mardi 11 septembre 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Même si tu n'aimes pas le lièvre il faut reconnaître qu'il court vite dit-on en Afrique. A Paris, et plus précisément à l'Elysée, il semble que l'on ait intégré, et bien intégré, cette réalité s'agissant du chef de l'Etat ivoirien, infréquentable sous Jacques Chirac.
Le TSG ("Tous Sauf Gbagbo") en vigueur pendant la présidence du plus célèbre des Corréziens, fait désormais place au GFM (" Gbagbo faute de mieux "). Parce que Nicolas Sarkozy et ses collaborateurs sont convaincus que Laurent Gbagbo, dans le contexte actuel est imbattable à une élection transparente : une élection à laquelle seuls les Ivoiriens régulièrement inscrits participent. Dans sa livraison du 9 septembre 2007, l'hebdomadaire Jeune Afrique effleure le sujet. Et annonce même qu'à défaut d'une visite en règle du président ivoirien à son homologue français, ou d'un hypothétique séjour de l'actuel locataire de l'Elysée au bord de la lagune Ebrié, les deux hommes pourraient se rencontrer fin septembre à New-York, en marge de l'assemblée générale des Nations-Unies. Et poursuivre alors la conversation entamée début août 2007 à l'occasion du coup de fil de Sarkozy à Gbagbo. Mais à la vérité, si ce n'était une ruse politique, la France serait la dernière de la classe à savoir que Laurent Gbagbo sauf un fâcheux accident de parcours, passera haut les mains le prochain test présidentiel. Plusieurs données accréditent cette thèse de la prochaine victoire de l'homme fort d'Abidjan. Le moins attentif des observateurs, a dû remarquer que depuis quelques semaines, c'est par milliers et par centaines qu'on dénombre les militants politiques qui tournent casaque au bénéfice du FPI, le parti présidentiel. Ils sont généralement issus des zones initialement acquises à des partis comme le PDCI ou le RDR. Pour nombre d'analystes, ces multiples retournements soyeux de veste et ces nombreux revirements populaires tiennent moins à l'originalité et au caractère séduisant de programme de gouvernement du FPI, qu'au charisme personnel du chef de l'Etat ivoirien, qu'au courage politique de celui-ci. Même ses anciens contempteurs ne tarissent pas d'éloges à son endroit. En effet, dans l'opinion publique ivoirienne, Laurent Gbagbo aura réussi avec brio à se faire passer pour un martyr : l'éternel opposant qu'il a été, une fois parvenu au pouvoir (et comment !) est injustement combattu par une rébellion aussi incohérente dans son argumentaire que dans sa démarche politique. Le peuple ne pouvait que se prendre de commisération et d'admiration pour un tel homme. Surtout quand cet homme fait face, presque tout seul, à une conspiration internationale destinée à le dépouiller du peu de pouvoir qui lui reste après qu'il ait, par un chantage honteux, cédé presque tout, à Linas Marcoussis. Surtout quand cet homme réussit à se conférer une image d'homme de paix en se positionnant comme le principal instigateur du dialogue direct, avec non pas des adversaires, mais des ennemis (prend-on des armes de guerre contre un adversaire ?). Surtout enfin, en démontrant par ses actes, qu'il est, en fait plus houphouëtiste que ceux qui le proclament. Ainsi que le Professeur Mamadou Koulibaly l'expliquait le week-end dernier à Aboisso. La même analyse, à quelques nuances près sans doute, est faite à l'Elysée où selon Jeune Afrique, l'on se dit que "mieux vaut un bon compromis qu'une exigence de transparence absolue, génératrice de blocage et de violences". Il n'est donc pas exclu que dans les prochains jours, Guillaume Soro, Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara soient invités par Paris à revoir leurs prétentions électorales.
Jacques Mian

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