mardi 11 septembre 2007 par Le Front

Le secrétaire général du parti pour le Progrès et le socialisme (PPS), dans l'interview qui suit, parle de son parti et du processus de sortie de crise. Pour Kacou Mathias de Vigny, les élections ne peuvent se tenir en mars 2008 comme initialement prévu. C'est pourquoi, le Sg du PPS propose 2010 qui semble une date raisonnable pour des élections claires et transparentes.


Après la tournée que vous avez effectuée dans le Djiboua au mois de juin dernier, suivie d'un meeting à Divo, le PPS, votre parti, semble endormi, puisqu'on ne vous entend presque pas depuis.

Nous vous remercions pour l'opportunité que vous nous offrez pour parler de notre parti. Lorsque nous prenions en main, les destinées du PPS, nous avions un objectif majeur. En faire un parti national, bien implanté, avec des sections installées un peu partout sur l'étendue du territoire national. Vous nous avez suivis. Nous avons couvert Abidjan. Nous nous sommes rendus dans la région des lacs où nous avons pu installer cinq (5) sections à Toumodi et Yamoussoukro. Nous sommes ensuite passés à Grand-Lahou, Dabou, Tiassalé et dans l'Agnéby, et plus précisément à Adzopé. Comme nous savons que tout parti doit avoir une base solide, nous avons pris le Bas-Sassandra comme notre base. Nous avons ainsi fait de Divo, Lakota, Hiré, Fresco, Guitry, notre base. Car, à la vérité, le PPS n'avait pas de base. Pour répondre à votre question, je dirais que le PPS ne dort pas comme on le dit couramment. Seulement, vous devez savoir que nous étions en pleine rentrée politique quand est intervenu l'attentat contre le Premier ministre. Vous le savez aussi bien que moi, le malheureux évènement a, à lui seul, paralysé tout le mois de juillet. Tout était consacré à cela. Mais aussi aux préparatifs de la flamme de la paix que nous avions souhaitée de tous nos v?ux. Après ces deux évènements majeurs, nous avons poursuivi la réactivation de nos bases. Mais là, nous avons opté pour ce que moi j'appelle le silence efficace. Sinon, nous continuons de remobiliser nos militants en prélude aux audiences foraines, loin des regards des journalistes. Vous convenez avec moi que ce n'est pas à tout moment qu'on fait du bruit autour de ce qu'on fait.

On le remarque, tous les partis politiques, notamment ceux de l'opposition et du pouvoir, investissent le terrain, c'est-à-dire l'intérieur du pays, à l'approche des élections. Allez-vous abonder dans le même sens ?

Nous apprécions à sa juste valeur l'engagement des partis à aller vers leurs militants. C'est vrai, pour nous, la priorité, c'était d'avoir des sections. Maintenant que c'est fait, nous irons vers nos militants pour les sensibiliser aux audiences foraines puis aux élections crédibles que le Premier ministre entend organiser.

Justement, pour ces élections dont vous parliez à l'instant, l'échéance de mars 2008 peut-elle, selon vous, être respectée ?

Pour parler comme l'autre, je voudrais vous faire savoir que le PPS ne veut pas s'inscrire dans le fétichisme des dates. Nous sommes sans ignorer que cette crise est certes identitaire, mais également une crise de contentieux électoral. Et nous ne voulons plus retomber dans les mêmes travers. C'est pourquoi, nous pensons sincèrement qu'il faut créer les conditions d'élections incontestables. Pour que celui qui gagne, puisse avoir la caution des perdants. Nous n'accepterons pas qu'à travers des élections vite, vite, vite, pour parler comme l'autre, que la victoire soit volée à la majorité. Parce que vous devez le comprendre, dans des conditions d'élections précipitées, les tenants du pouvoir actuel n'accepteront jamais de perdre les élections. Parce qu'il y va de leur survie. L'essentiel pour eux, c'est que tous ceux qui l'auront voulu, aient leur candidature retenue. Elections calamiteuses ou pas, ils diront qu'ils ont gagné. Et là, il ne faudra pas compter avec la communauté internationale, pour intervenir. Sans une armée intégrée, Gbagbo pourra se proclamer président à partir d'un Etat d'urgence. De l'autre côté, l'opposition n'acceptera pas non plus qu'on lui vole sa victoire. Et dans ce cas, ce sera encore le chaos, le perpétuel recommencement. C'est pourquoi, lors de notre rentrée politique le 30 juin dernier, nous avons proposé qu'on laisse le Premier ministre créer les conditions d'élections crédibles. C'est pourquoi, le Premier ministre a besoin du soutien de tous les Ivoiriens, épris de paix et de justice. Les pressions inutiles ne pourront pas lui permettre de travailler à cela, à tête reposée.
C'est justement pour cette raison que nous, au PPS, nous sommes pour que ces élections aient lieu en 2010, parce que Gbagbo aura ainsi terminé ses deux (2) mandats. Les deux que la constitution lui permet. Je crois qu'il est nécessaire de lancer ce débat. Puisque quand la guerre a commencé, Gbagbo a toujours déclaré que tant qu'il n'aura pas fini son mandat, il ne laisserait pas le pouvoir à quiconque.

Vous parliez tantôt d'élections crédibles. Mais avec la suppression du poste de Haut représentant aux élections par l'Onu, pensez-vous que les élections à venir peuvent être crédibles ?

Je crois que le poste de HRE de l'Onu était très important dans la mesure où son implication dans le jeu électoral évite toute contestation à l'issue des élections. Car, sachez que la crise que nous vivons, est aussi la conséquence de la dépendance de la justice ivoirienne vis-à-vis du pouvoir. Si Tia Koné avait été indépendant, s'il avait respecté la séparation des pouvoirs, et s'il n'avait pas injustement éliminé des candidatures, la Côte d'Ivoire n'aurait pas sombré dans le chaos. C'est pourquoi nous regrettons que la communauté internationale n'ait pas pu tirer les conséquences de ce qui s'est passé en 2000, et a décidé de supprimer ce poste aussi important que le HRE qui compte beaucoup dans l'organisation d'élections transparentes. On nous parlera certainement de souveraineté. Mais, il est aussi bon de savoir qu'en 2000, la Côte d'Ivoire était souveraine. Malgré sa souveraineté, elle a été incapable d'organiser des élections propres. La suite, on la connaît. Impliquer la communauté internationale dans l'organisation d'élections crédibles n'est en rien, synonyme de violation de la souveraineté d'un Etat. L'Onu qui s'est impliquée depuis le début de cette crise, n'a pas intérêt à se retirer du processus électoral. Les Ivoiriens, avouons-le, ont soif de paix. L'Onu doit les aider à cela.

Mais si les élections ne se déroulent pas en mai 2008, pensez-vous que la donne politique pourrait changer ?

Franchement, tous ceux qui parlent d'élections en mars 2008, savent qu'elles ne peuvent pas se tenir à cette date. Alors, pourquoi ne pas s'atteler dès cet instant, à créer les conditions d'une réelle sortie de crise ? Mais rassurez-vous, si les élections n'ont pas lieu à cette date, il n'y aura rien de périlleux. La communauté internationale ne viendra pas imposer non plus des dates aux Ivoiriens. Au PPS, nous savons que mars 2008 sera impossible. Et il faut commencer à préparer les Ivoiriens à l'accepter comme tel. Combien de temps avons-nous pour organiser les audiences foraines et l'identification ? Que dire des listes électorales ? Trois mois ne suffisent pas. Les milices foisonnent, en armes. Il y a tout cela à régler. Sans compter les petits blocages techniques qui peuvent surgir à tout moment. En tout état de cause, 2008 est pour nous une date utopique.

Vous prenez le contre-pied du facilitateur ?

Non. Le facilitateur exhorte les parties au conflit au respect de leurs engagements. Mais quand on nous dit qu'à Ouaga, la question des grades a été résolue et qu'ici à Abidjan, ça pose problème, Blaise Compaoré n'y peut rien. Il est pourtant nécessaire d'en finir avec cette affaire de grades. Puisqu'il faut sécuriser les élections, les campagnes partout où les militants réclameront leurs candidats. Tout cela ne sera possible qu'avec la réunification de l'armée. Dans les jours à venir, le PPS va prendre des initiatives dans ce sens. Nous irons rencontrer des ambassadeurs par exemple, à qui nous ferons des propositions. Au nombre de celles-ci, il y a le soutien que la communauté internationale doit apporter au Premier ministre pour la réussite de sa mission de sortie de crise.

Qu'avez-vous à dire aux Ivoiriens, pour terminer ?

Le PPS est en marche. Dans le V baoulé, nous avons été invités par nos militants. Nous irons installer les sections. Après, nous organiserons un grand rassemblement au cours duquel nous donnerons des mots d'ordre clairs et circonstanciels, par exemple, la libération de la Rti, prise en otage par le Fpi.



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