce pays. C'est vraiment fantastique.
Il y a une frange de la population qui pense toutefois que vous faites tout pour les réfugiés et pas assez, sinon rien, pour les déplacés internes.
Qu'en dites-vous?
C'est une perception qui pourrait être vraie. La difficulté est que le HCR n'a pas un mandat aussi tranchant pour les personnes déplacées que pour les réfugiés. Pour les personnes déplacées, la communauté internationale demande au HCR de prendre certains domaines d'activités en charge. L'année dernière, il nous a été demandé de nous occuper de la protection des personnes déplacées et, vous en conviendrez avec moi, que le HCR a pris cette tâche très au sérieux. Nous nous sommes lancés dans une campagne de sensibilisation extraordinaire au point que la question de protection et de retour des personnes déplacées a fait l'objet d'un accord politique dans l'Accord de Ouagadougou. Jamais, dans aucun accord, on n'a parlé de personnes déplacées Je suis très content de voir que dans la dernière résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, il y a une place pour la protection des personnes déplacées. Savez-vous que jamais, dans aucune résolution du Conseil de sécurité, on n'a parlé de protection des personnes déplacées? Le HCR a été moteur de ce genre d'initiative, à la fois vis-à-vis des acteurs ivoiriens que des acteurs internationaux. Au niveau assistance, la tradition ivoirienne d'hospitalité est telle que les personnes déplacées sont assistées pratiquement totalement par les familles et par les amis. C'est moins visible que la situation au Darfour qui, avec les images, arrive à convaincre plus les acteurs internationaux que les familles d'accueil qui reçoivent des personnes déplacées et les aident avec leurs propres moyens. Je profite de l'occasion que vous me donnez pour dire que la crise en Côte d'Ivoire a vraiment laissé des séquelles économiques très importantes. Je ne suis pas économiste, mais partout j'entends dire que des centaines de milliers d'emplois ont disparu avec la crise et que cela affecte le pouvoir d'achat, le revenu des familles qui continuent cependant d'aider les personnes déplacées. Cela m'amène à dire qu'en Côte d'Ivoire, il y a des problèmes liés à la protection des personnes déplacées et nous continuons à ?uvrer dans ce sens.

Où en est l'opération de détermination du profil de ces personnes déplacées que le HCR a lancée?
Le projet a pris fin. Nous avons un rapport qui est prêt et je cherche une occasion pour le présenter aux autorités et au gouvernement, en l'occurrence le Premier ministre. Il y a des informations très intéressantes qui reviendront au gouvernement comme aux acteurs qui sont engagés dans le domaine de l'assistance, de la protection et du retour des personnes déplacées. Nous sommes en train de voir dans quelle mesure on peut aider les personnes déplacées qui ont occupé le Centre Miégou à Yamoussoukro. Comme vous le savez, c'est un centre qui est destiné aux enfants handicapés. Malheureusement, il ne peut pas s'occuper d'eux parce que des personnes déplacées l'ont occupé. Nous avons un programme de retour et de réinstallation des personnes déplacées dont j'espère pouvoir discuter très bientôt avec la Présidence de la République et avec le ministère de la Solidarité et des Victimes de guerre.
Nous sommes très activement engagés aux côtés du ministère de la Réconciliation nationale à Tabou pour le retour des bannis selon les règles que les populations elles-mêmes ont choisies. C'est un projet qui avance bien grâce à l'appui énorme et à la solidité du ministère de la Réconciliation nationale. Nous sommes engagés dans la région du Moyen-Cavally à faire le suivi du respect des droits. Vous savez qu'à un certain moment, le HCR avait fait beaucoup de bruit pour le respect des droits des personnes déplacées, surtout dans l'ex-zone de confiance et nous continuons ce travail. Pour la protection des populations civiles, on ne fait jamais assez. En quoi consiste cette opération?
Cette opération consistait à déterminer l'origine de la plupart des déplacés d'Abidjan, leurs soucis, les défis de protection et de violence auxquelles ils ont fait face, si ces individus souhaitent retourner dans leurs régions et si oui, quels sont les obstacles à leur retour. Naturellement, il y a beaucoup d'autres questions annexes. L'objectif de ce projet, c'est de donner une image de la situation aux autorités et aux agences qui sont engagées dans le retour des personnes déplacées. Etre déraciné se fait rapidement, mais le retour est un processus de très longue durée. Il faut qu'il soit basé sur le respect absolu des droits humains. Le HCR s'oppose à tout retour politique. Il faut absolument que les droits des individus soient respectés. Depuis l'année passée, je ne cesse de répéter les trois conditions sine qua none pour le retour des personnes déplacées.
Quelles sont-elles?
D'abord, il faut que ce retour se fasse dans la sûreté, dans la dignité. Il faut absolument que dans les lieux de retour il y ait des autorités officielles chargées de la sécurité et de la dignité de ces personnes qui retournent. Deuxièmement, il faut que les personnes qui retournent puissent avoir accès à tous les services civils et civiques. Cela signifie, bien sûr, qu'il faut qu'il y ait dans les lieux de retour des services de l'Etat qui puissent se charger de l'éducation, de la santé, de la liberté des mouvements. Troisièmement, les personnes déplacées doivent avoir tous les moyens de reposséder les biens qu'elles ont perdus. C'est pour cela qu'il faut insister pour que le retour ne soit pas lié à des considérations politiques, mais basé sur les droits humains, la sécurité et les services que ces personnes recevraient des autorités légitimes dans leurs lieux de retour. Y avait-il des demandeurs d'asile parmi les réfugiés libériens?
Comme je l'ai déjà dit, les réfugiés libériens jusqu'à présent bénéficiaient de prima faciès, ce qui veut dire que le Libérien demandeur d'asile était automatiquement considéré comme réfugié. Depuis le 30 juin, ce n'est plus le cas. Nous estimons que les conditions au Liberia n'exigent pas qu'on considère tous les Libériens qui demandent l'asile comme réfugiés. Enormément de progrès est fait au Liberia, la communauté internationale estime que c'est pas mal, les Libériens eux-mêmes ont décidé de tourner la page de la guerre. Il n'y a plus de raison pour qu'on considère les Libériens comme des réfugiés. Par contre, ceux qui ont déjà le statut de réfugié peuvent garder ce statut jusqu'à ce que la clause de cessation s'applique ou ils optent eux-mêmes pour une autre solution (documents d'identité nationale ou naturalisation). Bien entendu, si désormais nous avons des demandes d'asile de Libériens, ces demandes vont passer devant la commission d'éligibilité. En Côte d'Ivoire, nous avons les structures qui correspondent aux normes internationales de plus haut niveau. Les demandes d'asile sont examinées par une commission d'éligibilité composée de représentants de tous les organes concernés de l'Etat : ministères de la Justice, de l'Intérieur, des Affaires étrangères, et j'en passe. Le HCR est un observateur dans cette commission qui a pour mission de statuer sur la demande du réfugié et sur la base de ce que le réfugié a fourni comme informations. Si la demande est acceptée, le réfugié reçoit formellement une notification comme quoi il est considéré comme réfugié par le gouvernement de la Côte d'Ivoire et de ce fait-là, l'individu est sous protection du gouvernement ivoirien.
Si la demande est rejetée, il y a une commission de recours. Les membres de cette commission ne sont pas les mêmes que ceux de la commission d'éligibilité et ça correspond totalement à ce qui existe en Europe, en Amérique du Nord. C'est vraiment au standard international parfait. A ce jour, nous avons environ 2 200 demandeurs d'asile qui sont dans l'attente d'une décision. Ils sont de toutes origines, essentiellement des Grands Lacs (Congo, Tchad, Centrafrique) On a même des individus qui viennent des pays asiatiques. Que devient le réfugié lorsque son dossier est rejeté par la Commission d'appel?
Si tel est le cas, en principe, on renvoie l'individu dans son pays d'origine. Mais comme la Côte d'Ivoire a une tradition d'hospitalité, elle n'expulse pas ces individus. Ils vivent en Côte d'Ivoire sur la base humanitaire. Au HCR, nous encourageons ces individus à régulariser leur situation en obtenant soit des cartes consulaires, soit des cartes régionales. Ils ne sont pas sous le mandat du HCR, ils ne sont pas sous la protection du gouvernement comme réfugiés. On voit des gens camper devant les bureaux du HCR. Peut-on savoir pourquoi?
Leur nombre était élevé l'année passée parce qu'il y avait des attentes surtout de la part des frères et s?urs dont la demande d'asile a été rejetée. Ils ont insisté pour que le HCR les prenne sous son mandat. Le HCR peut prendre des gens si nous ne faisons pas confiance aux structures nationales. Ce n'est pas le cas en Côte d'Ivoire. Nous avons toute notre confiance aux structures nationales de Côte d'Ivoire, avec la commission d'éligibilité et la commission de recours. Il nous a fallu un peu de temps pour faire comprendre à ces frères et s?urs qu'ils doivent régulariser leur situation avec un tarif préférentiel de 2000 F que nous avons obtenu pour eux et, surtout, que la Côte d'Ivoire ne les expulsera pas. Mais vous savez, nous sommes en démocratie. Si des individus veulent venir faire valoir leurs points de vue, nous leur expliquerons autant de fois possible jusqu'à ce que le message passe. Dans votre jargon, il est souvent question de réfugiés urbains.
De qui s'agit-il?
Les réfugiés urbains sont des réfugiés qui habitent la ville d'Abidjan. Par définition, ce sont tous les réfugiés qui habitent dans les grandes villes. Parmi eux, on dénombre 2 400 Libériens qui habitent Abidjan et à peu près 1 600 réfugiés d'autres origines. Ce nombre pourrait augmenter maintenant que nous sommes à la fin de l'opération de rapatriement, surtout en ce qu concerne les Libériens. Il n'est pas impossible qu'un certain nombre de Libériens qui habitaient dans la zone d'accueil auparavant puisse venir dans la vile d'Abidjan. Au niveau assistance, on n'assiste pas les réfugiés libériens d'une manière aussi généreuse que nous assistons les réfugiés d'autres pays, tout simplement parce que nous estimons que les réfugiés libériens auraient être dans la zone d'accueil. Les réfugiés urbains jouissent-ils d'un traitement particulier?
En principe, ce sont des gens qui sont d'origine urbaine dans leurs pays d'origine avec une formation poussée. Bien entendu, il est très difficile pour eux d'aller dans des zones rurales. Ce que nous faisons (comme c'est la pratique partout), les réfugiés dès qu'ils obtiennent leur statut, sont aidés pour une durée de trois à six mois pour avoir un logement, l'assistance nécessaire en attendant que l'individu lui-même puisse trouver quelque chose dans la société. Il arrive que, compte tenu de la situation actuelle en Côte d'Ivoire et de la précarité de l'emploi, la plupart des réfugiés urbains n'ont absolument pas de possibilité à trouver une opportunité d'emploi. Ceux qui avaient un emploi l'ont même perdu. Nous essayons, compte tenu de l'impossibilité de trouver des moyens de subsistance pour ces individus, d'approcher les grands pays comme les Etats-Unis, le Canada et certains pays européens, pour offrir des possibilités de réinstallation à ces individus. En Côte d'Ivoire, on a beaucoup de difficultés à passer le message, mais nous continuons et, de façon régulière, nous présentons les dossiers de ces frères et s?urs aux ambassades concernées pour une considération de réinstallation dans leurs pays. Combien de personnes avez-vous ainsi réinstallées?
Nous avons réinstallé à peu près 6 600 Libériens en dehors de la Côte d'Ivoire, notamment aux Etats-Unis, au Canada et dans certains pays européens. La plupart sont des Libériens (à peu près 5 500) et comme vous le constatez, à peu près 800 individus d'autres nationalités. Nous continuons ces efforts en faveur des réfugiés urbains. La situation économique en Côte d'Ivoire ne permet pas à ces individus de rester debout sur leurs jambes. C'est le lieu de lancer un appel aux pays ouverts à venir nous assister pour que ces individus puissent trouver des solutions plus durables. Il s'agit de gens très compétents, qui ont une formation professionnelle, un bagage intellectuel et une bonne expérience professionnelle. Il est évident que dans toute autre société, ils sauraient être utiles.
La réinstallation a un coût
En principe les pays qui acceptent de réinstaller ces gens supportent le coût. Il y a bien entendu un coût minime pour le HCR, si ce n'est l'établissement des dossiers, les interviewes que nous devons faire pour arriver à la conclusion que l'individu n'a pas d'autre solution en Côte d'Ivoire. La grosse partie des dépenses, dans le cas où le dossier est accepté, revient au pays qui accepte de recevoir ces gens (frais médicaux, de transport et de réintégration). Ces pays sont très généreux, les Etats-Unis en tête. Malgré toutes les crises auxquelles le monde est confronté, les Etats-Unis reçoivent chaque année des milliers d'individus qui viennent d'origines divers. L'intégration locale, qu'est-ce que c'est?
Comme partout, c'est le fait de ne pas être aidé à titre particulier parce qu'on est étranger ou réfugié. S'il y a une prise en charge, elle doit être communautaire. Par exemple, les réfugiés n'auront plus leurs écoles en langue anglaise. Ils doivent aller dans les écoles ivoiriennes, comme tous les Ivoiriens. Ils bénéficieront du même soutien que tous les Ivoiriens reçoivent. Ils seront contraints au même règlement que tous les élèves, tous les enfants ivoiriens. On n'aura pas des cliniques, un service de santé spécifique pour les réfugiés. Ceux qui restent en Côte d'Ivoire iront dans les cliniques et hôpitaux ivoiriens et le HCR canalisera son assistance aux structures locales. Tout récemment, nous avons apporté une assistance de 70 millions de francs sous forme de médicaments, d'ambulances, aux hôpitaux de Guiglo, Toulepleu, Tabou et de Grabo, justement parce que ces hôpitaux, désormais, reçoivent les Libériens. Il faut aider ces structures sanitaires à subvenir aux besoins additionnels que les Libériens constituent pour elles.
Que pensez-vous de l'Accord de Ouagadougou par lequel tout le monde jure aujourd'hui dans la perspective du retour définitif de la paix en Côte d'Ivoire?
Seul Dieu sait l'avenir. Mais je dois dire qu'il y a plusieurs mérites à l'Accord de Ouagadougou. C'est un accord conçu, développé et mis en ?uvre par les Ivoiriens. Il faut saluer le fait que les Ivoiriens sont arrivés à se mettre d'accord sur le fait que la solution à la crise doit partir d'eux-mêmes. Cet accord, malgré les difficultés, malgré l'attentat maléfique et horrifique perpétré contre le Premier ministre, a quand même eu des avancées. Certains estiment que ces avancées sont symboliques, mais vous savez, dans la vie, les symboles sont importants. Le symbole forge la mentalité des gens. La cérémonie de la Flamme de la paix a donné des espoirs aux Ivoiriens. Les Ivoiriens, qu'ils soient du Nord, de l'Est, de l'Ouest ou du Sud, sont arrivés à la conclusion qu'il faut tourner la page de la crise. Je suis conscient des difficultés, mais je reste optimiste. Je le suis parce qu'il y a non seulement un réel désir des Ivoiriens de tourner la page, mais il y a aussi un réel désir des pays de la sous-région. Leur stabilité dépend de celle de la Côte d'Ivoire. C'est vrai que le chemin sera long, mais je suis confiant.

Interview réalisée par
Elvis Kodjo

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023